Catherine Merridale nous fait faire une plongée dans un voyage de 3200 kilomètres entre Zürich en Suisse et Petrograd en Russie entre le 9 et le 16 avril 1917.

Comment Lénine a t’il obtenu l’accord du ministre allemand des Affaires Etrangères Arthur Zimmermann ?
Il déclarera : « Puisqu’il est de notre intérêt que l’influence de l’aile radicale des révolutionnaires russes l’emporte, il me parait souhaitable d’autoriser le transit des révolutionnaires. » (Page 138)

Comment Lénine négociera un statut d’extraterritorialité pour le wagon afin d’éviter toute accusation de coopération avec l’Allemagne ?

Comment plus de 30 bolchéviques vont traverser l’Allemagne en pleine guerre pour rejoindre la Russie en révolution depuis février 1917 ?

Qui servira d’intermédiaires ? Qui sont Parvus (Alexandre Gelfand), le juif biélorusse; et Hanecki (Yakov Fürstenberg), l’exilé lituano-polonais ? Combien d’argent ont-ils reçu ?

Vous aurez compris qu’il s’agit d’une véritable enquête politique et policière sur les traces de Lénine. Le 11 avril il est à Berlin, le 13 à Stockholm (Photo ci jointe où il marche avec détermination); et le 15 il franchit la frontière entre Suède et Finlande russe. Ce périple dont la légende dit qu’il s’est fait dans un « wagon plombé » a marqué l’Histoire.

Il est précisé que le wagon ne devait marquer aucun arrêt, qu’aucun passager ne pouvait se voir ordonner de débarquer et qu’il n’y aurait pas de contrôle des passeports (Page 140).
Il est à noter que Kamenev et Staline sont déjà à Petrograd depuis le 25 mars 1917; Lénine et Zinoviev auront donc 22 jours de retard sur eux. Quand à Martov, le menchévique il arrivera aussi en train mais plus tard…
L’arrivée de Lénine est décrite page 207 par Fedor Raskolnikov : « Finalement les 3 phares aveuglants de la locomotive foncèrent sur nous. Le train s’arrêta, et nous aperçûmes aussitôt, au-dessus de la foule des travailleurs, le visage du camarade Lénine ».
Lénine n’avait pas imaginé l’ampleur de la réception que lui réservaient ses partisans.

Dans le dernier chapitre, Compagnons de route, l’auteur nous rappelle le sort des proches de Lénine : Zinoviev et Kamenev tués en 1936; Chliapnikov exécuté en septembre 1937; la femme de Zinoviev exécutée en 1938; Trotsky tué au Mexique en 1940; et enfin Fritz Platten, le messager du train meurt en déportation en 1942. On voit bien qu’à l’époque de Staline, peu de compagnons de Lénine survivent !