Depuis 2013, la revue Urbanisme a changé de maquette. Elle entend être la « Revue de référence de ceux qui font la ville, de ceux qui la pensent, de ceux qui l’étudient et plus généralement de ceux qui l’aiment. […] Plus encore que par le passé, la revue veut dépasser les frontières, accueillir des auteurs de tous horizons et appréhender les transformations des villes à l’échelle mondiale. »

Ce numéro trimestriel du printemps 2021 contient un dossier de plus de 40 pages intitulé « L’action publique revisitée par le design ? ». Pour Stéphane VINCENT, le design est plus que jamais d’actualité chez les décideurs publics et pour Valérie POUDRAY, il prend progressivement place dans l’action publique. Ses domaines d’interventions sont multiples et se sont diversifiés, en même temps qu’il devient de plus en plus accessible et compréhensible au plus grand nombre. Son intégration en France est rendue possible grâce aux évolutions de l’action publique que sont la conception de projets, l’approche territoriale et le recours à l’expérimentation. L’exemple d’un tiers-lieu et ses usages dans le Quartier Métisseur de Lamure-sur-Azergues est présenté, ainsi que le Pluv, collecteur-réservoir d’eau pluviale autonome pour jardins familiaux. Toutefois, l’architecte et urbaniste Christophe CLUNY insiste sur la nécessité d’une action « horizontale » allant de la concertation à la coconstruction des villes permettant d’engager le dialogue entre les différents acteurs. C’est le cas de la coopérative Faire-Ville à Toulouse qui est à l’origine d’habitats participatifs pour familles modestes vantés par son président, mais aussi architecte et philosophe, Stéphane GRUET. Le design concerne également les mondes ruraux. Ainsi l’École normale supérieure des arts décoratifs lance un programme de niveau post-master sur ce thème. Mais le principal défi du design est de renouveler ses approches face aux défis environnementaux et sociaux : design participatif, codesign, design public, design social ou encore design des politiques publiques. Pour l’architecte et sociologue Thomas WATKIN et la designer et urbaniste Belinda REDONDO, le design sous ses nouvelles nouvelles acceptions sociopolitiques s’engage sur la dimension participative, en convoquant plusieurs échelles. L’expérimentation fait son chemin dans les stratégies des acteurs locaux, comme dans la métropole lilloise. Enfin, l’exemple d’un nouvel « urbanisme tactique » à Barcelone est illustré par l’apparition de super-ilôts et d’axes verts dans la ville.

En-dehors de ce dossier, d’autres articles sont très intéressants. En exclusivité, Pierre GRAS propose des extraits de l’introduction de son dernier livre intitulé « Une autre Rome – Les métamorphoses d’une métropole : du « miracle italien » au chaos quotidien ? (1950-2020) ». L’espace urbain romain actuel est le résultat d’une métropolisation qui a grignoté les périphéries agricoles et rurales, induisant des changements sociétaux et de nouveaux besoins de mobilité. Un article surprenant de l’architecte et urbaniste David MANGIN, compare l’apparition de contre-terrasses sur les places de stationnement pendant la crise sanitaire du Covid-19 et le Main Street typique des westerns aux États-Unis : des villes du Far West ? L’urbaniste et économiste Jacques GRANGE se pose la question de l’avenir des territoires aéroportuaires, là aussi en lien avec la crise sanitaire du Covid-19.  Faire des territoires aéroportuaires des territoires de recomposition des circuits économiques et de nouveaux équilibres environnementaux peut être un objectif mobilisateur. Enfin Marion SYBILLIN propose un article sur la ville « palimpseste » à Mayotte. On y découvre que la fabrique actuelle de la ville mahoraise est atypique et très loin de la fabrique métropolitaine.