La revue « Chroniques d’Histoire Maçonnique »

La revue « Chroniques d’Histoire Maçonnique » – ou CHM pour les initiés – (publiée depuis 1982) est désormais présentée par le service de presse de l’association Les Clionautes, dans le cadre de la rubrique La Cliothèque. Cette revue réunit des travaux de chercheurs français (pour la plupart) sur les évolutions historiques de la Franc-Maçonnerie française, liée à la plus importante obédience française : c’est-à-dire le Grand Orient De France ou GODF. L’abonnement annuel à la revue Chroniques d’histoire maçonnique comprend 2 publications par an (Hiver-Printemps et Été-Automne) expédiées en décembre et juin. Cette revue est réalisée avec le concours de l’IDERM (Institut d’Études et de Recherches Maçonniques) et du Service Bibliothèque-archives-musée de l’obédience du Grand Orient De France (GODF). L’éditeur délégué est Conform Edition.   

« Chroniques d’Histoire Maçonniques » n° 84 (Été-Automne 2019) : La franc-maçonnerie de l’entre-deux-guerres. Ce numéro est composé de l’habituel avant-propos du Comité de rédaction, d’un dossier comportant 3 articles et de 2 portraits de francs-maçons français. Cette parution ne comporte donc pas les rubriques habituelles : Études et Documents. Cependant, avec ce numéro 84 (second et dernier numéro de l’année 2019), les CHM renouent ici avec la publication des rubriques Dossier, Portraits et Sources. Le premier article est rédigé par Jean-Yves Guengant : Jules Le Gall, anarchiste et franc-maçon (1881-1944). Après cet article, le deuxième des CHM est consacré à Janusz Korczak franc-maçon par François Debrowolska et, le troisième, Franco, les Juifs et les francs-maçons (1936-1945) par Javier Dominguez Arribas. Le numéro s’achève par deux portraits consacrés aux personnages suivants : Le marquis de Bricqueville, aristocrate et franc-maçon de Bayeux au siècle des Lumières par Georges Guarinos et à Ange Guépin ou la pratique de la Vertu : Itinéraire d’un franc-maçon (1867-1873) par Jean-Yves Guengant. Enfin, un sixième et dernier article écrit par Éric Saunier est consacré au phénomène sur Les égodocuments et la sociabilité maçonnique : Les Souvenirs coloniaux de Pierre-Philippe Urbain Thomas.

DOSSIER : La franc-maçonnerie de l’entre-deux-guerres

Prise entre les deux périodes de l’histoire de la franc-maçonnerie très étudiées que sont les années de la « République radicale » (1895-1914) durant laquelle celle-ci fut politiquement la plus influente et celle de l’Occupation (1940-1944), l’entre-deux-guerres (1919-1940) est encore, malgré les profondes transformations qui touchèrent la sociabilité des loges durant ces vingt années, l’objet d’une attention insuffisante de la part des chercheurs. C’est la raison pour laquelle elle constitue le dossier, autour de l’évocation des figures du militant anarchiste et vénérable de la loge Les Amis de Sully Jules Le Gall et de l’écrivain, pédagogue et pédiatre Janusz Korczak d’une part, puis de l’étude des relations entre Franco et les francs-maçons, d’autre part.

. Jules Le Gall, anarchiste et franc-maçon (1881-1944) (Jean-Yves Guengant) : pp. 6-33

