Jean-Louis Marteil
Le vol de l’aigle
La Louve édition 2010

Les deux premiers volumes de cette saga ont été présentés sur La Cliothèque.

Jean-Louis Marteil
LA RELIQUE
La louve édition, juillet 2009
http://www.clio-cr.clionautes.org/spip.php?article2679

Jean-Louis Marteil
L’os de frère Jean
La louve édition 2010
http://www.clio-cr.clionautes.org/spip.php?article2912

Nous sommes toujours en 1141, pour ce troisième et dernier ( ?) volet de cette trilogie de Jean-Louis Marteil, éditeur dans le Sud Ouest. L’action commence dans le Rouergue et se poursuit dans les montagnes sur la route de Saint Jacques de Compostelle.
Les trois héros, Abdon, Bernard, un géant fort peu dégourdi, et le frère Jérôme, auxquels s’ajoute un âne récalcitrant appelé Morel, sont expédiés à la poursuite de trois bénédictins, qui se seraient, selon un moine simplet de l’abbaye, transformés en aigles, peu après leur départ. Miracle où illusion ? Leur errance permet des rencontres hautes en couleurs, avec ce petit « je ne sais quoi de truculence dans une veine rabelaisienne qui caractérise cet auteur. Le lecteur parcourt donc différentes étapes et découvre l’architecture religieuse. Moissac, Rocamadour, et quelques grandes étapes des chemins de Saint Jacques n’ont pas de secrets pour Marteil !
Le roman relève d’un chemin initiatique pour chacun des moines mais l’essentiel n’est pas là. C’est bien l’âne Morel qui est le véritable héros de l’aventure, un peu comme Jolly Jumper dans Lucky Luke. L’auteur distille les explications historiques et les descriptions par touche successives. Sa prose, jamais ennuyeuse et toujours piquante, permet un très bon rendu de l’atmosphère médiévale et l’on est pris, comme pour les deux précédents volumes, d’une irrépressible envie de connaître la suite de l’aventure.

La truculence l’emporte sur l’irrévérence, le souci du détail historique sur la cocasserie des situations au point de faire de cette quête une épopée où l’humanisme prend toute sa place. Les trois héros rencontrent un moine venu de Normandie dont le seul souci est de ne pas marcher. Mais Morel, l’âne au sacré caractère s’en débarrasse sans ménagement.

Les trois personnages, Jérôme, Abdon et Bernard, sont en fait les moutons noirs de cette abbaye. Abdon ne pense qu’à manger et déprime loin de l’abbaye, Bernard est un simplet, quand à Jérôme, il est le plus curieux des merveilles architecturales. Il conduit d’ailleurs pendant son périple, un travail sur lui-même. Il tombe amoureux d’une fille croisée sur un pont, mais l’histoire en reste là, même si le trouble anime ce pauvre Jérôme en lui rappelant son passé de laïc.
Au fur et à mesure de leurs aventures, et donc de leur absence de l’abbaye, les frères restants sont inquiets. Ces trois héros, ou anti-héros, sont bien intégrés à cette communauté et sont même indispensables aux autres. Véritable ode à la tolérance et au respect des différences, ce troisième volume semble bien augurer d’une suite que l’on espère pour bientôt.