50 ans d’organisation collective

Lors d’un colloque tenu en mars 2023, l’Association Française de Pastoralisme a dressé un panorama des adaptations, des outils nés de la loi pastorale de 1972.

Cet ouvrage présente les différentes contributions entre histoire et réflexion sur l’avenir du pastoralisme dans un monde en mutation.

Après les discours introductifs d’usage de Marc Fesneau, ministre de l’Agriculture et de quelques élus locaux, Bruno Caraguel, le président de l’Association Française de Pastoralisme, rappelle le rôle de cette association.

Les contributions sont organisées autour de quatre grands thèmes.

Un demi-siècle d’application de la loi pastorale

Pour Solenn Graffard, chargée de mission à l’Association Française de Pastoralisme, cette pratique ancestrale a encore une place à une époque d’intensification de l’agriculture. Elle met en avant la prise de conscience de l’importance des espaces pastoraux pour le maintien d’une population rurale dans les zones de montagne. Elle rappelle la lente mise en application de la loi de 1972 avec comme points forts l’indemnité spéciale de montagne et l’indemnité compensatoire des handicaps naturels. La réforme, au début des années 2000, a renforcé les AFP (Association foncière pastorale). Elle conclut sur un pastoralisme bien en phase avec les attentes sociétales du XXIe siècle.

Suivent des présentations de cas bien localisés qui témoignent de pratiques diversifiées :

  • le point de vue d’un éleveur de Haute-Provence qui montre comment la loi a permis de restaurer cette pratique grâce à des conventions pluriannuelles de pâturage et aux groupements pastoraux.
  • le président de l’AFP du marais de Brouage évoque la situation du pastoralisme dans les marais atlantiques.
  • un élu de la région Auvergne-Rhône-Alpes montre l’intérêt des contrats d’alpage dans les départements alpins et le rôle des AFP pour un accès simplifié et plus sûr aux alpages.
  • Hervé Gaymard, ancien ministre de l’Agriculture, retrace la genèse de la loi.

Les Communs dans la gestion pastorale

Corinne Eychenne, géographe et Hélène Devin, animatrice pastorale, présentent la force du pastoralisme collectif et la défense des droits de communautés. Elles décrivent les Associations foncières pastorales (AFP) et les groupements pastoraux (GP) et montrent les réalités dans les Pyrénées, notamment dans le rôle des gestionnaires d’estive.

En Alsace, dans la vallée de la Bruche, c’est l’action des collectivités locales pour la préservation des paysages qui est décrite par Jean-Sébastien Laumond et Jacques Michel. Ils présentent le rôle des AFP et l’engagement des élus même si, parfois, les questions de défrichement complique la mise en œuvre.

Un éleveur berger savoyard, Fernand LégerRencontre avec Michel Serres : Le Berger et le Philosophe présente la lente reconquête pastorale dans le Massif de la Lauzière, dans les années 1980. Les conflits entre éleveurs-bergers et la collectivité ont débouché sur un ensemble de règles pour permettre, à la fois, l’estive des troupeaux et la protection des captages d’eau pour la vallée et la station de Valmorel. Il décrit l’amélioration des conditions de travail et de vie des bergers, confrontés, aujourd’hui, à la menace de la prédation par le loupSur ce thème, le film Loup, la charge mentale (pour le visionner).

Attentes sociétales du pastoralisme

Coralie Amar décrit, à quelles conditions, le pastoralisme peut être une activité agroécologique. Éviter le surpâturage qui favorise la prolifération des parasites et favoriser la bonne utilisation des diverses strates de végétation sont les axes d’une réflexion techniqueLa pastothèque T1 – La montagne, Hermann Dodier, Laurent Garde, Emmanuelle Genevet, Raphaëlle Charmetant, Gaëlle Grivel (Coord.), Editions Cardère, 2023.

Les bergers, sont-ils archaïque ? C’est à cette question que répond Laurent garde. Il montre un métier en pleine rénovation, mais soumis à de nouvelles menaces : prédation, climat.

Charles Dereix, président de l’association Forêt méditerranéenne, montre l’intérêt du sylvopastoralisme dans ces espaces : un outil de protection contre le feu et un espace de production fourragère. L’efficacité n’est réelle que si c’est un projet collectif de territoire qui se heurte parfois à la réglementation qui doit évoluer.

Les porte-paroles des bergères et bergers de France montrent l’évolution de leur métier et leurs revendications pour un statut et une place dans la gouvernance du pastoralisme.

Francis Girad, éleveur dans le Var, renoue avec une pratique ancienne, la transhumance à pied entre Bauduen et l’alpage de Vallon Mary en UbayeDes Alpes à la Méditerranée – 25 ans de transhumance hivernale.

Deux contributions emmènent le lecteur en Catalogne : une présentation de l’école des bergères et bergers crée en 2009 par l’association Rurbans et celle du Plan stratégique d’élevage extensif de porc.

Réflexions prospectives

Cette dernière partie retranscrit une table ronde où les techniciens, les éleveurs, bergers côtoient les politiques autour de trois questions : l’environnement, entre paysage et biodiversité ; le collectif : emploi collectif d’un berger, gestion communautaire des estives ; les questions sociales et sociétales du droit du travail à la dimension culturelle du pastoralisme.

 

 Cet ouvrage est un point d’étape sur une activité en pleine évolution.