Cette BD est le dernier de la collection, en 12 volumes, consacrée par Glénat à la France-maçonnerie. Cette collection est dirigée par Didier Convard, franc-maçon lui-même. Le 1er tome avait été préfacé par Pierre-Marie Adam, Grand Maître de la Grande Loge de France. Cette collection est donc validée et encouragée par cette loge, la première de France, membre du Rite Ecossais Ancien et Accepté.

Il est important de démarrer cette présentation par ce rappel : si l’objectif est officiellement de raconter de grands événements de l’histoire de la franc-maçonnerie, et pour cela faire appel à des initiés de la Loge, il est légitime de se poser la question d’une volonté prosélyte derrière une telle aventure éditoriale. Surtout à la lecture de ce dernier tome qui semble incarner le paroxysme de cette dimension réflexive.

Cette ambition de vérité et de « transparence », même si ce dernier mot peut parfois être étranger à la franc-maçonnerie par nature, est présente dans le dossier en fin de BD. Chaque tome a été accompagné d’un carnet de quelques pages remettant l’histoire que l’on vient de lire dans un contexte plus global, mettant en avant le rôle des francs-maçons dans l’aventure de la société humaine moderne, expliquant certains rites ou références religieuses… Les Clionautes ont recensé une grande partie de cette collection. Libre à chacun ensuite de se faire son propre avis.

Ce dernier tome se consacre sur l’importance des femmes dans l’histoire de la franc-maçonnerie. 20% des francs-maçons sont d’ailleurs des femmes. Nous suivons ainsi le parcours de Sophie, mère de famille dans le Périgord, et membre d’une loge.

Le scénario n’est ainsi pas d’une grande complexité, et à travers l’héroïne, nous reprenons les parcours de destins de femmes qui ont œuvré au développement des loges. Ces femmes sont présentées aux autres membres de la loge à travers différentes lectures hebdomadaires de Sophie et de son amie Sandrine. Une ambition derrière : montrer le côté précurseur de la loge dans les combats féministes, elles qui ont du se battre (et c’est une réalité) pour être acceptées depuis les corps de maçons au Moyen Age.

Pour cela, nous suivons les histoires de Sabina Von Steinbach, une maçonne médiévale qui souhaite prendre la succession de son père, non sans difficultés. Puis, celles, tout aussi contrariées, d’Elizabeth Aldworth et Maria Deraismes, premières femmes initiées et fondatrice, pour la seconde, de l’éphémère première loge féminine.

Grand fil conducteur de cet épisode : la découverte de l’appartenance de Sophie à une loge maçonnique par son mari et ses enfants. Cheminement qui pousse aussi le mari à venir assister à des séances, convaincu également par un ami qui ne lui veut que du bien, alors qu’il pense que sa femme le trompe… Découverte parfaitement acceptée par des enfants ouverts d’esprit et curieux, évidemment ravis des grandes opportunités d’ouverture et de tolérance que promeuvent les loges.

Bref, le tableau idéal d’une famille idéale pour conclure une collection qui aura présenté la franc-maçonnerie sous ses meilleures auspices. Evidemment, les histoires présentées dans ces 12 tomes se basent sur des faits réels, des personnages existants, des faits historiques majeurs. Le graphisme a toujours été impeccable, à l’instar de ce dernier tome. Les cahiers de découverte permettent un réel approfondissement à chaque fois.

Néanmoins, l’aspect fictionnel apporte, au final, toujours une lecture positive et prosélyte de la maçonnerie. Mais comme tout à chacun est libre de ses lectures, de ses choix, de ses raisonnements, il est impossible de déconseiller la lecture de cette collection, dans son entièreté. Elle apporte de nombreux éléments de réflexion sur notre société, sur notre manière de penser. Elle permet une réelle appréhension du mythe franc-maçon.