Entre déclassement et (re)valorisation
Les outre-mer – territoires, îles, archipels, atolls, – passent généralement au second des représentations communes relatives aux nations et à leur rang dans le monde. Les avantages comparatifs qu’elles peuvent en tirer dans l’affirmation de leurs politiques de puissance et d’influence restent mal connus et peu reconnus. Pourtant, ces territoires extracontinentaux qui quadrillent le monde depuis l’époque moderne, en démultiplient remarquablement l’assise géographique et l’empreinte internationale.
Source : Extrait tiré du livre « Géopolitique des Outre-mer » aux éditions Le Cavalier Bleu, 2023, page 9
Dans la collection d’ouvrages de géopolitique du Cavalier bleu, l’ouvrage de Fred Constant a pour objectif de fournir une synthèse claire sur des espaces généralement considérés comme « des angles morts » (page 13). Les outre-mers sont dispersés à travers le monde et la souveraineté est exercée par un Etat bien souvent éloigné. Elles peuvent être sous souveraineté états-unienne (Guam, atoll de Midway, Mariannes du Nord, île de Wake, récif de Kingman, atoll de Palmyra), espagnole (Canaries, Baléares, Ceuta, Melilla), française (Guadeloupe, Wallis et Futuna, Saint Barthélémy), japonaise (Ogasawara, Ryukyu), danoise (Groenland, Iles Féroé), norvégienne (île Jan Mayen, île Bouvet), portugaise (Açores, Madère), néerlandaises (Sint Eustatius, Bonaire, Curaçao), britannique (Tristan Da Cunha, Bermudes, Pitcairn, Montserrat, Anguilla, Iles Vierges Britanniques), russe (Sakhaline, Nouvelle-Zemble), chilienne (Rapa Nui, Ile Salas & Gomez), australienne (Iles Cocos, ile Christmas), ou encore néo-zélandaise (Iles Cook, Niue, Tokelau). Une carte en noir et blanc permet de les localiser dès les premières pages de l’ouvrage.
Politiquement rattachés à une métropole, ces territoires sont le plus souvent des reliquats d’anciens empires coloniaux. Ces « poussières d’empire » (Jean-Christophe Gay) sont des relais de l’influence de la métropole, notamment sur les espaces maritimes. Des conflits peuvent apparaître comme c’est le cas en Mer de Chine méridionale où le Japon et la Chine se disputent le contrôle des îles Senkaku/Diaoyu. Ces territoires sont marqués par des degrés d’autonomie très différents. Les îles Féroé disposent d’un gouvernement qui détient le pouvoir exécutif et d’un parlement local où les parlementaires sont élus pour un mandat de 4 ans.
Du point de vue de la métropole, les territoires d’outre-mer sont des atouts en matière de défense. Les nombreux récifs et atolls parfois inhabités renforcent les capacités de contrôle et d’intervention des Etats-Unis dans l’Océan pacifique. La pêche artisanale et industrielle fournit des emplois (Iles Féroé, Saint Pierre et Miquelon) et un appui pour les forces aéronavales (Curaçao pour les Pays-Bas, Diego Garcia pour le Royaume-Uni et les Etats-Unis).
Ces territoires vulnérables (volcanisme, submersion) sont le lieu d’expression de conflits mémoriels (colonisation, esclavage, déportation). La mise en avant de la culture locale (danse, fêtes) et les difficultés à faire face aux problèmes environnementaux (chlordécone dans les Antilles, essais nucléaires dans l’atoll de Bikini) illustrent les contradictions entre la persistance d’une souveraineté exercée par une métropole et une autonomie de plus en plus grande (Nouvelle-Calédonie, Guam, Bonaire). Ainsi, les outre-mer, de par leur statut ambivalent, sont des lieux où les relations de pouvoir sont négociées, devenant parfois conflictuelles.
En conclusion, cette synthèse très simple à lire est une porte d’accès pour l’étude des territoires ultramarins. Les exemples locaux sont riches.
Les enseignants de collège et lycée pourront mobiliser certains paragraphes d’une dizaine de lignes pour étudier les mers et les océans, la notion de puissance, l’Union européenne (RUP) ou les conflits d’usage. Ce livre peut notamment être conseillé aux élèves en Première HGGSP dans le cadre du chapitre sur la puissance.
Pour aller plus loin :
- Présentation de l’éditeur -> Lien
Antoine BARONNET @ Clionautes