Nous voici à présent au septième épisode de la grande épopée guerrière signée par Enrico Marini, dont le premier volet a déjà été chroniqué en son temps par la Cliothèque. Ce nouveau tome se place en l’an 15 de notre ère. Germanicus entre en Germanie à la tête de huit légions. Le talentueux général romain est animé de la ferme intention de venger Varus et de redorer l’honneur des armées de Rome, flétri six ans plus tôt par le désastre de Teutobourg.
L’un de ses chefs de cavalerie est le patricien romain Marcus Falco. Rien ne subsiste de l’amitié fraternelle de jeunesse entre ce dernier et le chef chérusque Arminius, élevé avec lui à Rome en tant qu’otage. Tous deux se vouent désormais une haine sanglante. Arminius, devenu citoyen romain et officier du consul Varus, l’a trahi en conduisant ses légions dans le piège de la forêt de Teutobourg (enjeu du livre V). Le massacre qui en a résulté a brisé les derniers liens entre les deux anciens amis de la plus atroce des façons. Arminius y a tué la femme de Falco et enlevé son fils. Rescapé déshonoré de Teutobourg, Falco a connu la déchéance sociale en devenant gladiateur. Mais Germanicus l’a sorti de l’arène pour en faire un de ses officiers et tirer parti de son excellente connaissance de l’ennemi germain.
Une campagne décisive s’engage ainsi en l’an 15. Les opérations s’engagent favorablement du côté romain. Leur succès est en partie lié aux dissensions intestines qui déchirent le camp adverse. Les haines personnelles sont aggravées par les accusations politiques qui prêtent à Arminius l’intention odieuse de devenir roi. L’aversion à son égard règne même au sein de sa famille. Son beau-père Ségeste est devenu un allié des Romains et a repris par la force sa fille enceinte d’Arminius. Aidé par Falco, il se réfugie dans le camp de Germanicus.
Cette intrigue tendue est servie par le dessin à la fois nerveux et expressif de Marini, porté par une alternance de tons bleutés et ocres. La qualité de la restitution graphique des ambiances et des situations matérielles forge un univers âpre particulièrement convaincant. Au fil des albums, l’intensité dramatique de la relation fictive entre Falco et Arminius n’a cessé de s’étoffer, à la mesure des enjeux historiques accrus auxquels elle est mêlée. Comment réagira Arminius à la capture de son épouse ? Falco sera-t-il en mesure de renouer avec son fils, à présent germanisé et adopté par Arminius ? Et Rome parviendra-t-elle à soumettre les indomptables Germains ? Pour le savoir, on est déjà impatient d’ouvrir le livre VIII.