Le mois de septembre 2008 a été marqué par le lancement d’un plan mondial contre le paludisme, à l’occasion du sommet des Nations Unies sur les Objectifs du Millénaire pour le développement.
La presse (notamment le Monde 2) s’est fait l’écho de cette décision. La mise à disposition en DVD du documentaire d’Alain Tixier chez Beta Production permet de revoir le film que le réalisateur a consacré à ce fléau mondial qu’est le paludisme. Diffusé en 2007 sur Arte, ce documentaire a été primé lors du festival du film 2008 des entretiens de Bichat.
En 52 minutes, le réalisateur Alain Texier présente les tenants et les aboutissants de cette maladie. Les géographes y trouvent leur compte puisqu’il prend soin de montrer l’étendue spatiale du fléau ainsi que les caractéristiques démographiques de cette maladie. Les médecins disposent d’un support pédagogique (à grand recours d’images 3D) pour communiquer sur les moyens de transmission du parasite. L’ensemble reste accessible tout en allant assez loin dans l’explication des phénomènes. Les professeurs du secondaire (programme de terminale STG), pourraient avec profit utiliser en classe les premières minutes du film afin de fixer la géographie de la maladie et les notions essentielles.
Alain Tixier est à la fois réalisateur et scénariste. Il a jusque là piloté les émissions d’Ushuaïa de Nicolas Hulot. Il doit sortir en 2008 un long métrage, un documentaire animalier, Back to the wild. Bonobos portant sur le destin de chimpanzés.
Le paludisme est un véritable fléau puisque cette maladie touche 750 millions de personnes dans le monde et provoque 3 millions de décès par an (chez les enfants essentiellement). Le continent le plus touché est l’Afrique. L’intérêt des occidentaux pour cette maladie est proportionnel à celui qu’ils portent à la question du réchauffement climatique. La modification de la température à la surface de la planète associée à la croissance des échanges Nord – Sud pourraient modifier la géographie du paludisme. La pathologie pourrait affecter des pays du Nord jusque là épargnés.
Pour exister, le parasite a besoin de la conjonction de facteurs humains et environnementaux (présence d’eau). Une fois contaminé par un moustique porteur du parasite, l’homme malade peut contaminer un moustique sain qui viendrait à le piquer. Ce mode de contamination complique la lutte contre la maladie. De plus, le parasite, une fois entré dans l’organisme, change de forme 7 fois.
La recherche piétine. En France, l’institut Pasteur et l’IRD de Montpellier travaillent sur cette affection afin de mettre au point un vaccin. L’Hôpital Schweitzer au Gabon, financé par la fondation Bill et Melinda Gates, entretient un pôle de recherche appliquée en phase directe avec les populations contaminées. Les femmes enceintes, particulièrement vulnérables (le parasite est transmissible par le placenta), sont la principale cible.
Globalement, les laboratoires occidentaux ne consacrent pas assez de fonds à la recherche contre le paludisme. Aucun vaccin n’a encore été mis au point. Le marché est jugé trop peu rentable. Les efforts les plus importants sont faits pour mettre au point des médicaments ou un vaccin pour protéger les populations non contaminées du Nord qui sont amenées à se rendre dans les pays à risque et non des patients porteurs du parasite. Si la quinine, découverte par les Incas et appropriée par les Espagnols, a permis aux conquistadors de faire leur office en Amérique Latine, aujourd’hui, force est de constater que les moustiques sont de plus en plus résistants aux médicaments et aux insecticides. La distribution de moustiquaires imprégnées n’est pas la solution miracle à l’extension de la maladie. En réduisant le nombre de piqûres, elle protège de la contamination mais fragilise les jeunes enfants puisque leur immunité reste faible.
Comme conclut un médecin africain interviewé dans le film : « Ce n’est pas en essayant d’améliorer la bougie que l’on a inventé l’électricité ». Il reste donc beaucoup à faire si on veut combattre efficacement cette pathologie qui tue plus que le sida.
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