Il y a 300 ans, un grand incendie frappa la ville de Rennes et détruisit son centre-ville médiéval. Une partie du centre a échappé aux flammes et on peut aujourd’hui admirer les maisons à pans de bois qui font la renommer de la capitale bretonne. Il se déclara dans la nuit du 22 au 23 Décembre 1720 dans la boutique d’un menuisier d’une petite rue du centre-ville. Cette nuit-là le vent est fort et tournant, il ne pleut pas pendant plusieurs jours. Cet incendie qui aurait pu être minime se retrouve très vite et incontrôlable.
Des historiens de l’Université Rennes 2 ont choisi de réaliser un livre conséquent pour en expliquer les causes, les faits et les conséquences. Rennes a tiré partie de cet incendie pour se renforcer, avoir vraiment l’allure d’une capitale provinciale. Ce sera pour elle un nouveau départ.
Sommaire
Cinq chapitres qui sont divisés en plusieurs parties :
1- Au feu! (L’événement, un document clef et méconnu, les sinistrés ont la parole) par David Garrioch
2- Horizons (1720 annus horribilis, l’incendie de Rennes un désastre exceptionnel en Europe, représenter l’incendie aux XVIIe et XVIIIe siècles)
3- Autour du brasier (Un bûcher préparé ?, « cet incendie fait le flambeau à la main », le feu le voeu la Vierge)
4- Reconstruire (les jours d’après, un chantier de plus d’un siècle, les pierres de la reconstruction)
5- Une ville nouvelle (nouvelles rues nouveaux noms, les riches et les pauvres également accablés ?, la patrimonialisation de la ville reconstruite, quelle(s) mémoire(s) pour l’incendie ?)
Avant de commencer la lecture des chapitres, quelques pages nous mettent pleinement dans le contexte : des mascarons sculptés sur les bâtiments qui ont été construits près du Parlement de Bretagne (palais de justice inauguré en 1655) ainsi que de nombreuses gravures représentant l’incendie et la panique des habitants de la ville tentant d’évacuer les immeubles et sauver ce qu’ils pouvaient. Nous voyons aussi le beffroi municipal en proie aux flammes. L’église Saint-Sauveur, la cathédrale et le Parlement échapperont miraculeusement aux flammes.
Préface
Elle a été réalisée par Nathalie Appéré, actuelle maire de Rennes. Elle y fait un parallèle avec l’incendie de Notre-Dame de Paris et de la cathédrale de Nantes. Et un événement qui touche chaque Rennais et chaque Rennaise : l’incendie du Parlement de Rennes dans la nuit du 4 au 5 février 1994 siège de la Cour d’appel ; lui qui avait échappé au grand incendie de 1720.
Elle rappelle que celui-ci dura une semaine mais fit très peu de victimes. Elle en profite pour souligner les travaux effectués par son équipe pour réhabiliter le Couvent des Jacobins et les projets qu’elle compte mener dans les prochaines années pour valoriser le patrimoine du centre-ville.
Introduction
Elle a été écrite par les directeurs de l’ouvrage, Gauthier Aubert et Georges Provost. Ils rappellent très brièvement ce qu’a vécu la ville durant son histoire et mettent un point d’honneur à montrer pourquoi 1720 représente pour Rennes et pour la France le début des Lumières dans l’urbanisme. En quoi cet incendie permit aux Lumières de s’inscrire dans le paysage et rompre avec l’architecture médiévale.
Ils nous rappellent que c’est la première fois que l’incendie est au coeur d’un ouvrage. En effet, deux thèses ont été consacrées à l’incendie de Rennes (l’une en 1923, l’autre en 1972) mais plus pour parler de la reconstruction.
Plusieurs questions ont surgi au cours de leurs travaux de recherche, et lancent ainsi un appel à de nouveaux travaux : « l’histoire sociale et économique de l’incendie et de la reconstruction reste à poursuivre dans leur dimension familiale et domestique ; la question de l’incidence du désastre sur la culture matérielle et les marchés de consommation ; celle de l’aura internationale de l’événement ; la mémoire domestique à travers les niches à Vierge qui semblent prolonger le souvenir du feu jusque dans les rues nouvelles construites bien plus tard » mais qui sont aujourd’hui très menacées.
Cette introduction a été écrite sur plusieurs pages car ils ont laissé de la place aux photographies et gravures, ce qui est une très bonne idée.
Le cœur du livre
Mis à part les titres des chapitres et sous-chapitres cités précédemment, il convient de dire ce que vous trouverez dans cet ouvrage en dehors des textes rédigés par leurs auteurs. De nombreux plans, tableaux, gravures, photographies, détails des sculptures, niches à Vierge etc sont présents et accompagnent les propos tenus dans les chapitres pour permettre au lecteur de mieux comprendre l’incendie de Rennes mais également les incendies connus dans d’autres villes européennes (Londres, Amsterdam, Copenhague, Paris….). De plus, un point est fait sur l’année 1720 qui fut difficile pour plusieurs raisons : la banqueroute de John Law, la peste à Marseille… L’architecture et la construction de nouveaux immeubles prend une place importante du livre, largement illustré par de nombreuses photographies et de plans. Un point sur les conséquences sociales sont intéressantes, montrant que les trois ordres (clergé, noblesse, tiers-état) furent touchés. Enfin, le livre s’achève par les autres incendies qu’a connu la ville les siècles suivants.
Présentation des directeurs de l’ouvrage
Gauthier Aubert : maître de conférences en histoire moderne à l’université Rennes 2 Haute-Bretagne et membre du CERHIO (UMR CNRS 6258). Il a notamment publié, Les révoltes du papier timbré (1675). Essai d’histoire événementielle (Presses universitaires de Rennes, 2014) et avec Olivier Chaline, Les Parlements de Louis XIV (PUR, 2010).
Georges Provost : maître de conférence en histoire moderne à l’université Rennes 2 Haute-Bretagne. Spécialiste de l’histoire religieuse et culturelle des XVIIe et XVIIIe siècles (domaine breton principalement) et des pèlerinages en France, XVIe-XVIIIe siècles. Membre du CERHIO.
Ils se sont appuyés sur les compétences et les connaissances précieuses de conservateurs du patrimoine aux archives de Rennes, d’Ille-et-Vilaine et de Bretagne, de géologues, de professeurs d’histoire moderne et d’histoire de l’art de Rennes 2 mais également de l’UBO, de Paris-Sorbonne et de Melbourne, de responsables du musée des beaux-arts de Rennes, d’Orléans et de Besançon, du musée de Bretagne…