Voici un numéro qui devrait apporter de précieuses indications sur la puissance économique de la Chine qui semble irrésistible. Cette expansion qui a conduit la Chine à dépasser le Japon et à lui ravir le deuxième rang dans l’ordre des puissances économiques en avril 2010 n’est pas forcément exempte de certaines limites et c’est tout le mérite des différents auteurs publiés dans ce numéro d’y faire référence.
Une fois n’est pas coutume, nous commencerons cette présentation par un article de Isabelle Attané intitulé : « Quand la démographie fait l’économie, la Chine au pied du mur. »
Casse-tête Chinois en effet que cette situation difficile d’un pays qui a dû, réduire drastiquement sa natalité depuis 1978 et qui se trouve confronté, au bout de trente ans à des problèmes de vieillissement de la population aux conséquences sociales plus explosives encore que dans les pays développés. En 2050, la population âgée de moins de 15 ans, aura baissé de moitié, par rapport à 1950. Le déclin économique, selon Isabelle Attané, démographe à l’INED, est une menace que les dirigeants chinois prennent très au sérieux, sans doute parce qu’ils ont intégré cette idée, « stalinienne » de l’homme, « capital le plus précieux ». C’est d’ailleurs au nom de ce principe que le Président Mao a voulu maintenir, lors du Grand bon en avant et de la révolution culturelle une forte croissance démographique qui pénalisait alors le pays.
La politique de l’enfant unique est d’ ailleurs aujourd’hui remise en cause, mais de façon ciblée, et seul un pays à régime autoritaire peut se le permettre. À Shanghai, près d’un habitant sur quatre a plus de soixante ans, et cette ville souffre d’un déficit de main d’œuvre dans certain s secteurs. Cela peut conduire à un scénario à la « singapourienne », lorsque les autorités de la Cité État incitaient les couples de niveau aisé, à avoir plus d’enfants. À Shanghai, les couples qui ont un enfant, sont incité à en avoir un second.
Pour l’instant, dans le reste du pays, le contrôle des naissances et maintenu, avec toute une série de dérogations. Les couples formés de deux enfants uniques par exemple sont autorités à avoir un second enfant, et dans les familles paysannes, si le premier né est une fille, il est possible d’essayer d’avoir un garçon.
Le deuxième élément pertinent de cette article est celui des conséquences à terme de la masculinisation rapide de la population chinoise. Depuis 2000, le déséquilibre est flagrant. 120 garçons pour 100 filles. Le ratio normal est de 105. Il manquera à terme 80 millions de femmes ce qui ne sera pas dénué de conséquences à moyen terme, y compris économiques, même si le principal problème sera sensible au niveau des statuts des femmes et de l’égalité des sexes.
La Chine sera conduite, et elle a déjà commencé à mettre en place un système de retraite, à développer un système de santé, et cela ne sera pas non plus dénué de conséquences en termes de coûts de main d’œuvre.

Marie Claire Bergère, professeur honoraire à l’Inalco, dans son article sur le modèle chinois, insiste sur le rôle de l’État et des cadres communistes dans ce développement. La Chine a fait la démonstration, et peut-être les ultras-libéraux devraient méditer cela que le maintien d’un puissant secteur public revisité et surtout restructuré n’était en aucun cas antinomique avec la croissance. Pour l’auteur, la séparation entre public et privé n’est pas étanche, et le désengagement de l’État a été progressif. Il existe en fait des entreprises non-publiques qui ne sont pas pour autant totalement privées… Ce secteur tourné vers l’exportation est tout de même dans une situation d’insécurité juridique, même si certains de ses mauvais côtés, (contrefaçon, détournements de licences), ont été et sont encore protégés par l’État. De fait, ce secteur non public est très lié aux autorités par des réseaux de relations interpersonnelles et familiales.
Depuis 2008, il existe une tendance de l’État à vouloir jouer un rôle économique incitatif mais avec de forts relents d’autoritarisme . Cela peur rappeler les tendances de Poutine en Russie avec une reprise en main des entreprises privatisées à l’époque de Boris Eltsine.
Les pays occidentaux ont voulu voir le modèle économique chinois avec des lunettes des années 80, lorsque la dérégulation était l’alpha et l’omega de la croissance. Les Chinois ont tenu le discours que l’on souhaitait entendre en occident sans forcément mettre en œuvre les principes qu’ils s’engageaient à respecter. En tout cas, leur conception prédatrice des échanges économiques, mise en œuvre en Afrique par exemple, leur assure une incontestable croissance mais celle-ci suscite de plus en de réactions.
Dans ce domaine, il n’ y a pas véritablement de certitudes comme la question du Yuan et de sa revalorisation nécessaire le montre par ailleurs.

