Hélène Duccini, maître de conférences émérite à l’université Paris X Nanterre, a écrit plusieurs livres dont une « Histoire de la France au XVIIe siècle ». Ce nouvel ouvrage se présente comme « un outil de base….pour accompagner lectures et recherches » des étudiants.

Il s’agit donc de se livrer à un tour d’horizon, le plus exhaustif possible, de l’époque moderne. L’ouvrage est structuré en sept grandes parties correspondant à des mots clés : Etat et pouvoirs, international, institutions, économie, société, religion et culture. Pour chaque entrée, sont proposés une quinzaine d’articles, tous accompagnés de quelques références bibliographiques. Le livre comporte en outre un glossaire, un index. Un système d’astérisque permet un renvoi vers une notion définie par ailleurs dans le manuel.

Une large place aux documents et à l’iconographie

Il faut souligner l’optique choisie qui fait la part belle aux documents et notamment à l’iconographie. Au fur et à mesure de la lecture, cela pourra permettre à l’étudiant d’accumuler des références. Ainsi, l’entrée « colonies » donne accès à une carte liée à l’Inde, à un extrait de texte sur le voyage d’un navire négrier et à une illustration d’une plantation coloniale. En général, les éléments iconographiques sont accompagnés de quelques lignes de commentaire. Les documents ne sont pas en couleurs, mais ils sont réellement d’une grande netteté. On peut noter la large palette proposée composée notamment de documents différents de ceux attendus. Un grand nombre de cartes sur des espaces à échelle très différente est proposé permettant de naviguer entre les Alpes, la frontière nord-est de la France ou encore les voyages d’exploration de Bougainville.

Des notions générales à connaître

Le manuel aborde de nombreuses notions, c’est-à-dire celles que l’on rencontre tout au long des études d’histoire. Ainsi, on pourra lire humanisme, Renaissance, bourgeoisie, ou encore seigneurie. En quatre pages, l’essentiel est dit pour l’humanisme, mélangeant la théorie et des exemples à l’appui.
On peut lier à ce thème les articles qui abordent les institutions ou procédures à connaître pour l’époque moderne comme la Cour du Roi, les assemblées d ‘Etat ou le lit de justice. Intendants, offices ou ministres et secrétaires d’Etats sont ainsi définis. L’article Roi est particulièrement éclairant et brosse une utile synthèse loin des clichés encore parfois véhiculés sur ses pouvoirs. Le manuel ne se contente pas des grands attendus car il envisage aussi « concorde et tolérance » et envisage la question des sciences et techniques. Hélène Duccini souligne bien que le concept de tolérance n’est pas applicable à l’époque et qu’il s’agit alors de rechercher une concorde.

Le quotidien de l’époque moderne

Afin d’avoir une vue la plus large possible, Hélène Duccini propose donc des entrées centrées sur le quotidien qui offrent une perception intéressante des réalités d’une époque. A mi-chemin de la notion et du quotidien, l’auteur aborde le cas des révoltes populaires. Croquants, Nu-Pieds et Lustucrus sont ainsi abordés. On n’oubliera pas non plus qu’en terme alimentaire la France, de par son statut de pays catholique, observe l’abstinence, c’est-à-dire le repas sans viande au moins 150 jours par an. On apprendra peut-être quels étaient les jeux des enfants à l’époque, à savoir colin-maillard, cligne-musette c’est-à-dire cache-cache ou à coupe-têtes, soit saute-mouton. Pour mesurer combien la vie était fragile à l’époque, rappelons que la peste est responsable de la mort d’environ 2,8 millions de personnes au XVIIè siècle. Rapporté au chiffre total de la population, on comprend mieux l’angoisse résumée par le tryptique d’alors « peste, guerre et famine ». L’article « pratiques et observance » résume aussi efficacement le poids de la religion dans le quotidien d’une année.

La France est diversité

Parler de France à l’époque moderne oblige à introduire beaucoup de nuances, tant le pays reste divers. Ce thème ne constitue pas une entrée en tant que telle, mais se dessine au fur et à mesure de la lecture. Il en est ainsi de la carte d’introduction qui dessine les frontières du pays. On ressent cette variété par exemple avec l’article « langues et dialectes ». Il y a alors plusieurs aires linguistiques. En 1794, l’abbé Grégoire relève encore que le français n’est pas vraiment pratiqué dans quinze départements ! L’article sur les paysans renforce cette idée de diversité tant leur situation économique varie sur le territoire. Soulignons enfin que la variété de provenance des différents documents finit de valider cette diversité : règlement des compagnons menuisiers de Dijon, évocation d’un évêque réformateur à Cahors ou évocation d’une sorcière dans les archives du Nord.

En 250 pages, Hélène Duccini propose donc un tour d’horizon complet sur l’histoire moderne. Encore une fois, l’effort documentaire est à saluer et permet de faire de ce manuel un outil mais aussi une ouverture vers d’autres références, remplissant ainsi la mission qu’il s’était assignée.

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