Le premier article est rédigé par Jean-Yves Guengant qui, pour marquer le 75e anniversaire de la mort de Jules Le Gall (1944) – militant anarchiste et vénérable de la loge des Amis de Sully (Orient de Brest, Grand Orient de France) -, lui a consacré un ouvrage (publié en mars 2019, aux éditions Goater de Rennes) « Nous ferons la grève générale ». L’auteur a voulu comprendre sa destinée, de sa naissance dans un quartier populaire de Brest en décembre 1881 à sa mort au ravier du camp de Buchenwald en juin 1944, et au fur et à mesure, élargir le champ en découvrant les réseaux, familial, professionnel et militant. Il s’agissait de décrire un groupe libertaire, qui à travers le syndicalisme et la construction d’une Maison du Peuple de Brest, a mené des luttes pour un monde meilleur. Jean-Yves Guengant s’est attaché à expliquer et décrire son engagement en franc-maçonnerie et à réinsérer son parcours maçonnique au cœur même de son militantisme libertaire. Les trente premières années de la vie de Jules Le Gall (1881-1911) ont été caractérisées par la pauvreté et l’urgence : pauvreté subie par Jules Le Gall, apprenti puis ouvrier de l’arsenal de Brest qui fait vivre également sa mère et sa grand-mère – urgence de survivre, urgence de combattre. Exclu de l’arsenal, devenu libraire, Jules Le Gall réinvestit le champ politique en organisant un groupe anarchiste sur Brest. Âgé de trente ans et engagé dans le mouvement syndical depuis une dizaine d’années, Jules Le Gall a franchi très rapidement les échelons de la CGT, structure encore neuve, de 1911 à 1921. Ensuite, Jules Le Gall adhère à la franc-maçonnerie, en janvier 1921 (soit à 40 ans), en devenant apprenti dans sa loge-mère Les Amis de Sully. Il devient vite compagnon (mars 1922) puis maître en novembre 1922. De 1922 à 1925, il devient orateur de sa loge puis est vénérable de 1930 à 1939.

. Janusz Korczak franc-maçon (François Debrowolska) : pp. 34-42

Le deuxième article (écrit par François Debrowolska) est consacré à Janusz Korczak (22 juillet 1878 – 5 août 1942) qui est surtout connu comme pédiatre, pédagogue et écrivain polonais ainsi que par sa mort tragique avec les 200 enfants du ghetto de Varsovie qu’il a accompagné jusqu’au bout, soit le camp d’extermination de Treblinka. En revanche, son engagement maçonnique au sein de l’obédience du Droit Humain est en général ignoré. Il faut dire que, comme les archives maçonniques polonaises de l’entre-deux-guerres, tous les documents qui l’attestaient ont disparu. Mais plusieurs témoignages permettent d’établir son appartenance à la Loge Étoile de Mer à l’Orient de Varsovie (1926-1938). Janusz Korczak apparaît comme un homme aux multiples facettes et à l’identité plurielle. Il est à la fois « juif, polonais et franc-maçon », « pédiatre, éducateur et écrivain », « professeur, journaliste, homme de radio ». Sa mort en héros a bien légitimement suscité une sorte de légende qui a finalement recouvert « l’homme réel et vivant » comme l’a écrit un de ses anciens disciples, le professeur Alexandre Lewin. En 2015, l’Université de Wroclaw a proposé un cours intitulé « Janusz Korczak vie et action, légende et vérité ».

Janusz Korczak nait à Varsovie, en 1878, dans une famille bourgeoise (gouvernante française et cuisinière polonaise) où le père est avocat et la Pologne sous domination russe. En 1896, son père meurt des suites d’une maladie mentale et le jeune homme de 22 ans doit subvenir aux besoins de sa famille en donnant des leçons particulières dans les familles riches. Sa vocation se dessine peu à peu en décidant de devenir médecin pour soigner le corps et éducateur pour soigner l’âme. Devenu médecin en 1905 (à l’âge de 27 ans), il est affecté en Mandchourie, lors de la guerre russo-japonaise de 1905. De retour en Pologne, petit à petit, il cesse d’exercer la médecine avec régularité car il préfère donner la priorité à l’enseignement et à l’éducation pour essayer d’améliorer la société. En 1912, à 34 ans, il ouvre « La Maison de l’orphelin » pour les enfants juifs de Varsovie qu’il dirige avec une femme. En 1919, il inaugure un deuxième orphelinat « Notre maison » pour les enfants catholiques qui est dirigé par une autre disciple, rencontrée à Kiev. Tout au long de ces années, Janusz Korczak jouit d’une reconnaissance qui s’élargit à toutes les sphères de la société polonaise. En 1927, à 49 ans, il est nommé expert pour les problèmes d’enfants auprès des tribunaux. Janusz Korczak a probablement été initié en 1926 (c’est-à-dire à 48 ans) dans la Loge Étoile de Mer à l’Orient de Varsovie (1926-1938), au sein de l’obédience du Droit Humain (DH) et est resté en franc-maçonnerie jusqu’à l’interdiction des Loges, en novembre 1938, soit jusqu’à ses 60 ans. En résumé, il a « maçonné » activement pendant 12 ans. Quand la deuxième Guerre mondiale éclate, Janusz Korczak prend la décision de rester auprès des enfants juifs de « La Maison de l’orphelin », jusqu’au 4 août 1942, où les 200 enfants et leurs 4 éducateurs (dont Korczak) sont envoyés au camp d’extermination de Treblinka, pour y être tous gazés.

