Traverser la Russie d’Ouest en Est

Spécialisées dans les ouvrages pour la jeunesse, les éditions Rue du Monde ont l’habitude de publier des livres en grand format, à la fois très colorés et documentés. Parmi les récentes publciations, signalons un « grand atlas géo-graphique » l’automne dernier et un beau livre dédié aux grands fleuves de la planète, déjà remarqué par la Cliothèque.

L’une des dernières parutions dresse le portrait sensible de la Russie, dans le sillage du Transsibérien, depuis la gare de Moscou jusqu’à celle de Vladivostok, en bordure de la mer du Japon. D’abord publié en russe, et bientôt en italien, ce livre laisse la part belle aux populations, et notamment aux témoignages des enfants qui habitent le long des voies.

Nous avons décidé de partir sur le tracé de ce mythique chemin de fer, accompagnées de guides et de compagnons de voyage : des habitants de tous âges, vivant le long de la ligne – 76 personnes qui portent le Transsibérien dans leur cœur. Nous leur avons demandé de nous raconter ce qu’ils savent de leur lieu de vie, où se promener, d’où avoir la meilleure vue, quels endroits et monuments découvrir. Nous les avons interrogés sur leurs plats préférés ou sur l’histoire de leur gare et de ses alentours. Beaucoup de leurs parents et amis travaillant dans le secteur ferroviaire nous ont aussi confié leur vécu : vous lirez ainsi les propos d’un machiniste, de plusieurs chefs de wagons, d’un aiguilleur ou d’une employée d’un buffet de gare…
Vous apprendrez que des jeunes suivent une formation pour travailler, plus tard, dans les chemins de fer. Deux ans durant, ils nous ont envoyé récits et photographies. Ils nous ont aidées à découvrir 36 villes et villages – le quart des 146 haltes ponctuant la ligne du Transsibérien. Vous ferez la connaissance de tous ces gens au fur et à mesure des arrêts.

Le transsibérien, Rue du Monde, 2021, page 4.

Le voyage débute par la partie occidentale de la Russie qui s’étend jusqu’à l’Oural. Cette chaîne de montagne sépare traditionnellement l’Europe de l’Asie. De la steppe boisée dans sa partie méridionale jusqu’à la toundra arctique dans sa partie Nord, cette chaîne s’étend sur 2000 kilomètres de long. En partant de la gare moscovite de Iaroslavl, le Transsibérien circule dans la partie centrale de l’Oural, constituée d’une vaste taïga. Direction la Sibérie et l’Extrême-Orient russe, deux régions mythiques et peuplées d’environ 30 millions de personnes.

Le train circule en direction de l’Est et s’arrête fréquemment. Une double-page permet d’apprécier les principaux monuments de la ville, le temps d’arrêt du train, quelques mots d’un lexique franco-russe et des témoignages d’enfants qui vivent sur place. Par exemple, on y apprend que la ville de Perm, située à 1438 kilomètres de Moscou, est « la cité la plus peuplée de l’Oural et un pôle industriel important pour la Russie » (page 19). Elle est également à l’origine de la période géologique du permien, s’étendant de -299 à -251 millions d’années. Elle doit son nom à la ville, suite à la découverte de nombreux fossiles de dinosaures par le géologue britannique Roderick Murchison en 1840.

L’évocation du nom des villes est déjà une invitation à la découverte et au voyage. Iekaterinbourg, Tioumen, Omsk, Novossibirsk, Krasnoïarsk, Irkoutsk, Oulan-Oude mais aussi Khabarovsk sont des villes-étapes décrites en une ou deux pages. Les villages ne sont pas en reste et les anecdotes sont nombreuses. Par exemple, les auteurs précisent que « le temple bouddhiste d’Ivolguinsk, tout proche d’Oulan-Oudé, est devenu le centre du bouddhisme en l’URSS » (page 47) à partir de 1946. Des conseils sont donnés aux voyageurs qui souhaiteraient entreprendre le voyage : les objets à emporter, le rôle du chef de wagon, les façons de se laver (un arrosoir payant !), les façons de s’occuper ou de choisir sa place. De quoi préparer sereinement son aventure.

Source : Extrait tiré du livre « Le Transsibérien » publié chez Rue du Monde, Novembre 2021, pages 27-28

Source : Extrait tiré du livre « Le Transsibérien » publié chez Rue du Monde, Novembre 2021, pages 74-75

Il s’agit clairement de l’une des plus belles découvertes de l’année en géographie. A l’instar de l’émission « Des trains pas comme les autres », le Transsibérien est un prétexte pour aborder la vie des populations et les paysages. Les nombreux témoignages forment un fil rouge qui permet de comprendre l’ensemble des « modes d’habiter ».

Destiné en priorité aux enfants, ce livre plaira également aux adultes amoureux de la Russie et amateurs de trains. Il pourra même être utile lors de la préparation d’un voyage sur cette ligne mythique et pourra compléter la lecture du récit de Géraldine Dunbar, paru chez Transboréal, « Seule sur le Transsibérien : De Moscou à Vladivostok » (2016).

Un vrai régal pour les yeux qui pourrait bien provoquer des envies de voyage sur une portion de la ligne, que ce soit à Barabinsk (30 minutes d’arrêt) ou à Zavitaïa (7995 kilomètres de Moscou, deux minutes d’arrêt).

Pour aller plus loin :

  • Présentation de l’éditeur -> Lien

Antoine BARONNET @ Clionautes