L’économiste Jean-Paul Tchang le démontre par dans « Derrière la bataille du Yuan ». La situation est simple. La Chine détient en réserves de change 2560 milliards de dollars, soit la moitié de son PNB, un record mondial. Depuis 2005, le Yuan s’est apprécié de 20 % par rapport au dollar mais la situation est restée inchangée. Les excédents de la Chine en dollar sont réinvestis dans des titres gagés sur la dette publique américaine. Les Chinois travaillent et les américains s’endettent./ Toutefois en 2008 le mouvement de réévaluation du Yuan a été stoppé en raison de la crise des exportations chinoises entraînée par la baisse des importations américaines. C’est seulement en juin 2010, lors du G20 de Toronto que la réévaluation a repris. Les excédents du commerce extérieur Chinois étaient en 2008 de près de 10 % du PNB, de 5.9% en 2009. La crise de l’Euro avec la Grèce a été également à l’origine d’une revalorisation de 16.4%. Les Chinois se retrouvent de fait avec le creusement du déficit américain face à une création massive de monnaie inflationniste. La dévaluation de la dette est la conséquence de cette situation et les États-Unis font payer leur crise à leurs débiteurs. Dans les deux cas, les facteurs de politique intérieure jouent. Les conséquences sociales d’une réévaluation massive du Yuan seraient difficiles à supporter par la population chinoise et en même temps, la hausse des taux d’intérêts aux Etats-Unis pourrait faire repartir la récession. Pour la Chine, cela accélère le processus de recentrage vers une économie domestique mais elle ne veut pas en payer un prix politique trop fort. Montée du chômage au moins. Cela a aussi des conséquences en matière de difficultés intérieures. Les provinces chinoises étant jalouses de leurs prérogatives et entendent protéger leurs industries créatrices d’emploi.
L’internationalisation du Yuan est une perspective à terme. L’étape a été franchie avec certains pays de l’ASEAN qui détiennent du Yuan dans leurs réserves de change. Des émissions obligataires en Yuan ont également lieu à Honk Kong. Toutefois le processus de convertibilité totale sera sans doute long. L’épargne domestique ne peut pas être totalement absorbée par les structures existantes. Les Chinois pratiquent une politique ferme de pression envers les États-Unis, évoquant la nécessaire création d’une nouvelle monnaie de réserve internationale mais en même temps en soutenant le dollar pour ne pas dévaloriser leurs créances sur le Trésor américain.

