Le nouveau numéro de Problèmes économiques propose, comme très souvent, des articles de grande qualité. Les sources oscillent entre des revues très spécialisées comme la revue du FMI, Finances et développement, des extraits de rapports annuels, comme Perspectives économiques en Afrique, ou des articles de revues comme Sciences humaines. On trouve aussi un certain nombre de repères sous forme de flashes ou de cartes.

Le dossier principal est consacré à l’Afrique, question que l’on aborde à plusieurs reprises au collège ou au lycée. Cinq articles permettent d’aborder trois points, à savoir la croissance de l’Afrique, ses facteurs, sans oublier les zones de fragilité.

Des raisons d’espérer

Le premier article livre un état des lieux très intéressant et très complet intitulé « le décollage économique incertain de l’Afrique ». Il se livre donc à un état des lieux des points de développement et de blocage. Les taux de croissance des pays africains sont situés autour de 4 % sur la période 2000-2010. Le taux de pauvreté dans les pays d’Afrique subsaharienne baisse d’un point de pourcentage tous les ans. L’auteur penche donc vers un aspect plutôt optimiste de la situation. Parmi les points positifs, l’article souligne aussi que plusieurs Etats africains ont fondé leur budget sur des prix raisonnables du pétrole et ne se trouvent donc pas en difficulté aujourd’hui. Dans un article de « Perspectives économiques », on peut aussi noter que les apports financiers extérieurs ont été multipliés par quatre depuis quinze ans.

Quels sont les facteurs à observer ?

Les différents articles soulignent aussi quels sont les points à observer pour jauger le développement de l’Afrique. Parmi eux, il y a la question des classes moyennes comme moteur de la croissance. Cette tranche totaliserait aujourd’hui 350 millions de personnes, soit autant qu’en Inde ou en Chine. Un encart est d’ailleurs consacré à la définition de cette notion souvent problématique. Une des caractéristiques de la classe moyenne en tout cas, est le souci de transmettre à ses enfants à la fois un patrimoine et une éducation qui leur permettent de vivre mieux que la génération précédente.
Parmi les autres points d’attention, on retrouve l’évolution démographique, l’urbanisation et le progrès technique. Pourtant l’Afrique demeure un continent sous peuplé avec 40 habitants par km2.
Un article est consacré à internet car l’Afrique a connu une croissance spectaculaire dans ce domaine en très peu de temps. La diffusion du téléphone mobile a des conséquences économiques sociales et politiques. Il y a en 2013, 400 millions d’utilisateurs uniques de mobiles en Afrique. A travers l’exemple de l’éducation, on découvre tous les bénéfices que peut apporter internet en Afrique pour permettre une diffusion massive du savoir.

Des points de fragilité

Un des articles relève que malgré la croissance économique officielle, les changements structurels sont encore rares. De même, l’état des infrastructures reste un point de blocage pour le développement. La main d’oeuvre qualifiée fait défaut.
Un encart est consacré à Ebola et à son impact notamment économique. Les trois pays les plus touchés sont des pays très pauvres et l’épidémie récente du virus leur fera perdre entre 3 et 7 % de croissance selon les cas. Le premier article ne voyait pas que des points positifs et pointait la corruption ou la place parfois très importante des matières premières dans l’économie de beaucoup de pays africains. Songeons également que 550 millions de personnes vivent toujours dans les campagnes. 60 % des citadins africains vivent dans des bidonvilles. Il y a donc là un enjeu crucial pour l’Afrique et son développement.
Autre point qui demeure crucial, c’est la démographie du continent qui encore à l’heure actuelle présente un taux de fécondité qui est le double de la moyenne mondiale. Les moins de 15 ans représentent 40 % de la population. Alors certes, le continent pourra profiter de cet effet de jeunesse d’après les économistes mais d’ci deux générations. Le Nigeria sera en 2050 le troisième pays au monde le plus peuplé avec 450 millions d’habitants. Notons également que le transfert d’argent par les migrants constitue le premier des apports financiers extérieurs à l’Afrique. Enfin, et ce point est peut-être davantage sujet à discussion pour voir si c’est positif ou négatif, l’aide publique au développement se maintient en faveur de l’Afrique.

Des Nobel, du pétrole et du gaz

Le reste des articles du numéro sont aussi à lire en détails avec tout d’abord l’économie mondiale racontée par 5 Nobel. Chacun d’eux s’est livré à l’exercice de savoir ce qui sera déterminant demain. Parmi les dangers mis en évidence, on ne sera pas surpris de trouver le réchauffement climatique ou encore la montée des inégalités dans les pays riches.
Les deux derniers articles s’insèrent dans le chapitre de seconde consacré aux défis énergétiques. Un premier article s’interroge pour savoir si le fait de posséder du pétrole est une chance ou une malédiction. Il s’agit en fait de la recension d’un ouvrage paru en 2012 et qui étudie de nombreux pays. Il en ressort que c’est plutôt une malédiction. En même temps, l’ouvrage fait le point aussi sur ce qu’on pourrait appeler de bonnes pratiques pour gérer l’or noir. Le point central c’est d’éviter la spécialisation. Un dernier article porte sur le gaz et l’Europe. Elle cherche à trouver de nouveaux fournisseurs et de nouvelles routes gazières. Un tableau synthétique résume sa stratégie.

Pour sa culture générale ou pour actualiser ses cours, Problèmes économiques reste une source de premier ordre. A ce titre, on pourra se reporter à quelques pistes liées à ce numéro dans la rubrique Cliolycée.

© Jean-Pierre Costille pour les Clionautes