Dans ce livre, Christian Huetz de Lemps, professeur de géographie tropicale à l’Université Paris IV nous décrit l’histoire des îles Hawaï de la découverte par James Cook en 1778 à Barack Obama né à Hawaï et président de janvier 2009 à janvier 2017.

Ce qui est passionnant dans cet ouvrage est de voir la cohabitation entre hawaïens indigènes, colons américains et les asiatiques suivant 3 vagues principales : les chinois, les japonais et les philippins.
C’est ici que ces îles sont une expérimentation du « melting pot » mais sans le racisme et la ségrégation raciale du Sud des Etats-Unis.
Les Japonais sont 15% du corps électoral en 1930; mais 30% en 1940.
A partir de 1907, on fait appel de manière massive aux philippins, qui ont l’avantage d’être catholiques et au début de ne pas faire grève.
En 1932 70% des employés de l’industrie sucrière sont philippins, pour seulement 19% japonais et 4% de portugais.
En 1900, les Asiatiques sont 56.3% de la population; pour 47% en 1930 et 42.3% en 1940.
Après Pearl Harbor, 7/12/1941, les Japonais ne sont que 1500 à être internés, sur 160.000 japonais, alors que les 110.000 japonais de Californie ont été internés dans des camps toute la guerre. C’est la deuxième originalité de Hawaï.
En 1959, Hawaï devient un état à part entière et liquide donc son héritage colonial. L’économie de plantation décline et le tourisme fait son essor. Entre 1950 et 1973, le nombre de visiteurs est multiplié par 60. Le temps de transport passe lui de 9H45 en mars 1949 à 5H20 en 1960. Il y a un million de passagers en 1959; 7.2 millions en 1970; 15 millions en 1980 et enfin 23.3 millions en 1990. En 2012, la crise fait baisser ce chiffre à 18.4 millions.

En 2003, sur 1.22 million d’habitants, les Blancs sont 23.5%; les Japonais 16.7%; les Philippins 13.3% et les Chinois 3.9%.
Quand aux Hawaïens ils ne sont que 21.14% de la population.
Les habitants d’origine sont donc minoritaires face aux deux communautés des blancs et des asiatiques (34% au total).
Ce qui explique qu’Obama déclare en 2008 : « Dans cet environnement, mon origine raciale ne posa pas beaucoup de problèmes « .
En conclusion, on apprend beaucoup dans les 400 pages de ce livre, y compris sur la royauté et l’implantation des américains.
Je vous recommande donc sa lecture pour l’histoire de l’Océanie et la géographie particulière de cette population originale et très mélangée.

Annonce de l’éditeur
Le Paradis de l’Amérique

Hawaï, de James Cook à Barack Obama

Christian HUETZ DE LEMPS

Honolulu, Kauai, Waikiki, Maui, Oahu … À ce cortège de noms d’îles, de plage ou de villes des Hawaï, on associe immanquablement les images colorées des brochures touristiques, celles de terres paradisiaques où la vie est douce et la nature généreuse. Mais ce tableau idyllique cache une réalité plus crue, celle des épreuves traversées par l’archipel en deux siècles à peine. Avant de devenir le prospère 50e État des États-Unis, il a dû, depuis sa découverte tardive par l’explorateur britannique James Cook, faire face aux nombreux défis de l’entrée dans un monde global, dont il avait été préservé jusqu’alors : déclin démographique d’une ampleur dramatique, désagrégation des fondements de la société indigène, conquête spirituelle par les missionnaires américains, adoption de l’agriculture de plantation, immigration massive des Chinois, des Japonais ou encore des Philippins, coup d’État de la minorité blanche, attaque militaire contre Pearl Harbor, développement effréné de l’industrie des loisirs…
Considéré aujourd’hui comme une vitrine de la diversité à l’américaine, ce « modèle » hawaïen ne cesse de nous interroger.

ISBN : 978-2-36358-274-4