Le présent ouvrage est une réédition du livre de Pierre Deffontaines publié en 1972 chez Gallimard, agrémenté des dessins à l’encre ou au crayon que l’auteur a réalisé tout au long de sa vie au cours de ses différents voyages, en Amérique latine ou en Europe. Pierre Deffontaines (1894-1978) est un disciple de Jean Brunhes et d’Albert Demangeon avec qui il entreprend une thèse de géographie, Les hommes et leurs travaux dans les pays de la Moyenne Garonne (Agenais et Bas-Quercy), soutenue à l’Université de Paris en 1932.
Les travaux de Pierre Deffontaines sont assez novateurs dans les années 1930. Dans un monde scientifique où la géographie physique règne encore en maître, Deffontaines a choisi de se tourner vers la géographie humaine. Dans ce domaine, il se montre très intéressé par une interdisciplinarité le rapprochant des sciences sociales, notamment de l’ethnologie et de la sociologie enseignée par Marcel Mauss. Il créé d’ailleurs en 1947 la Revue de géographie humaine et d’ethnologie.
Il ne fait aucun doute que l’ouvrage de Deffontaines, paru en 1972, ait pu faire date et que son ampleur ait pu être universelle tellement les approches thématiques et les techniques comparatives mises en œuvre dans ce travail étaient originales à l’époque où la France s’éveillait à peine au tournant culturel qui s’annonçait. L’ouvrage est écrit au moment où les changements du rapport entre l’homme et la planète s’accélèrent.
Pour Deffontaines, la maison est « la marque la plus visible de la présence de l’homme à la surface de la Terre » (p.43). L’étude qu’entreprend Deffontaines à partir des logis humains croise anthropologie, sociologie, ethnologie mais aussi éthologie, en comparant ainsi le comportement humain avec le comportement animal. L’étude de Deffontaines est développée en 17 thématiques qui vont du type d’habitation, aux dispositifs de toiture, aux mobilités du logement, en passant par les dispositifs de contact, la conserve des produits ou encore les dispositifs religieux à l’intérieur de la maison.
L’ouvrage est complet et fournit un solide point de référence et de départ à qui souhaiterait travailler sur les habitations. À sa charge de réactualiser certaines données et certains comportements très rapidement abordés et écartés par Deffontaines en introduction, à savoir, les sans-logis. Peut-on véritablement les considérer comme tel ? À la lecture de Deffontaines, se réunir autour d’un feu, d’un brasero fait déjà office de « maison ». Est-ce suffisant ? L’aspect culturel, que nous évoquions au début de cet article, est finalement très peu invité pour comprendre ce que la maison à d’humain et non d’animal.