Après deux éditions successives parues en 2008 et 2012 sous la plume de Philippe Pelletier, les éditions Autrement publient un nouvel atlas sur le Japon signé par Rémi Scoccimarro.

L’ère de la croissance fragile

Cette troisième édition est réalisée par Rémi Scoccimarro (maître de conférences en langues et civilisation japonaises à l’Université de Toulouse Jean-Jaurès). Il travaille principalement sur les mutations dans les espaces urbains, les recompositions démographiques et les mécanismes de résilience à la suite de l’accident de Fukushima de 2011. Les cartes sont réalisées par Claire Levasseur.

Illustrés en première page par une très jolie photographie prise dans le quartier tokyoïte de l’électronique (Akihabara), cet atlas s’attache d’abord à présenter le Japon sur le plan physique à travers la gestion des risques et la localisation des principaux aléas (tremblement de terre engendrant un tsunami, fort enneigement…). La culture du risque est très présente : les gains des cultures sur les terres très fertiles des pentes volcaniques s’accompagnent de la connaissance d’un risque éventuel. L’auteur présente également les caractéristiques de la mégalopole japonaise avec un arc qui dépasse les limites traditionnelles allant de Tokyo (ou Sendai) jusqu’à l’extrême Ouest de l’île de Kyushu : Tokyo – Fukuoka – Busan – Séoul – Pyongyang – Tianjin – Beijing. Deux stimulantes pages abordent « l’ensauvagement » de certains espaces (comme dans le département d’Ishikawa) à la suite d’un dépeuplement. Les cerfs, les sangliers et les ours reprennent petit à petit leur place (page 28-29). Un thème à la fois original et novateur.

De nombreuses cartes sont à grandes et très grandes échelles (une commune, un quartier). Pour l’enseignement des espaces pauvres, l’exemple de la page 48 insiste sur le quartier de Kamagasaki à Osaka. Le rôle de la mafia dont le financement repose sur le racket et les activités à la frontière de la légalité (traitement des déchets industriels, nucléaire, prostitution) est présenté de façon très didactique aux pages 42-43. On remarque notamment la présence des principaux groupes mafieux dans l’ensemble du pays (à la fois dans les espaces urbains et ruraux de Kyushu à Hokkaido). Les vues en coupe sont également intéressantes avec la comparaison de trois modèles urbains (Tokyo, Sendai et Aizu-Wakamatsu). Après les villes, les espaces ruraux sont largement abordés à travers de nombreux documents permettant la construction d’une étude de cas (agriculture, démographie, économie) qui n’oublie pas le « Japon périphérique« . L’archipel développe le tourisme : notamment sur l’île septentrionale d’Hokkaido (par l’intermédiaire du « tourisme blanc« ) et pour l’archipel d’Okinawa attirant des Coréens et des Taïwanais à la recherche de loisirs (« tourisme tropical« ). La place des énergies et les pollutions engrendrées sont largement décrites : la situation de la Fukushima est particulièrement évocatrice. Concernant les pollutions, l’archipel est à la fois en proie aux « marées rouges » (page 62) liées à l’eutrophisation et aux « marées bleues » où la vie a disparu.

Le Japon reste une puissance industrielle de premier plan et la troisième puissance économique mondiale. Elle s’appuie notamment le Chûkyo dans la région de Nagoya, véritable fer de lance industriel avec de nombreux acteurs (Toyota, Honda, Mitsubishi HI). Dépassé dans le secteur des composants électroniques par les Etats-Unis et Taïwan, le Japon exerce un monopole sur le secteur des robots industriels : à titre d’exemple, sept des dix plus importants constructeurs sont issus de l’archipel.

Quelques coquilles émanent cette première édition. Un paragraphe est copié en double à la page 29. La carte de la page 27 concernant l’approvisionnement de l’archipel en produits de la mer est peu lisible. La graphie des toponymes change parfois d’une carte à l’autre sur la même double-page (Océan Pacifique aux pages 50-51 : en minuscules ? en majuscules ?). A la page 55 est mentionné le groupe « Renaud-Nissan » alors que « l’industrialisation » des littoraux à travers l’exemple de Keiyô la page 57 est tronquée. Malgré ces critiques, cet atlas demeure une très belle réussite !

En conclusion, cet atlas est une excellente base de documents afin de concevoir des études de cas sur le Japon (mégalopole, espaces ruraux, agriculture, tensions) au collège et au lycée. Les professeurs de la classe de terminale y trouveront notamment des documents textuels et cartographiques à la fois didactiques et actualisés pour concevoir une séquence portant sur « Japon – Chine – concurrences régionales ambitions mondiales » (page 88).

Pour aller plus loin :

Antoine BARONNET @ Clionautes