Les éditions Casterman nous proposent ici en 60 pages les aventures des « Enfants perchés de la Révolution » Tome 1, L’affaire Réveillon (un dossier de 4 pages pour rappeler le contexte historique vient compléter l’ensemble).
Jean-Sébastien Bordas est à la fois le scénariste, le dessinateur et le coloriste de cet ouvrage. Auteur des « Naufragés de la méduse », il semble se plaire à mêler les aventures de ses héros à l’Histoire de France.
L’histoire en quelques mots
L’histoire débute le 21 avril 1789 dans le contexte tendu de l’ouverture des États généraux. Après une annonce d’un nouveau report de l’ouverture des États généraux, le mécontentement ne cesse de grandir parmi le Tiers État.
Thibault Pellegrin, veuf et tailleur installé dans le Faubourg Saint-Antoine annonce à son fils Michel qu’il va bientôt être l’auteur d’un livre « L’art du tailleur ». Michel lui s’intéresse à la mécanique et cherche à mieux comprendre l’horlogerie, la serrurerie. Tous deux vivent avec Renaud (le frère de Thibault).
Lors d’une assemblée de quartier, Thibault apprend que Réveillon l’homme le plus riche du Faubourg veut baisser le salaire des ouvriers ; ce qui conduirait à plonger ces derniers dans la misère. La rumeur se propage et le peuple (dont Thibault et Renaud) descend alors dans la rue ; la tension monte. Le Duc d’Orléans fait alors son apparition sous les hourras et les acclamations. Cela ne fait toutefois pas descendre la colère du peuple qui envahit l’hôtel de Réveillon et le met à sac. Un régiment royal est alors envoyé pour mater la révolte. C’est à partir de ce moment-là que l’on perd la trace de Thibault.
Renaud, désemparé, tente de concilier recherche de son frère et s’occuper de Michel. Incapable de faire les deux il décide alors de confier son neveu aux Enfants Trouvés (orphelinat géré par les Sœurs). Michel devient alors le souffre-douleur d’anciens employés de Réveillon. Pendant ce temps, les recherches de Renaud dans les différentes prisons parisiennes restent infructueuses. Une seule explication : Thibault est à la Bastille.
Lors d’un passage nocturne dans les cuisines de l’orphelinat, Michel fait la rencontre d’une voleuse acrobate qui va le mener sur les toits de Paris. Cheffe des Enfants perchés du Faubourg, Charlotte va proposer à notre héros de se joindre à son clan. Ce dernier accepte à la condition que le clan l’aide à faire échapper son père de la Bastille.
Petit bonus
A la fin de la BD, le lecteur peut retrouver 4 pages de contextualisation. S’appuyant sur des chiffres et des œuvres d’époques (citons ici la célèbre Eau forte coloriée « Le Tiers-État portant sur son dos le Clergé et la Noblesse », le lecteur peut approfondir ses connaissances sur les trois ordres, le contexte économique à la veille de la Révolution, le peuple du Faubourg, le Duc d’Orléans… Succinct pour l’historien mais amplement suffisant pour tout lecteur curieux.
Le contexte historique de l’histoire
Nous sommes à la veille de l’ouverture des États-généraux (reportée à plusieurs reprises). La colère gronde parmi le peuple. L’hiver rigoureux a provoqué une crise de subsistance (le prix du pain a fortement augmenté à Paris), le risque d’un chômage de masse et d’une disette fait craindre le pire au peuple et par conséquent exacerbe les tensions.
La figure royale ainsi que la reine Marie-Antoine est mise à mal alors que le Duc d’Orléans peut compter sur le soutien du peuple.
L’intrigue principale tourne autour de l’affaire Réveillon, une révolte populaire qui se déroula entre le 26 et le 28 avril 1789. Réveillon est l’un des hommes les plus riches du faubourg. Entrepreneur à la tête de la manufacture royale de papiers peints, il aurait tenu des propos un peu trop libéraux pour l’époque. La rumeur d’une envie de Réveillon de baisser les salaires se propage et le lundi 27 avril, des milliers de personnes descendent dans la rue. Malgré le passage du Duc d’Orléans le mardi 28 avril (qui appellera au calme et distribuera de l’argent), la tension ne faiblit pas et dans la nuit, les émeutiers parviennent à franchir les barricades et mettent à sac l’hôtel de Réveillon. Les historiens restent partagés sur les motivations de cet évènement ? Emeute ? Coup monté ?
Les procès-verbaux d’interrogatoire rapportent que les paroles prêtées à Réveillon et à Henriot, selon lesquels les ouvriers pouvaient vivre avec 15 sous par jour, avaient été pour tous un sujet d’indignation qui les avait fait sortir dans la rue. D’autres pièces parlent de la « solidarité » nécessaire entre ouvriers. Le prix du pain est alors de 14 sous et demi, voilà la véritable raison de l’émeute! Par là, le mouvement appartient à la longue série des soulèvements d’Ancien Régime, causés par la disette, la pénurie, la faim. Non point un mouvement de classe : nulle récrimination contre les « patrons »; rien que de la fureur contre deux personnes censées avoir tenu des propos scandaleux, provocants, injuriant la misère du peuple.https://www.lemonde.fr/archives/article/1988/07/23/1789-l-annee-sans-pareille-10-l-affaire-reveillon_4083802_1819218.html
Pour conclure, une BD agréable à lire (tant par le graphisme que par l’histoire). Ce tome 1 a le mérite de placer les bases d’une histoire s’appuyant sur des faits historiques. Tout laisse à penser maintenant que Michel va vivre des aventures passionnantes… et dangereuses !
Avis de Malo 9 ans : L’histoire se passe le 21 avril 1789, pendant la révolution française. Cette histoire raconte la vie d’un petit garçon qui travaille dans l’atelier de couture de son père. On apprend qu’il aime la mécanique et qu’il veut en faire son métier. Son père va disparaître lors d’une révolte et il se retrouve tout seul avec son oncle. Il va alors être abandonné dans un orphelinat. Il rencontre une fille qui vit sur les toits de Paris et qui veut le faire venir dans son clan. Il est d’accord à condition de l’aider à faire sortir son père de la prison de la Bastille.
Cette BD est bien faite. Il y a de beaux dessins et du suspens. On ne sait pas s’il va retrouver son père. On a envie de lire toute de suite le tome 2.
