Dans le petit ouvrage Les grands mythes du Japon, Dominique Buissonil est  agrégé d’arts plastiques et spécialiste de la mythologie japonaise se propose d’offrir une première approche de qu’est la mythologie japonaise, avec un large propos liminaire sur l’origine de la rédaction des mythes de l’archipel puis une sélection, commentée, de quelques-uns des récits présents dans le Kojiki.

Le Kojiki (« Chronique des choses anciennes ») est considéré comme le plus ancien écrit japonais conservé. Œuvre de commande, il date de l’année 712 et est fondé sur des légendes allant du IVe siècle au VIe siècle de notre ère.

Le Kojiki est articulé en trois grandes parties : Le Kami-tsu-maki (Rouleau supérieur) qui évoque le temps des dieux, la création du Japon et la geste des divinités ; le Naka-tsu-maki (Rouleau intermédiaire) qui mentionne l’arrivée sur terre du premier empereur et la vie de ses successeurs (jusqu’au quinzième) ; le Shimo-tsu-maki (Rouleau inférieur) qui relate les règnes d’empereurs qui suivirent (du seizième au trente-troisième).

En 720 est rédigé le Nihon shoki qui vise à compléter le Kojiki. Dominique Buisson écrit (p.10) que « ces deux ouvrages avaient pour but de légitimer les empereurs japonais et de fixer définitivement leur généalogie depuis leur ancêtre, la déesse du Soleil. Ils étaient un outil de la construction de l’identité nationale en établissant une hiérarchie primordiale et irréfutable entre l’empereur et ses sujets ».

L’auteur précise encore que dans le shintô (« Voie des dieux ») existe deux catégories principales de kami (divinités) : les divinités célestes et les divinités terrestres. Le shintô, écrit Dominique Buisson (p.12) « n’enseigne ni le péché ni le salut. Il professe au contraire le principe de non-péché et s’en remet à la bonté inhérente de la nature. Dans celle-ci, ce qui est mal est ce qui est tordu, incurvé, gauche. Le bien est ce qui est simple et droit. Le mal n’est pas la violation d’un commandement transcendantal, il n’est que l’une des faces de la réalité ».

Les premiers récits retenus émanent du rouleau supérieur du Kojiki et consistent en des mythes cosmogonique et théogonique évoquant la naissance du monde (à l’origine est un chaos informe) et des premiers kami, puis la naissance des premières îles du Japon et d’autres kami puis un mythe (rappelant effectivement celui d’Orphée et d’Eurydice) codifiant la place du monde des morts et celui des vivants. Est ensuite contée l’opposition entre le violent Susano-o, kami auquel fut attribué de gouverner « les tempêtes et la Plaine-océane » mais qui souhaite gouverner le ciel, fonction dévolue à sa sœur Amaterasu. Blessée, cette dernière se retirera dans une caverne dont elle sortira grâce aux performances de la déesse Uzume. Le dernier mythe évoqué concerne la mise à mort de la « déesse-qui-possède-la-nourriture » par le frère d’Amaterasu, le dieu de la Lune. Le mythe, qui évoque encore le dégoût d’Amaterasu (déesse du Soleil) pour cette mise à mort, explique pourquoi le Soleil et la Lune ne se rencontrent plus jamais.

Les récit suivants content d’abord la geste de Susano-o qui, chassé des Hautes-plaines-du-Ciel, lutte contre le dragon Yamata-no-Orochi. Il le met à mort et civilise la région d’Izumo. Les récits suivants mettent en scène le dieu O-Namuchi, qui prendra le nom d’O-kuni-nushi, « Maître-de-la-grande-Terre ». Il lutte d’abord contre ses frères puis contre son beau-père Susano-o. Il a également une mission civilisatrice.

Ninigi, petit-fils de la déesse du Soleil, arrive ensuite sur terre et prend la possession, à la suite d’un combat de sumô, de l’ensemble du royaume terrestre. L’histoire de Majesté-Feu-apaisé est ensuite évoquée. Il se marie à la princesse Toyo-tama-hime et vit plus de 580 ans.

Les récits tirés du rouleau intermédiaire du Kojiki mentionnent l’empereur Jimmu (son mariage avec son épouse Hime-tatara-i-suzu-hime est considéré comme le « point de départ de l’empire japonais »), le dieu du mont Miwa, la geste du Brave-du-Yamato et l’impératrice légendaire Jingû-kôgô.

Rédigé dans un style clair et agréable, le petit livre de Dominique Buisson permet une première entrée dans l’univers des mythes japonais et il constitue un bel apport pour tous ceux qui souhaitent se familiariser avec un pan essentiel de la culture et de la religion de ce pays.