Joseph Stiglitz, prix Nobel d’économie 2001, ancien vice-président de la Banque Mondiale (dont il a démissionné, dénonçant déjà ceux qu’il appelait les “fondamentalistes du marché“), est apparu comme un précurseur en annonçant dès 2003 la crise du capitalisme financier – il publiait alors “Quand le capitalisme perd la tête” (Fayard).
Cet économiste majeur a été invité conjointement par le Forum Social de Bombay (altermondialiste) puis le Forum Economique Mondial de Davos – où se retrouvent les plus grands dirigeants d’entreprise et leaders politiques.
Dans ce documentaire sur les dangers et les perspectives de la mondialisation, Joseph Stiglitz, ancien conseiller du président Bill Clinton, présente différentes situations pour montrer qu’une autre mondialisation est possible.
Du Botswana à l’Équateur, d’Inde aux États-Unis en passant par la Chine, Joseph Stiglitz et ses interlocuteurs – le président de l’Équateur Rafael Correa, l’ancien président du Botswana, des ouvriers de l’industrie pétrolière, des bushmen, des paysans indiens en colère, les ouvriers licenciés du secteur automobile – mettent en lumière certains des paradoxes qui régissent le monde d’aujourd’hui et s’interrogent : comment faire pour que la mondialisation soit bénéfique à tous les pays ?
Joseph E. Stiglitz, souvent cité et pris en comme référence par des altermondialistes considère que mondialisation de l’économie offre une véritable chance aux pays du Sud, à condition d’être encadrée par des instances internationales démocratiques, avec des règles du jeu respectées par tous.
Cette question se pose aujourd’hui au sein du FMI lorsque l’on sait que la Belgique détient deux fois plus de droits de vote que le Brésil.
La période des années quatre vingts avec les reaganomics était sous le signe de la “privatisation-fusion” et de la dérèglementation.
Cela n’a pas apporté d’avantages aux populations, même si l’on peut considérer que les profits réalisés ont été reéinjectés dans l’économie.
Avec la crise de 2008, la revendication est de plus de puissance publique, plus d’intervention de de l’État, de plus de règles.
Pour Stiglitz, l’Europe devrait trouver en elle même les moyens de la relace sans forcément rester à la remorque d’une reprise américaine. Celle -ci serait forcément fragile; au vu de la dette et des déficits publics accumulés. Pourtant, à la fin du premier semestre 2009, des indicateurs économiques aux États-Unis repassent au vert.
Avec la tenue du G20, il semblerait que les gouvernements qui sont conscients des dangers potentiels que représentent des marchés échappant à tout contrôle, les attaques portées à l’environnement et les limites du libre-échange, aient abordés au moins partiellement certaines solutions préconisées par l’économiste. Celles-ci sont toutefois limitées par des contraintes difficiles à lever. La nécessité de financer par l’impôt des plans de relances pèse essentiellement, dans des pays comme la France sur des classes moyennes fragilisées par la crise. ( Le tabou du bouclier fiscal en France étant à cet égard exemplaire).
Stiglitz défend le principe d’une mondialisation respectueuse de l’environnement et capable de résoudre les conflits sociaux liés au chômage, aux bas salaires, aux conditions de travail… Il montre un optimisme évident pour des pays comme la Chine et l’Inde – qui ont réussi à tirer parti à leur avantage de la mondialisation et dont les conditions de vie de la population se sont améliorées. Cela n’est pourtant qu’une moyenne car des inégalités sociales majeures se creusent. Pourtant la Chine envisage aujourd’hui de doter la population d’un système de retraite et de santé. Elle intègre aujourd’hui des préoccupations environnementales après les avoir longtemps négligées. Si cela est vrai au niveau des intentions, on est parfois loin du compte pour les réalisations.
Un chapitre tout à fait utile est consacré aux ressources naturelles, qualifiées de malédictions, en raison des « facilités » qu’elles procurent à des gouvernements peu compétents et corrompus. De plus les compagnies qui s’assurent la maîtrise de ces ressources en profitent largement, souvent au détriment des populations.
Il est évident ici que les postulats libéraux en prennent un sacré coup et que la main invisible marché (dont le prix Nobel met l’existence en cause) ne règle pas, loin de là, tous les problèmes.
Ce documentaire n’est pas évident à utiliser en classe. Il pourrait cependant servir en classes de terminale économique mais en association pluridisciplinaire, ne serait-ce que pour en partager le temps du visionnage. Ensuite, certaines séquences comme les conséquences de la crise dans l’automobile aux États-Unis, le chapitre du DVD sur la stratégie de développement de la Chine, peuvent apporter des éléments éclairants que les élèves pouraient réinvestir dans leurs copies.
Bruno Modica © Clionautes