. Franco, les Juifs et les francs-maçons (1936-1945) (Javier Dominguez Arribas) : p. 43-53

Le troisième article (rédigé par Javier Dominguez Arribas) raconte le rapport du dictateur Franco envers les Juifs et les francs-maçons espagnols. Entre le début de la guerre civile espagnole (1936-1939) et la fin de la Seconde Guerre mondiale (1939-1945), Juifs et francs-maçons furent présentés par la propagande franquiste comme deux forces intimement liées qui conspiraient inlassablement contre l’Espagne. Ils étaient même considérés, à côté des forces de gauche, comme les responsables de tous les maux dont soufflait le pays. Tandis que les « rouges » étaient un adversaire évident et important, les francs-maçons espagnols n’étaient que quelque 5000 en 1936 et leur influence dans les affaires publiques espagnoles était limitée, au moins en tant qu’organisation (une autre question est celle de l’influence individuelle de certains maçons, en particulier). Toutefois, le sort qui leur était réservé fut le même que celui subi par les « communistes », à savoir une persécution implacable. Le cas des Juifs est encore plus surprenant. La propagande antisémite des premières années du franquisme avait lieu dans un pays où les Juifs, depuis leur expulsion par les Rois catholiques en 1492, étaient devenus pratiquement inexistants. En outre, la plupart de ceux qui appartenaient en 1936 aux petites communautés juives péninsulaires étaient très récemment arrivés, en provenance, notamment, de l’Allemagne de Hitler. Leur nombre (impossible à préciser) pourrait avoir été d’environ 6000, en 1936. Malgré la virulence de la rhétorique contre les Juifs, le régime ne mena pas une politique systématiquement discriminatoire à leur égard. Et surtout, le gouvernement franquiste ne facilita pas la persécution antisémite nazie pendant la Seconde Guerre mondiale. Quelques diplomates espagnols ont même protégé des Juifs en danger. En somme, il faut se demander pourquoi deux groupes si minoritaires, si différents et si différemment traités par le régime ont été présentés conjointement par la propagande officielle comme l’ennemi judéo-­maçonnique qu’il fallait combattre. Il faut se demander aussi quelles étaient les fonctions de la propagande franquiste sur les Juifs et les francs-maçons.

Afin de respecter la logique propre aux discours du franquisme, une analyse conjointe des représentations des Juifs et des francs-maçons s’est avérée nécessaire, car les références antisémites et antimaçonniques apparaissaient le plus souvent étroitement mêlées dans la propagande du régime. Ensuite, ce travail s’est fondé pour l’essentiel sur l’analyse croisée de deux types de sources. D’une part, les sources imprimées qui ont permis la diffusion de la propagande antisémite et antimaçonnique, notamment la presse et l’ensemble d’ouvrages consacrés à la dénonciation des manigances des Juifs et des francs-maçons. D’autre part, diverses sources d’archives permettant de connaître les liens précis entre l’organisation de la propagande franquiste et la création des discours anti-judéo-maçonniques. Le travail de recherche résultant a été publié en espagnol et en français, sous le titre L’ennemi judéo­-maçonnique dans la propagande franquiste (1936-1945), en 2016, par les éditions Honoré Champion.

