Qui n’a jamais rêvé ou frissonné devant la silhouette d’un phare isolé battu par les vagues ? Qui ne s’est jamais interrogé sur la façon dont ils avaient été bâtis, sur la vie de ces gardiens de phare obligés de vivre isolés, sur leurs utilités aujourd’hui dans ce monde de haute technologie où la navigation se fait au GPS ?
Ce sont en tous les cas les questions que s’est posé José Luis González Macías devant sa mappemonde Michelin lorsqu’il voyait ces noms près de point noirs isolés. Bien que n’étant pas un habitué des milieux marins, cet éditeur, graphiste et illustrateur espagnol passionné de cartographie a plongé dans les archives et les écrits sur ces “phares du bout du monde” (en référence au roman de Jules Verne publié en 1901 et qui prend pour cadre le phare de San Juan de Salvamento en Patagonie). Bien que l’auteur ne se soit jamais rendu dans ces phares isolés (certains d’ailleurs n’existant plus), cet atlas est le résultat de ses investigations.
Le choix de José Luis González Macías s’est arrêté sur 34 “phares du bout du monde” situés aux quatre coins du monde (même si la plupart de ceux sélectionnés sont situés sur les continents américain et européen). Le format de présentation est identique à chaque phare.
Il raconte sur une première page une histoire (ou une anecdote) du phare sélectionné. En vis-à-vis, on retrouve un dessin du phare dessiné dans son contexte géographique par José Luis González Macías lui-même.
Sur la 3ème page, le dessin du phare est comparé à l’échelle humaine pour bien se rendre compte des dimensions. Ce dessin est toujours accompagné d’une fiche d’identité du phare comprenant :
- Sa localisation (mer, océan et continent mais aussi ses coordonnées géographiques précises)
- Le nom de son ingénieur ainsi que ses dates de construction et de mise en service
- Il est précisé si le phare est toujours actif ou pas (et sinon depuis quand)
- Une présentation synthétique de la structure du phare accompagnée de ses caractéristiques techniques (hauteur de la tour, hauteur de la focale, sa portée, son type de feux)
Sur la page en vis-à-vis, l’auteur localise le phare sur des cartes à différentes échelles avec une nomenclature dans la langue (et l’écriture) du pays où il se trouve (rajoutant une part d’exotisme à la lecture de l’ouvrage).
La liste des 34 phares présentés dans cet atlas (dans l’ordre choisi par l’auteur):
- Le phare d’Adziogol en Ukraine
- Le phare Amédée en Nouvelle-Calédonie
- Le phare d’Aniva en Russie
- Le phare de Bell Rock au Royaume-Uni
- Le phare de Buda en Espagne
- Le phare de Cabo Blanco en Argentine
- Le phare de Clipperton
- Le phare de Columbretes en Espagne
- Le phare d’Eddystone au Royaume-Uni
- Le phare d’Eldred Rock aux Etats-Unis
- Le phare Evangelistas au Chili
- Le phare des îles Flannan au Royaume-Uni
- Le phare de Godrevy au Royaume-Uni
- Le phare Great Isaac Cay aux Bahamas
- Le phare de Grip en Norvège
- Le phare du cap Guardafui en Somalie
- Le phare de la Jument en France
- Le phare de Klein Curaçao aux Pays-Bas
- Le phare de Lime Rock aux Etats-unis
- Le phare de Longstone au Royaume-Uni
- Le phare de Maatsuyker en Australie
- Le phare de Matinicus Rock aux Etats-Unis
- Le phare de la Navasse aux Etats-Unis
- Le phare de l’île Robben en Afrique du Sud
- Le phare du Rocher aux Oiseaux au Canada
- Le phare de Rubjerg Knude au Danemark
- Le phare de San Juan de Salvamento en Argentine
- Le phare des Smalls au Royaume-Uni
- Le phare de Stannard Rock aux Etats-Unis
- Le phare de l’île Stephens en Nouvelle-Zélande
- Le phare de Svyatonossky en Russie
- Le phare de Tillamook Rock aux Etats-Unis
- Le phare de la Vieille en France
- Le phare de Wenzwei Zhou en Chine
Avec cet atlas, José Luis González Macías nous convie selon les mots de Paolo Rumiz a un “voyage immobile”. Ce voyage se fait au gré des pérégrinations de notre imagination sur le planisphère d’entrée : l’absence de classement scientifique dans la liste des phares nous invite à cette errance mentale sautant d’un continent à un autre, d’un pays à un autre, d’un océan à un autre sans réelle logique. C’est aussi un voyage dans le temps qui nous est proposé : l’auteur nous raconte un temps révolu où les phares étaient encore entretenus par des gardiens de phare dans des conditions souvent dantesques. Le portrait de ces hommes (mais aussi parfois de ces femmes) est souvent déchirant, véritables héros du quotidien luttant et faisant corps avec les éléments déchaînés. C’est enfin à un voyage poétique auquel José Luis González Macías nous invite avec l’utilisation de ces couleurs pastel dans les illustrations et dans les cartes mais aussi avec ce véritable hymne aux gens de la mer qui pendant longtemps ont été des vigies des bouts du monde avant d’être remplacés par des phares automatiques et des GPS !