Pour Françoise Lemoine, économiste et chercheur à l’EHESS sur la Chine, l’économie chinoise est effectivement à un tournant. La Chine a derrière elle trois décennies de réformes économiques, avec une croissance stimulée par le desserrement du carcan de l’économie administrée, carcan dont certains auteurs auraient tendance à croire qu’il est toujours réel, mais sous des formes différentes.
L’auteur de l’article rappelle très opportunément la crise de l’été 1989 qui était liée aux phénomènes de corruption et de tensions internes dans l’appareil du PCC. La crise a été résolue avec la répression de la place Tien an Men mais aussi par l’extension du secteur privé apportant pour une part significative de la population l’élévation de son niveau de vie. La Chine a pu accéder à l’OMC en 2001. Ces années 2000 sont marquées par un emballement de la machine économique chinoise.
La crise de 2008 et l’effondrement de la demande intérieure a montré les limites d’un modèle étroitement dépendant de demande extérieure. Le marché intérieur est bien la nouvelle frontière de la croissance à deux chiffres que la Chine entend maintenir pour encore de nombreuses années.
La Chine connait donc une réorientation économique majeure, avec des délocalisations internes et externes, parfois vers le Vietnam, en raison de la hausse des coûts de main d’œuvre sur le littoral.
Par ailleurs, le pays est étroitement dépendant de sa production manufacturière, le passage vers une économie de services est fondamental. Cela permettra d’éviter la situation actuelle qui voit les ménages chinois parvenir à épargner, à titre de précaution, 40 % de leur revenu. L’état met en œuvre de grands programmes sociaux tout en continuant à supporter une croissance urbaine forte, qui peut jouer un rôle d’intégration pour les populations. Les régions côtières sont amenées d’ailelurs à se tourner davantage vers l’économie des services.
Ces évolutions seront incontestablement difficiles, et particulièrement les transferts sociaux car les régions les plus pauvres consacrent l’essentiel de leurs ressources aux investissements et le pouvoir central n’est pas forcément généreux.
Enfin, l’opacité du système permet de parler à propos de la Chine d’une superpuissance économique fragile.
La Chine est actuellement au cœur de la mondialisation et des déséquilibres globaux. La Chine est évidemment l’atelier du monde mais ses productions sont étroitement dépendantes des marchés extérieurs. Si la croissance mondiale entre 2004 et 2007 a été forte, de près de 5% par an, elle s’est accompagnée d’une montée des déséquilibres globaux. Les États-Unis représentent 40 % du déficit global tandis que la Chine pèse 25 % des excédents globaux. Les excédents chinois sont pacés en actifs américains et essentiellement en bons du Trésor. L’épargne chinoise vient financer les déficits américains. Mais d’un autre côté, elle permet aux consommateurs américains de consommer des produits manufacturés chinois.
L’auteur s’interroge enfin sur les perspectives de dépassement, en terme de PIB, de la Chine par rapport aux États-Unis Si l’on se base sur le PIB au taux de change, elle, pèse 7 % du PIB mondial, en 2008 et dépasse le Japon en 2010. Le taux de change dévalue la monnaie chinoise mais donne un bon indicateur sur son poids réel à l’échelle mondiale, par contre, en parité de pouvoir d’achat, le niveau est de 17 %. En terme de PIB, les études récentes montrent que le rattrapage s’accélère et que le dépassement en terme de PIB des Etats-Unis pourrait avoir lieu entre 2025 et 2030. Toutefois, l’auteur met en garde contre les projections. Que l’on se souvienne par exemple de ce que l’on pouvait dire à propos du Japon dans les années 1980. Ce qui est toutefois évident c’est que la montée en puissance de la Chine participe de l’ascension des économies émergentes qui relativise la place des grands pays anciennement développés dans l’économie mondiale. Au-delà des chiffres, c’est aussi la capacité d’innovation de ces économies émergentes, celle, de la Chine en particulier dans certains domaines qui fait trembler les majors des pays développés.
Le monde devra s’adapter à l’arrivée d’une nouvelle grande puissance économique, la question est de savoir si celle-ci choisira un modèle original ou si elle reprendra les recettes éprouvées dans les autres pays d’Asie du sud Est qui se sont contenté d’un modèle de développement extraverti. Les limites de ce modèle étroitement dépendant de l’extérieur ont été clairement perceptibles en 2008. Il y a fort à parier que la Chine cherchera à promouvoir son propre modèle. La survie de son régime est aussi à ce prix… Reste à savoir ce que la société chinoise est prête à supporter…

