Cet ouvrage est publié à l’occasion de l’exposition Les forêts natales – Arts d’Afrique équatoriale atlantique qui se tient au Musée du quai Branly – Jacques Chirac du 3 octobre 2017 au 21 janvier 2018.

Yves Le Fur, conservateur général du musée et commissaire de l’exposition introduit ce beau livre en situant le cadre géographique : Guinée équatoriale, Gabon et Nord Congo et les deux types d’œuvres présentées : des statuettes reliées aux cultes des ancêtres et les masques, utilisés dans diverses manifestations sociales, initiation, justice, cérémonies… Il resitue les œuvres dans le contexte des migrations bantoues qui expliquent la variété des styles.

Histoire et migrations

Guy Claver Loubamono-Bessacque, historien spécialiste des mouvements migratoires en Afrique centrale, décrit un panorama des déplacements de populations : quand et comment s’est fait le peuplement de la forêt équatoriale atlantique par divers groupes bantous. L’étude prend appui à la fois sur la tradition orale, les récits des explorateurs et l’analyse linguistique. L’auteur décrit les migrations depuis le Nord-Est le long des cours d’eau, notamment l’Ivindo dès le Ve siècle. Puis au XVe siècle arrivent des populations de l’Est du Congo et d’autres du Sud comme les Ngubi. Deux cartes (pages 22-23) permettent une bonne visualisation de ces mouvements complexes.
L’auteur aborde les causes de ces migrations : la guerre, l’appauvrissement des sols mais aussi les croyances comme la malédiction attribuée à une surmortalité.

Patrick Mouguiama-Daouda, linguiste de l’université Omar Bongo de Libreville, traite de l’expansion bantoue par l’étude des langues des pygmées (datation dès l’époque préhistorique, origine) et leur remplacement par les langues bantoues dès le néolithique même si les traits culturels pygmées ne disparaissent pas. La carte (page 29) met en évidence l’extrème dispersion des langues utilisées dans la région.

Louis Perrois, ethnologue, présente les styles artistiques, leur évolution. Il dresse un tableau général des divers styles : Fang, Kota, Kwele, Mbede, Tsogo et Punu (carte p. 40-41). Cet article introduit la seconde partie.

Les styles

Chaque chapitre est présenté de la même façon : quelques pages de reproductions des œuvres suivies d’un article reprenant chaque exemple et d’un ou deux petits articles complémentaires plus spécifiques.

Les Fangs, article présenté par Louis Perrois
La présentation du peuple et de ses déplacements introduit l’analyse détaillée des œuvres sculptées : les statues d’ancêtres puis les masques. Chaque objet est présenté en détail : date et lieu de collecte, un numéro permet de le retrouver dans les pages introductives du style. Mais on regrettera de n’avoir pas l’indication de la page où il est reproduit, pleine page, en troisième partie.
On découvre le contexte de leur création, les fonctions rituels.
L’article complémentaire sur les Fang-Beti est signé par Bienvenu Cyrille Bela.

Les Kwele, article présenté par Louis Perrois
Leurs masques sont en lien avec les rites d’initiation masculine et utilisés lors des funérailles.

Les Kota article présenté par Louis Perrois
Leurs œuvres sont caractérisées par l’emploi du bois et du cuivre et la technique en ronde-bosse.
Quelques reproductions de gravures du XIXe siècle ou de photographies plus récentes apportent des informations précieuses sur leurs usages.
L’article complémentaire sur Les Kota de la Sébé est signé Guy Claver Loubamono-Bessacque.

Christophe Moulherat propose des regards croisés sur les figures de reliquaire d’après les collections du Musée du quai Branly – Jacques Chirac.

De nombreuses œuvres présentées lors de l’exposition viennent d’autres musées ou de collections privées, leur réunion à Paris est exceptionnelle et invite à une visite.

Avec l’article de Charlotte Grand-Dufay, professeure d’histoire spécialiste des arts du Sud Gabon et Nord Congo on aborde les peuples du centre sud : Duma, Nzebi, Tsogo et Vuvi pour lesquels on a surtout des masques, quelques reliquaires mais aussi de des piliers de case rituelle tsogo. L’auteur rappelle que cette région a été « terra incognita » jusqu’au XIXe siècle même si on trouve certains groupes parmi des captifs de la traite comme les Tsogo. Elle développe le contexte religieux des œuvres avant d’en proposer une typologie.

Alisa LaGamma, conservatrice en chef du département d’Afrique au Metropolitain Muséeum de New-York montre les relations entre les artistes européens du début du XXe siècle : Apollinaire (un instrument de musique le pluriarc), Vlaminck ou Picasso (masques) avec l’ « art nègre » notamment des Punu. Elle développe également l’utilisation des masques Mukudj dans des danses sur échasses.

En complément un entretien de Jean-Claude Andrault avec Yves Le Fur daté de 1998 : contribution à l’étude des masques du Gabon et un bref article d’un expert Pierre Amrouche qui dresse le portrait d’un grand connaisseur de l’art bantou : Aristide Courtois (1883-1962).

Figures de style

Cette troisième partie propose la reproduction pleine page de chacune des œuvres présentées dans l’exposition classées. On retrouve ici les statues d’ancêtres, gardiens de reliquaires des Fang, les têtes d’ancêtres, gardiens de reliquaires des Fang, les masques des Fang, les Kwele, les masques-heaumes emboli et les masques des Mahongwe, les figures de reliquaire des Kota, les statues et couvercles-reliquaires des Mbede, les masques du Centre de l’Afrique équatoriale atlantique, les Tsogo et les masques des Punu.

Une bibliographie et la liste des œuvres exposées complètent l’ouvrage.