PORTRAITS :

Faisant suite au dossier, ces deux portraits font référence au travail de recherche actuel mené par nombre de francs-maçons dans leurs ateliers qui ont été invités à présenter quelques-unes de ces figures d’initiés (célèbres ou obscures) dont ils se sont évertués à restituer l’identité ou l’implication dans la Cité. C’est dans cette perspective que doivent être lues les pages que consacrent Georges Guarinos et Jean-Yves Guengant aux carrières maçonniques de deux francs-maçons provinciaux : le marquis de Bricqueville et le docteur Ange Guépin.

. Le marquis de Bricqueville, aristocrate et franc-maçon de Bayeux (1730-1786) au siècle des Lumières (Georges Guarinos) : p. 54-68

Ce quatrième article (écrit par Georges Guarinos). Dans le cadre d’une étude sur la franc-maçonnerie à Bayeux au XVIIIe siècle, se détache un personnage à la fois important mais en même temps énigmatique : le marquis de Bricqueville, officier supérieur des armées de la Couronne de France, maître de loge, officier de la Grande Loge de France et grand officier d’honneur du Grand Orient de France. Cet aristocrate de la noblesse d’épée, dénommé de Bricqueville, appartenant à une ancienne famille de la noblesse française originaire de Normandie, est le fondateur de la première loge maçonnique de Bayeux, Les Cœurs Unis par Excellence, en 1760.

Henri François, marquis de Bricqueville, est né à Paris en septembre 1730 et décédé également à Paris, en janvier 1786, soit à l’âge de 56 ans. Selon son dossier militaire, le marquis de Bricqueville a suivi le cursus d’un noble de haut lignage, voué par sa naissance à l’art militaire en entrant jeune (à l’âge de 16 ans) comme cadet dans un des régiments de la maison du roi, Louis XV. En 1784, à 54 ans, il est nommé lieutenant-général des armées (équivalent de l’actuel chef d’état-major de l’Armée de terre. Par le mariage de ses parents, Henri François de Bricqueville a pu recevoir un héritage relationnel particulièrement influent et une fortune conséquente ; sa mère lui apportant en outre dans sa dot, à Paris, l’ancien hôtel de Bailleul (2, rue Braque) où il naquit, vécut et décéda. Henri François de Bricqueville confortera aussi sa position aristocratique, tout d’abord en servant très jeune, auprès de la maison du roi, comme mousquetaire, puis comme officier d’infanterie du roi (capitaine à 17 ans, colonel à 19 ans de son propre régiment). Cette proximité avec la famille royale est réelle car c’est en présence du roi Louis XV et de la famille royale, au château de Versailles, que le contrat de mariage est établi, en 1749, avec la fille du premier président du Parlement de Normandie. C’est vraisemblablement dans le cadre de cette communauté aristocratique qu’il accèdera à la franc-maçonnerie, en fondant en 1760 sa propre loge Les Cœurs Unis par Excellence à Bayeux, lieu d’une de ses résidences en province, avec le château d’Isigny acquis en 1770 et son hôtel particulier à Bayeux, construit autour de 1780. Le maître de loge Henri François de Bricqueville semble jouir d’une certaine influence auprès des instances maçonniques, tant nationales que locales.

. Ange Guépin ou la pratique de la Vertu : Itinéraire d’un franc-maçon (1867-1873) : (Jean-Yves Guengant) : p. 69-82

Ce cinquième article (rédigé par Jean-Yves Guengant) est consacré à Ange Guépin, figure importante du socialisme naissant, au XIXe siècle. Originaire de Pontivy, où il nait en 1805, il fait partie d’une génération bretonne, où se croisent Charles Lucas, Charles Pellarin ou Émile Souvestre, un ami très proche : une génération née avec l’Empire, qui s’affirme sous la Restauration par la découverte du Saint-Simonisme puis du Fouriérisme.

