François Lebrun est un nom connu de la plupart d’entre nous. Né en 1923, décédé en 2013, historien moderniste, spécialiste de l’Anjou et de démographie historique, puis d’histoire des mentalités, il a publié notamment le 2e tome de l’Histoire de la France religieuse, une Histoire de France en un seul volume, que beaucoup d’entre nous connaissent, chez Seuil, « Points Histoire », comme son Croyances et cultures dans la France d’Ancien Régime, son tome 4 de la Nouvelle Histoire de la France moderne, La puissance et la guerre (1661-1715), ou encore, cette fois chez Armand Colin, L’Europe et le monde, « collection U », réédité en 2018 (dont je donnerai peut-être un compte-rendu prochain). On retrouvera toutes ces publications et quelques autres sur la page wikipedia qui lui est consacrée.

L’éditeur Armand Colin nous livre une nouvelle réédition de ce manuel très connu des collègues. A titre personnel, j’avais dans ma bibliothèque l’édition 1966 réimprimée en 1988. Il me paraissait heureux que l’éditeur réédite ce manuel clair, précis, bien fait. De la belle et bonne histoire, un rien classique, mais extrêmement utile pour aborder cette période. Aux côtés des deux autres volumes de la collection U, le « Bennassar-Jacquart » et le « Denis-Blayau », respectivement consacrés au XVIe et XVIIIe siècle, nous avions là une base très solide. Et c’est ainsi qu’il faut prendre ces ouvrages de premier cycle, qui ont parfaitement rempli leur office et ont contribué à former des générations d’étudiants.

C’est à ce titre et avec reconnaissance – en souvenir de ce grand historien disparu il y a quelques années seulement – que j’ai abordé cette réédition, dont je donne ci-après, comme toujours, la quatrième de couverture et la table des matières.

« Qu’est-ce que le 17e siècle ?

Depuis longtemps déjà, les historiens cherchent, au-delà des récits traditionnels de l’histoire politique, les réalités plus complexes d’une histoire totale. Totale parce que, ne se limitant plus à la seule Europe, voire à la seule France, elle veut faire leur place légitime aux autres continents. Totale parce que, sans négliger l’événement, elle entend mettre l’accent sur toute la vie du passé, s’efforçant d’en éclairer tous les aspects.

Ce « nouveau » 17e siècle, ne peut se ramener à une image simple, pas même celle du Roi-Soleil. C’est à la fois le siècle de Cromwell et de Louis XIV, des procès de sorcellerie et de Descartes, de Calderon et de Racine, de Rubens et de Rembrandt, et aussi d’Aureng-Zeb et de K’ang-hi, des « réductions » jésuites et des débuts de la traite des Noirs. Siècle foisonnant, complexe, comme la vie même. »

L’ouvrage, divisé en 12 chapitres, est un classique.

1. Le monde vers 1600

2. La civilisation européenne dans la première moitié du XVIIe siècle

3. La politique européenne dans la première moitié du XVIIe siècle

4. La France de 1610 à 1661

5. L’Angleterre et les Provinces-Unies dans la première moitié du XVIIe siècle

6. Les États de l’Europe continentale au XVIIe siècle

7. L’Afrique, l’Asie et l’Amérique au XVIIe siècle

8. La France de Louis XIV, de 1661 à 1685

9. Louis XIV et l’Europe de 1661 à 1688

10. L’Angleterre et les Provinces-Unies dans la seconde moitié du XVIIe siècle

11. La dernière partie du règne de Louis XIV, 1685-1715

12. La civilisation européenne dans la seconde moitié du XVIIe siècle

*

Entendons-nous bien : il est très utile de rééditer ce manuel classique, devenu parfois un peu difficile à trouver, sinon d’occasion – moins difficile toutefois avec les sites internet que nous connaissons tous. Cependant, il s’agit là d’une simple réédition sans la moindre correction, et plutôt moins que cela, même.

C’est ainsi que, ça et là, on note quelques erreurs qui auraient mérité un rien de correction. Cela fait trente ans que j’observe avec amusement que, sur les cartes, les Baléares « devraient comporter des hachures » sans que personne ne se soit avisé de tracer les deux ou trois malheureux traits qui auraient attesté de leur appartenance à la couronne espagnole : las ! C’est toujours le cas en 2018. La chronologie présentée en annexes a simplement été rendue en fac simile, ce qui donne une impression un peu pénible de léger flou. Et surtout – surtout – la bibliographie commençant à dater un peu, l’éditeur l’a purement et simplement supprimée ! Pas seulement la bibliographie générale en fin de volume, mais aussi les lectures complémentaires en fin de chapitre. Cela peut apparaître comme très regrettable pour un ouvrage reconnu par tous comme un manuel. Au pire, on aurait pu laisser les références de l’édition précédente. Au mieux, on aurait pu demander à un universitaire moderniste de donner quelques conseils bibliographiques complémentaires. Ajoutons au titre de la simple mauvaise humeur que l’éditeur ne titre plus le XVIIe siècle, mais le 17e siècle, concession à une modernité dont on ne voit guère l’intérêt. Mais passons.

Cet ouvrage n’en demeure pas moins toujours très utile par son caractère clair et pédagogique. Il ne peut évidemment aujourd’hui demeurer l’unique lecture sur la période, mais il reste un excellent point de départ, témoignage d’une grande période de l’école historique française.

Christophe CLAVEL

Copyright Clionautes 2018