Claude Meyer reprend également dans ce numéro les éléments essentiels de ses analyses sur le dupole sino-japonais en évoquant plutôt la domination économique.
Dans son article qui fait référence en introduction à un épisode de septembre 2010, Claude Meyer revient sur cette relation ambivalente entre la Chine et le Japon.
Il s’agit de cet épisode naval qui a conduit les garde-côtes japonais à mettre en détention un chalutier chinois au large des îles de l’archipel Senkaku. La Chine a menacé le Japon de sévères représailles.
On peut d’ailleurs s’interroger sur les arguments que l’on entend aujourd’hui à propos de la Chine, appelé à dominer le monde, pour se souvenir qu’il y a un petit peu moins de 30 ans, c’était les mêmes arguments que l’on entendait à propos de la montée en puissance du Japon. L’empire du milieu a remplacé celui du Soleil-Levant au firmament des astres. Les deux géants asiatiques sont à la fois des partenaires économiques obligés et des rivaux stratégiques dans une Asie dans le processus d’intégration régionale s’accélèrent et vers laquelle, le centre de gravité de l’économie mondiale se déplace inéluctablement. La réalité est celle du chiffre brut. La Chine et le Japon représente à eux seuls les trois quarts de la production de l’Asie orientale. Le Japon est-il pour autant, en raison de son absence de vitalité démographique, du vieillissement de sa population, condamné à occuper la seconde place derrière une machine conquérante.
Les deux économies sont aujourd’hui profondément intégrées en matière de commerce, d’investissement et de finances. Le Japon est toujours le principal bénéficiaire de l’envolée du commerce extérieur de Chine et l’archipel effectue près de 20 % de son commerce avec son grand voisin. Contrairement à ce qui peut se passer dans les échanges entre les États-Unis et l’Europe, les échanges du Japon avec l’ensemble Chine-Hong Kong, sont plutôt équilibrées en raison d’une complémentarité presque idéale des avantages comparatifs. Avance technologique d’un côté, faible coût de production de. Pour l’auteur de cet article, l’oligarchie économique du Japon en Asie se maintient. Le Japon se situe au coeur technologique du circuit intégré de l’Asie émergente et le bénéficiaire de cette division régionale du travail, caractérisée par un volume d’échange intérieur même des entreprises transnationales, notamment japonaises. En matière de finances, la situation japonaise n’est pas forcément des plus mauvaises. Claude Meyer fait remarquer qu’à la fin 2008, en matière d’actif net, le Japon reste le premier créancier du monde. (Actif net = déduction faite de l’endettement).
Le Japon reste dominant dans le domaine de la finance et des hautes technologies, ni aucune situation n’est définitivement acquise. Les ambitions chinoises sont connues, mais le Japon fait pour l’instant la course en tête. L’empire du soleil levant réalise lui tout seul près de 20 % des dépenses de recherche-développement dans le monde, alors qu’il ne compte que 2 % de la population mondiale. En matière de « densité technologique », à savoir le nombre de brevets reportés au poids économique et la population, le Japon est devant la Suisse. Du côté chinois l’effort de rattrapage est tout à fait considérable. En matière de recherche et développement les dépenses ont plus que triplé en six ans mais n’atteignent que 1,4 % du PIB contre 3,6 % pour le Japon. Pour ce qui concerne les brevets, plus de la moitié déposée en Chine le sont encore par des entreprises étrangères.
Le Japon, bien que l’on souligne régulièrement son faible poids démographique et le vieillissement de sa population, n’est pas pour autant dénué d’ambition. Le pays aspire à une sorte de normalisation qui lui permettrait de déployer une action diplomatique des capacités de défense à la mesure de son poids économique. Si le Japon a été, pendant toute la période de la guerre froide, un point d’appui de l’Occident, il redéploie aujourd’hui ces approches diplomatiques en direction de l’Asie. On peut y voir un retour à ce que l’on appelait : « la sphère de coprospérité asiatique ».
Au passage, le Japon cherche à contourner le poids de la Chine dans une ASEAN+3, (Chine-Japon-Corée du Sud), par une ASEAN + 6, dans laquelle serait réintégrées, l’Australie, la Nouvelle-Zélande et surtout l’Inde. Le Japon d’ailleurs renforcé et formalisé en 2008 un partenariats stratégiques avec l’union indienne.
Si l’on a pu considérer longtemps que le Japon était un nain politique, il n’en est pas pour autant un nain militaire. Son budget militaire et le cinquième du monde, prés de 50 milliards de dollars en 2009 contre 70 milliards pour la Chine. Ces 250 000 hommes sont des professionnels remarquablement entraînés et leur équipement et d’une technologie incontestablement supérieure à celui dont peuvent disposer les 2 millions et demi de soldats de l’armée populaire de libération.
Sur le plan stratégique la Chine dispose de deux atouts qui manquent au Japon, un siège au conseil de sécurité des Nations unies et la puissance nucléaire. Cela permet à la Chine de mener une diplomatie très volontariste, basée sur des échanges bilatéraux avec tous les types de pays, avec comme priorité la sécurisation de ses approvisionnements en matières premières et la diversification de ses marchés d’exportation, trop dépendant pour l’instant de l’Europe et les États-Unis. L’affirmation de la puissance chinoise s’est accélérée sur le plan diplomatique avec le remplacement de fait du G8 par le G20. La Chine ne dispose plus seulement de pouvoir de blocage, dans le cadre de négociations internationales, mais elle a pu se faire à plusieurs reprises le porte-parole des pays émergents et en développement..
Face à cette montée « irrésistible » de la Chine, Claude Meyer envisage comme hypothèse que l’avenir du Japon comme celui d’une « Suisse de l’Asie » Prosper et pacifique. Le Japon pourrait associer ce puissance économique, sa richesse financière, une forte défense conventionnelle et un rayonnement international par la promotion des biens publics mondiaux. Ce serait une politique qui pourrait sans aucun doute faire consensus dans une population vieillissante.

