Cette BD est une aventure personnelle pour l’auteur, Giorgio Albertini, qui en signe le scénario et les dessins. Son ambition était d’adapter l’histoire d’un marchand peu connu, Francesco Carletti, et qui, pourtant, a un destin exceptionnel.
Fils d’un marchand florentin, Francesco CarlettiVoir l’ouvrage s’Anna Unali,Autour du monde entier,L’Harmattan, 2021 est envoyé par son père, Antonio, en formation en Espagne. Comme pour beaucoup d’événements qui lui arrivent ensuite, c’est un peu forcé et contraint qu’il va se retrouver dans une aventure improbable au départ.
Rejoint par son père, avide de richesse et de fortune, voilà les deux hommes qui partent pour la première fois sur l’Océan atlantique, dans le cadre du commerce triangulaire. Ils découvrent ainsi le voyage en mer, le continent africain, les inégalités, auxquelles Francesco montre une sensibilité bien plus importante que son père.
Puis vient le départ vers l’Amérique pour vendre ces esclaves. Sur place, au milieu des méandres administratives, père et fils s’enfoncent dans plusieurs régions, à la recherche de tissu et autres ressources. Francesco montre des signes d’humanité envers les esclaves qu’il tente d’alphabétiser.
De manière assez imprévisible, notamment pour Francesco, ils traversent ensuite le Pacifique vers l’Asie, où ils font escale : les Mariannes, le Japon, la Chine, l’Inde. Antonio finit par y mourir. Francesco fait une rencontre bouleversante: il tombe amoureux et épouse une Coréenne qu’il va emmener ensuite vers l’Europe.
Enfin, vient la dernière étape de ce voyage: le retour vers l’Europe qui se fait dans le chaos, en raison des affrontements entre Hollandais, Espagnols, Portugais et Italiens dans l’Atlantique.
L’auteur nous propose donc le destin imprévu et imprévisible du premier commerçant qui a fait le tour du monde. Francesco profite de ce voyage pour rédiger une chronique qu’il adresse aux Médicis, chronique qui sera publiée à titre posthume au début du XVIIIe siècle: Les raisonnements. Il explique notamment les différences de fonctionnement des sociétés, il décrit moeurs et paysages des contrées visitées.
Ce voyage le transforme, le fait grandir, l’oblige à s’adapter, fait de lui, au final, un adulte responsable. Petit à petit, il passe du fait de subir les événements à en être acteur, même si cette impression d’être emporté par les courants de l’Histoire ne disparaît jamais vraiment.
Cette BD est une belle découverte. Si le style graphique est particulier, il ne dessert pas le scénario, même si plus de variété d’expressions, pour les personnages, auraient été bénéfiques. C’est un destin clairement hors norme que nous suivons et le lecteur peut s’identifier et s’attacher facilement au héros principal. La BD est exhaustive et repose sur un travail de documentation fouillé en amont. On sent la passion de l’auteur pour le personnage mis en scène. A lire sans retenue.
Fin du XVIIᵉe siècle. Le temps des grandes explorations, dominé par les Espagnols et les Portugais, bouleverse la carte du monde. Francesco Carletti, un jeune marchand italien fasciné par ces nouveaux horizons économiques, prend part à cette aventure. Il découvrira les splendeurs (nouvelles terres, peuples inconnus) et les misères (esclavage, destructions) qui posent les jalons d’une nouvelle ère, celle des Temps Modernes. Giorgio Albertini nous embarque dans une chronique passionnante, inspirée d’une histoire vraie, celle du premier marchand à effectuer le tour du monde. »
« Né en 1968 à Milan où il réside. Après des études en Histoire médiévale à l’Université de Milan, Giorgio Albertini se consacre pleinement à l’archéologie en participant à de nombreuses fouilles pour des institutions européennes chargées de la restitution graphique de sites archéologiques. Il travaille aussi comme illustrateur historique et scientifique. Il publie en Italie des essais historiques, comme son dernier ouvrage Les jours qui ont changé l’histoire de l’Italie, chez Newton Compton Editori. Parallèlement à cette activité, il entretient un réel intérêt pour la bande dessinée. Tout aussi à l’aise en tant que scénariste qu’en dessinateur, il est d’abord remarqué pour Sfessania, une histoire parue dans Papier 3 chez Delcourt en 2014. Suivront Decio avec Giampiero Casertano au dessin, pour les éditions ReNoir comics, en 2016, puis la très remarquée série Chronosquad avec Gregory Panaccione au dessin, toujours chez Delcourt. En 2017, il signe un premier récit chez Casterman, Flaubert paru dans le troisième volume de Pandora. En 2018, c’est en toute logique qu’il se voit confier le dessin du nouvel Alix, Veni, Vidi Vici, formant avec son ami David B. le duo aux commandes du 37e volume de la série. »
Professeur certifié au collège et lycée Saint-Charles à Rillieux-la-Pape (Rhône). Master II professionnel Culture de l'écrit et de l'image, spécialisé en histoire des religions, validé à l'université Lyon II et à l'ENSSIB.