Établi comme « médecin oculiste » à Nantes, il acquiert une réputation extraordinaire, à la fois comme médecin (il est l’un des premiers à pratiquer l’opération de la cataracte, sans aucune anesthésie !) et comme bienfaiteur des pauvres, pour lesquels il fonde un dispensaire. Républicain, il s’engage dans la politique locale et commence à publier des écrits sur le socialisme et l’économie sociale, dont il est l’un des premiers concepteurs. Son engagement républicain est constant, et après la révolution de février 1848, il est nommé commissaire de la République en Loire-inférieure (actuelle Loire-Atlantique). Partisan de l’économie mutualiste, il participe en 1849 à la fondation de deux associations nantaises l’Association des Travailleurs de Nantes, et la Société fraternelle universelle. L’Association des Travailleurs de Nantes crée une boulangerie sociétaire, un projet porté par les Phalanstériens, défenseurs des théories de Charles Fourier.

Ange Guépin devient franc-maçon tardivement. Il est initié le 20 février 1867 à la loge Mars et les Arts, au Grand Orient de France, Orient de Nantes. Il a 62 ans. Il gravit alors rapidement les échelons du parcours maçonnique ; Vénérable de son atelier en 1869, élu par le Convent (l’assemblée législative du Grand Orient) au Conseil de l’Ordre, la même année (1869). La guerre de 1870 puis la Commune de Paris vont ébranler les loges du GODF car celles de province reste très majoritairement favorable au gouvernement de défense nationale de Thiers alors qu’une partie de la franc-maçonnerie parisienne bascule du côté des insurgés de la Commune. Guépin va faire partie du courant qui soutiendra les Communards mais, néanmoins, il est réélu au conseil de l’Ordre, au titre de l’aile gauche. L’atelier nantais souffre rapidement de l’éloignement d’Ange Guépin, accaparé par ses fonctions politiques et sa charge de membre du Conseil de l’Ordre. Les dissensions internes et l’ordre moral qui s’impose en France entraînent la mise en sommeil de Mars et les Arts, après la mort de Guépin en 1873.

SOURCES :

Le numéro s’achève sur une publication de la rubrique Sources dont la nature rappelle l’importance qu’il convient d’accorder à l’exploitation des égodocuments dans le champ de la connaissance de l’histoire de la franc-maçonnerie par la description de la sociabilité maçonnique à Bourbon (le nom de l’Ile de La Réunion sous l’Ancien Régime).

. Les égodocuments et la sociabilité maçonnique : Les Souvenirs coloniaux de Pierre-Philippe Urbain Thomas (Éric Saunier) : p. 83-87

Le sixième et dernier article de ce numéro 84 est écrit par Éric Saunier qui présente l’auteur de cet égodocument maçonnique, Pierre-Philippe Urbain Thomas (1776-1854), administrateur de la marine, né le 10 septembre 1776 au Havre, dans une famille de marins. Fils unique d’un capitaine de navire, Pierre Antoine Thomas, il reprend une tradition maritime familiale, mais choisit la carrière administrative en devenant commis de la marine, le 1er janvier 1793. En 1798, il saisit l’occasion du départ de l’expédition d’Égypte pour commencer à voyager, pendant 30 ans, jusqu’à son retour de Bourbon où il fut le n° 2 de la colonie de 1817 à 1825, date de son retour au Havre, avant un départ pour Paris où il vit jusqu’ en 1834. Revenu définitivement en Normandie, il s’installe à Honfleur en 1836, où il vit jusqu’à sa mort en 1854, après avoir été bibliothécaire de la ville et secrétaire archiviste de la chambre de commerce. Auteur de nombreux ouvrages, dont un Essai statistique de la Réunion qui fut récompensé par l’attribution du Prix Montyon par l’Académie des Sciences, il écrit un texte de mémoires inédit, les Souvenirs d’un vieillard, entre 1830 et 1852, dans lequel il consacre la plus longue partie aux souvenirs des années passées à l’île Bourbon comme ordonnateur : les Souvenirs coloniaux. C’est dans ce texte que l’administrateur de la marine, déjà initié à la maçonnerie lorsqu’il était à Brest sous le Consulat, commence à relater la vie de la sociabilité maçonnique à Bourbon (offrant ainsi au chercheur) un témoignage précieux des formes de la sociabilité maçonnique en milieu colonial.

© Les Clionautes (Jean-François Bérel pour la Cliothèque)