Le Voyage de Marcel Grob, premier ouvrage commun de Philippe Collin et Sébastien Goethals, est paru il y a déjà 5 ans aux éditions Futuropolis. Cette réédition s’accompagne d’une bonne et heureuse nouvelle ! Un épilogue de 6 planches inédites, en forme de teasing, annonce une suite à venir.
Le premier opus racontait le destin tragique de Marcel Grob, jeune Alsacien de 18 ans enrôlé de force en juin 1944 dans la Waffen SS, en s’inspirant de l’histoire du grand-oncle de Philippe Collin. Un scenario et des dessins tout en nuances, soulignant la frontière parfois ténue et trouble entre les victimes et les bourreaux, expliquent le succès de cette bande dessinée avec plus de 150 000 exemplaires vendus ainsi que de nombreuses récompenses obtenues comme le Prix Historia de la meilleure bande dessinée historique 2018. Aussi, le très bon dossier historique de Christian Ingrao en fin d’ouvrage permet d’approfondir certains aspects évoqués dans la bande dessinée : la Waffen SS, le massacre de Marzabotto, les sanctions des crimes nazis, etc.
En 1944, à l’âge de 17 ans, Marcel Grob, un jeune alsacien de Kirchberg, est enrôlé de forcé la Waffen SS tout comme ses deux camarades Antoine Guebwiller et Stanislas Müller. Ils intègrent la 16e division blindée de grenadiers Reichsführer SS. Envoyé sur le front italien, Marcel assiste alors au massacre de Marzabotto, dans le zone montagneuse au sud de Bologne, dirigé par le commandant SS Walter Reder sous prétexte que les villageois protégeraient les partisans communistes. S’il assiste à ce déferlement de violence contre la population civile, Marcel y participe aussi en lançant une grenade à l’intérieur de l’église. Les opérations autour de Marzabotto et du Monte Sole causèrent la mort de 770 civils et ressemblaient à l’ordinaire tragique des populations d’Europe de l’Est. Mais, comme le souligne Christian Ingrao dans le dossier historique, il ne faut pas « croire qu’il s’agissait là d’un débordement de violence : les études montrent que ces pratiques étaient contrôlées et que leur translation de l’Est vers l’Ouest n’avait rien de mécanique. Elle résultait d’un processus de décision rationnel » (p.198). Marcel est ensuite blessé au combat et fait prisonnier dans un hôpital de campagne de la Wehrmacht par les britanniques. Reconnu comme « Malgré-nous », il évite le peloton d’exécution. Bien des années plus tard, Marcel est rattrapé par son passé. Il est interrogé par le juge Tonelli, petit-fils de victimes du massacre de Marzabotto, mandaté par les familles des victimes de la Seconde Guerre mondiale pour juger les derniers criminels de guerre nazis au sein d’un tribunal d’exception. Marcel, devant se justifier, retrace alors son parcours au sein de la Waffen SS, son voyage en enfer.
Comme l’annoncent les 6 nouvelles planches de Philippe Collin et Sébastien Goethals, le prochain opus sera donc consacré à un personnage secondaire du premier récit, Stanislas Müller. Antisémite et anti-communiste, il accepte plus facilement que Marcel son enrôlement dans la Waffen SS. Mais le massacre de Marzabotto fait vaciller ses certitudes. A la fin du premier album, il réussit à déserter. Si un doute subsistait à propos de sa survie, l’épilogue confirme que le voyage de Stanislas Müller n’est pas terminé. Cette suite est désormais attendue avec beaucoup d’impatience !
Pour les Clionautes, Armand BRUTHIAUX