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Ce n’est pas un ouvrage de spécialiste mais de journaliste que cette série de portraits croisés d’archéologues, connus et moins connus qui ont apporté leur contribution à la découverte de sites prestigieux.
Né en 1968, l’auteur a passé sa carrière de journaliste à l’étranger, notamment pour le Quotidien de Paris, le Figaro Magazine, Marianne et France 24 : Rwanda, Zaïre, Congo, Ex-Yougoslavie, Tchad, Israël et territoires palestiniens, Egypte… Il est aujourd’hui correspondant permanent au Liban pour France 24 et Marianne.
En même temps, ses reportages au Proche Orient l’ont amené à marcher sur les traces de personnages étonnants, pas forcément fréquentables dans la vie courante, mais totalement habités par leur passion.
Le complexe d’Indiana Jones semble se retrouver chez cet auteur qui se verrait bien avec une veste de cuir et un chapeau partir à la découverte de l’arche perdue. Ce qui est sûr en tout cas c’est que ses personnages vivent et que l’on parcourt le monde sur les traces de Schliemann, le découvreur de Troie qui ne l’a pas vraiment découverte et de Maspéro, l’un des découvreurs des antiquités égyptiennes.
Tous ces personnages ont des trajectoires originales, à commencer par Belzoni, ancien artiste de cirque sous le nom de Samson le Patagon que les hasards de la vie et la passion de l’aventure amènent en Égypte pour réaliser des machines hydrauliques permettant de pomper l’eau du Nil. Des missions impossibles se succèdent comme le dégagement du temple d’Abou Simbel, contre les agents du Consul de France et les vols de Papyrus.
Schliemann, épicier, matelot, comptable, marchand de canons et archéologue est un personnage fascinant. Il ne manque pas de talents, et notamment d’un étonnant don des langues. L’allemand, l’anglais, le français, le néerlandais, l’espagnol, l’italien, le portugais
Le chef d’entreprise devient citoyen des États-Unis, apprends le grec moderne et ancien au passage, l’arabe pour aller à la Mecque.
Pour découvrir Troie en étant dans le contexte, il décide d’épouser sur casting une jeune fille grecque, Sophia Engastromenos. Elle doit lui réciter par cœur des vers d’Homère. elle réussit l’épreuve, Schlieman tombe sous le charme. Ils auront deux enfants, Agamemnon et Andromaque. Commence alors cette aventure des fouilles de Troie dont il retrouve le site. Il découvre surtout le trésor de Priam et le détourne. Et on sait que ces pièces d’orfèvrerie ont fini dans un musée soviétique. La Russie les conserve toujours…
Gertrude Bell 1868-1926, est une femme étonnante. Espionne, , alpiniste, archéologue et faiseuse de rois est sans doute la plus intéressante personnalité de cette galerie.
Lorsque les États-Unis envahissent l’Irak en 2003, on redécouvre ses travaux, essentiels. Cette belle rousse aux yeux verts a participé à l’élaboration du tracé de l’Irak moderne après la guerre de 1914. Elle avait aussi et surtout jeté les bases de l’archéologie dans ce croissant fertile, berceau des civilisations. Lors de la Conférence de Paris en Janvier 1919, elle rencontre Lawrence d’Arabie. Elle est à l’origine de cet Irak moderne, avec les Kurdes au Nord, les Chiites au Sud et la domination par une minorité sunnite. Appelée la reine sans terre par les arabes, elle s’oppose assez vite aux administrateurs du mandat britannique. Elel met fin à ses jours à 58 ans en 1926.
Les autres parties de l’ouvrage sont tout aussi intéressantes. Elles permettent de se faire une idée précise des démarches de ces inventeurs de sites, qui travaillaient dans des conditions souvent difficiles. Les contextes historiques de leurs découvertes sont tout aussi éclairantes que les découvertes elles mêmes.
Dans la deuxième partie, Et l’archéologie devint savante Champollion, le bien nommé «bon génie des hiéroglyphes» est également largement présenté. Jeune homme à l’adolescence studieuse, il apprend le latin et le grec, l’éthiopien et le copte. Étudiant en langues orientales à 17 ans. Il a entre les mains une copie de la pierre de rosette découverte par les français lors de l’expédition d’Égypte et propriété britannique depuis 1801. Jen-Marie Quéméneur raconte de façon très plaisante et surtout très claire le cheminement qui a conduit à élaborer les outils de traduction de ces hiéroglyphes.
Bien d’autres sujets et bien d’autres archéologues sont ainsi présentés. Carter évidemment le découvreur caractériel du tombeau de Toutankhamon, Wooley qui a mis en évidence le trésor de la Reine de Saba, Sukenik enfin, qui a été le premier à comprendre l’intérêt des manuscrits de la mer morte, dont les rouleuax étaient vendus pour 24 livres palestiniennes.
Ce livre est à conseiller, à la fois parce qu’il est écrit d’une plume nerveuse de journaliste, amis surtout parce qu’il est porteur de rêve et d’aventure. Sans beaucoup de moyens, ni repérage satellite, ni photos aériennes, sans systèmes d’informations géographiques mais avec de l’intuition, des pelles et des pioches, ces archéologues ont inventé des histoires au milieu des tourbillons de l’histoire.