Avec l’efficacité qu’on lui connaît, le service de presse des éditions Nathan, en charge de cette collection, nous a déjà envoyé, ce 27 mai, l’ouvrage dont nous avions annoncé la parution, le 23 mai dernier. Cette réactivité à nos demandes mérite incontestablement d’être soulignée.
Cet ouvrage qui est destiné aux classes préparatoires des grandes écoles, qui connaissent, elle aussi, un changement de programme, à la rentrée de septembre 2013, s’inscrit dans la continuité de cette collection, « nouveaux continents » dont nous avons déjà présenté sur notre site, l’intégralité de la collection.
Nous avions signalé à l’époque, la qualité de la réalisation au niveau matériel, notamment l’excellence de la mise en page, et le soin apporté à la réalisation des cartes et croquis.
Il s’agit d’un manuel de cours, rédigés par des professeurs de classes préparatoires, pour la plupart en exercice, ce qui est un gage de réactivité par rapport aux besoins réels des étudiants et de leurs professeurs. On soulignera cependant le caractère très concentré géographiquement, autour de Paris, et Paris intra-muros, de la totalité des auteurs de cet ouvrage. Il ne serait pas inutile que les éditeurs prennent conscience cependant, qu’il existe aussi d’excellents auteurs qui ont fait le choix de vivre et de travailler « au pays ».
Si cela ne doit pas gêner les étudiants, il n’est pas évident qu’un certain aspect « parisien » ne risque de susciter quelques remarques des professeurs de « province ».
Pour le reste, le choix qui a été fait est de présenter les grandes mutations du monde au XXe siècle, entre 1913 au début des années 90. Le choix peut apparaître surprenant, on aurait pu supposer que le 11 septembre 2001 constitue une date repère plus évidente.
Sur le fond, au niveau des contenus, l’ouvrage reprend, en les approfondissant, et avec une approche nouvelle, ce que l’on pouvait trouver dans des manuels du second degré, première et terminale des années 80. Cela montre, s’il en était besoin, les vagues successives d’appauvrissement des contenus que l’histoire de la géographie ont dû subir, à coups d’allégements successifs.
Cet ouvrage qui est destiné à des élèves qui préparent les écoles supérieures de commerce, entre autres, insiste largement, et ce choix est pertinent, sur les questions de puissances émergentes, de hiérarchie mondiale au lendemain de la Grande guerre, en accordant une place importante, et parfaitement justifiée, à la crise de 1929, présentée sous l’angle d’une économie mondiale fragmentée.
De la même façon, dans les chapitres cinq et six, les questions sur la géopolitique de la guerre froide et la géopolitique de la décolonisation s’inscrivent dans une approche nouvelle, notamment grâce à des cartes extrêmement parlantes. On n’y trouve également, dans des encadrés, intitulé : « repères », des notices biographiques ou des définitions, sur les notions qui correspondent aux chapitres.
La seconde partie sur laquelle nous insisterons, dans cette recension qui ne prétend pas à l’exhaustivité, traite de l’économie mondiale, sur la période 1945-1990. On notera au passage qu’en début de partie, un résumé de chaque chapitre en quelques lignes est proposé.
Encore une fois, il s’agit d’une excellente idée. Le choix qui est fait de présenté en ouverture de chapitre la reprise du processus de mondialisation, au lendemain de la seconde guerre mondiale, nous apparaît excellent, car il relativise cette « mode » un peu réductrice, qui fait démarrer l’explosion du processus au début des années 80. Pour le reste, il s’agit d’un bon manuel d’histoire économique, qui montre, s’il en était besoin, le maintien de la domination des États-Unis pendant la période, et la montée en puissance des pays occidentaux, union européenne, et Japon. Il n’est pas encore question alors, de pays émergents.
Évidemment, il ne faut pas s’attendre sur un manuel de 381 pages, ce qui est déjà conséquent, à des développements plus précis, et plus long que deux à trois pages, par partie et par sous parties.
Dans ce contexte, on appréciera le chapitre trois sur le progrès social, en s’étonnant cependant que les choix politiques qui ont permis de le mener, on pense au programme du conseil national de la résistance en France, ne soit pas évoquée. Le chapitre sur la croissance soviétique, puisqu’il y en a eu une entre 1945 et 1973, aurait mérité peut-être un peu plus de précisions. On pense notamment à la réforme Libermann, entreprises sous l’ère Brejnev. Elles sont tout de même évoquées plus tard, dans l’analyse de l’effondrement du système soviétique, page 247.
Au passage, on aurait peut-être pu mentionner également le fait que le choc pétrolier a été particulièrement avantageux pour l’Union soviétique, qui exportez la moitié de son pétrole en direction du bloc occidental, des exportations qui ont pu contribuer à financer la course aux armements, et notamment le fameux rattrapage, qui s’est manifesté au début des années 80. Il faut savoir que c’est à la fin des années 70, que l’on peut considérer que l’Union soviétique a atteint, au prix de sacrifices considérables, et au détriment du niveau de vie de la population, une forme de parité stratégique avec les États-Unis. On pense notamment à la flotte de haute mer, et au programme particulièrement coûteux et destructeur au niveau environnemental du développement des sous-marins nucléaires soviétiques.
Le tournant des années 80 est envisagé sous l’angle de la résurgence du libéralisme, dont le bilan est pour le moins qualifié de « mitigé ». On aurait peut-être pu faire remarquer que ce tournant libéral semble s’être imposé à l’ensemble des pays occidentaux, y compris ceux qui étaient dirigés par des partis politiques de gauche.
On appréciera cependant la présentation de la deuxième phase de la mondialisation, dans le chapitre 15, le nouveau visage de la mondialisation qui présente le phénomène de façon globale, à la fois par la croissance des flux d’échanges que par la globalisation financière et ses dérives. Il est évident que cet ouvrage n’aurait pas été écrit de la même façon, avant 2008.
Pour conclure, sur l’excellente impression que cet ouvrage nous laisse, j’insisterai sur le caractère « nomade » que l’éditeur a voulu lui donner. L’acheteur du livre papier dispose d’une clé d’activation personnelle qui lui permet d’utiliser son livre sur un Smartphone, une tablette, un PC ou un Mac. Sur la possibilité d’utiliser cet ouvrage sur un Smartphone, on pourrait s’interroger sur l’aspect « antisèche » que des étudiants indélicats pourraient lui donner. Nous espérons que cet avertissement permettra aux professeurs de ces étudiants, de se prémunir contre ces comportements, que l’Internet nomade a tendance à favoriser.
Cependant, on peut considérer qu’il peut y avoir pour cette possibilité de support numérique, une utilisation vertueuse, c’est en tout cas le but recherché.
Bruno Modica