Mathieu Duchatel, présente le « nouveau revirement de Pékin vis-à-vis de la Corée du Nord », dans un article particulièrement précieux qui permet de faire un point sur la diplomatie complexe et franchement opaque de ce pays vestige de la guerre froide où l’on a assisté tout dernièrement à la préparation de la succession du Grand leader, Kim Jong-Il par son fils, Kim Jong Um. C’est donc la troisième génération qui se retrouve aujourd’hui au pouvoir, depuis 1945 la prise de pouvoir de Kim il Sung. Machine afin de faciliter la consolidation en Corée du Nord d’un système de monarchie héréditaire léniniste en assurant à ce pays un soutien diplomatique qui lui a permis d’éviter que les effets des sanctions internationales à propos de son programme nucléaire ne favorisent l’effondrement du régime. En 2009 pourtant, des signaux contradictoires ont été émis par Pékin, lorsque la république populaire de Corée du Nord à effectuer des tests de missile longue portée et à laisser nucléaire. Mais quelques mois plus tard, le premier ministre chinois, Wen Jimbao relancer la coopération économique entre les deux pays. L’auteur rappelle l’évolution de la diplomatie chinoise à propos de la Corée du Nord, qui a tout de même été modifiée depuis 2003. Jusqu’à cette date, Pékin préféré gérer la sécurité en Asie du nord-est par un faisceau de relations bilatérales. C’est seulement en 2003 que la Chine a acceptés d’intégrer un cadre multilatéral dans lequel elle pouvait courir le risque de se retrouver en minorité. L’abandon de son opposition de principe aux sanctions par le conseil de sécurité des Nations unies était un signal très fort envoyé aux nord-coréens, pour leur rappeler la situation de dépendance qui est la leur à l’égard de Pékin. Pour autant, la communauté stratégique chinoise s’interroge depuis 2006 sur l’intérêt de soutenir à tout prix la Corée du Nord. De plus, l’intensification de la coopération économique avec la Chine renforce la capacité du régime à résister aux pressions et aux sanctions internationales. La Chine craint qu’une déstabilisation de la Corée du Nord, qui renforcerait inéluctablement la Corée du Sud, ne finissent par lui poser des problèmes. Il semblerait pour l’instant que la Chine est besoin de stabilité régionale. L’apaisement des relations avec Taiwan depuis 2008 est à cet égard un indicateur précieux, il n’est pas question pour les dirigeants chinois de voir remis en cause un équilibre dans l’empire du milieu est actuellement le principal bénéficiaire. La Chine peut avoir ses intérêts propres pour dénucléariser la Corée du Nord mais elle pense disposer de moyens suffisants pour se passer d’une approche multilatérale pour atteindre cet objectif.

Les autres articles de ce numéro

– Entretien avec Jean-Luc Racine PAKISTAN, INDE, CHINE:
LE GRAND JEU CONTINUE!

– Sophie Boisseau du Rocher LA CHINE EN ASIE DU SUD-EST: UNE RELATION INSTRUCTIVE

– Entretien avec Michel Ching-long Lu
1911-2011:
CENT ANS DE RÉPUBLIQUE DE CHINE

– Laurent Malvézin
Y A-T-IL UN VIDE STRATÉGIQUE CHINOIS?

– Khattar Abou Diab
GRAND MOYEN-ORIENT: L’ARC DE CRISES DE JÉRUSALEM À ISLAMABAD BOUSCULE LE LEADERSHIP AMÉRICAIN

© Bruno Modica