Si pour beaucoup la franc-maçonnerie reste un mystère et une entité floue, la série développée par Didier Convard, Jean-Christophe Camus, et Denis Falque l’épopée de la franc-maçonnerie permet d’aborder l’histoire, les fondements et la philosophie de ce mouvement vieux de 400 ans.
Le tome huitLes précédents tomes ont été chroniqués sur la Cliothèque : L’ombre d’Hiram ; Les bâtisseurs ; Le mot du maçon ; Royal Society ; Le compas et le tomahawk ; Neuf sœurs et trois frères de l’épopée de la franc-maçonnerie intitulée le rêve d’Orient vient de paraître et, après avoir abordé la période révolutionnaire dans le tome sept, cette fois, les auteurs s’attardent sur l’époque napoléonienne, tout en reprenant le fil consacré aux trois pierres d’Hiram, puissants artefact censés assurer la concorde et la fraternité universelle pour les uns, la puissance et la gloire pour les autres.
L’histoire débute en 1777 … Ajaccio, la nuit… Napoléon et Joseph, deux enfants insouciants, jouent. Napoléon court se cacher dans le bureau de son père Charles. Mais ce dernier confronté au retour dramatique de son ami et frère maçon Montigny qui meurt dans ses bras après lui avoir confié comment retrouver l’une des trois pierres d’Hiram. Napoléon assiste à la scène. Mais la quête de la pierre, l’image de la veuve aux yeux bandés et du roi nu dans sa tombe le hanteront toute sa vie.
1798, l’hôtel Beauharnais -Bonaparte rue de la Victoire … Nous retrouvons Napoléon, et Joséphine, couple solide porté par la confiance réciproque que les époux se portent. Napoléon ne tarde pas à confier à Joséphine ce cauchemar qui le hante depuis l’enfance et s’en remet à sa sagesse maçonnique. S’en suivent l’expédition d’Égypte au cours de laquelle le futur Empereur retrouve l’une des trois pierres, son initiation dans une loge égyptienne, le coup d’Etat du 18 Brumaire, fidèlement reconstitué puis … La suite est à lire !
L’histoire développée par les auteurs, plus intime que le tome précédent, reprend ici une théorie selon laquelle Napoléon aurait été initié en tant que franc-maçon lors de la campagne d’Égypte. Le choix scénaristique est plausible et repose sur des bases historiques développées dans le dossier historique réalisé par Jean-Laurent Turbet qui accompagne le tome huit. En effet, la famille Bonaparte a compté de très nombreux francs-maçons : Charles, Joseph, Lucien, Louis et Jérôme, tandis que la grande majorité des dirigeants de l’empire tel que, par exemple, Talleyrand et Murat étaient des frères. Par conséquent il n’est pas illogique de penser que Napoléon lui-même n’aurait pas été initié. En effet, si d’un côté rien ne vient le confirmer concrètement, puisqu’il n’y a aucune trace concrète de son initiation, de l’autre côté certains éléments viendraient plutôt le confirmer.
Mais peu importe au fond car l’histoire développée repose sur un thème universel : l’ambition et le pouvoir, oui mais pour qui ? Et à quel prix ? Sans dévoiler le reste de l’histoire qui reprend une morale universelle développée dans et en dehors des loges, notons que le dernier mot revient à Joséphine, que les auteurs présentent sous un jour peu connu du grand public. Grande maîtresse des loges d’adoption (loges féminines), fine connaisseuse de la morale maçonnique, elle joue incontestablement ici le premier rôle dans ce tome, loin des clichés et des représentations traditionnels qui l’accompagnent ordinairement.
Nous attendons avec impatience le tome IX !
