La revue « Chroniques d’Histoire Maçonnique »

La revue « Chroniques d’Histoire Maçonnique » – ou CHM pour les initiés – (publiée depuis 1982) est désormais présentée par le service de presse des Clionautes, dans le cadre de la Cliothèque. Cette revue réunit des travaux de chercheurs français (pour la plupart) sur les évolutions historiques de la Franc-Maçonnerie française, liée à la plus importante obédience française : c’est-à-dire le Grand Orient De France ou GODF. L’abonnement annuel à la revue Chroniques d’histoire maçonnique comprend 2 publications par an expédiées en décembre et juin. Cette revue est réalisée avec le concours de l’IDERM (Institut d’Etudes et de Recherches Maçonniques) et du Service Bibliothèque-archives-musée de l’obédience du Grand Orient De France (GODF). L’éditeur délégué est Conform Edition.

« Chroniques d’Histoire Maçonniques » n° 75 (2015-03) : Les hautes grades au XIXe siècle

Ce numéro est composé d’un avant-propos et de 4 articles. Ce numéro comporte les rubriques habituelles : Études, Dossier, Portraits.

ETUDES :

La Fraternité vosgienne à l’épreuve de l’Occupation : répression et dissensions : (Alexandre Laumond)

Ce premier article, rédigé par Alexandre Laumond, étudie l’histoire de la loge La Fraternité vosgienne sous l’Occupation, à Épinal. Les années noires de l’Occupation ont durablement marqué l’identité de la franc-maçonnerie française. Pourtant, paradoxalement, les monographies sur les persécutions antimaçonniques des Occupants et de leurs collaborateurs de Vichy sont assez rares. D’où le grand intérêt de l’histoire très documentée que nous propose Alexandre Laumond sur ces quatre années terribles à Épinal. Ce dernier a pu consulter les livres d’architecture (recueil des comptes rendus de réunions) de La Fraternité vosgienne. Ces documents sont conservés dans les archives de la Loge. Le témoignage de Théophile Simon est en grande partie le fruit des notes qu’il a prises durant le conflit, dans six cahiers d’écolier aujourd’hui conservés par sa petite-fille, Annie Boulanger. Nous la remercions très sincèrement de nous les avoir communiqués. Cela a permis à Alexandre Laumond de constater la forte distorsion entre le tracé du livre d’architecture à la Libération et les notes personnelles de Théophile Simon à l’origine de ce même tracé. Ce qui veut dire que ce dernier s’autocensurait dans la rédaction du tracé de loge (compte-rendu de la réunion maçonnique) et que les francs-maçons ont souvent minimiser les raisons internes à leur effondrement au moment de la Libération. À noter que l’histoire de la Loge a été abordée, en 1986, par Jean-Pierre Demangel dans une brochure à diffusion interne. Le recueil d’articles publié lors des 150 ans de l’Atelier en 2012 apporte également quelques informations. On peut enfin se reporter aux pages « Histoire » du site Internet de La Fraternité vosgienne : http://fratepinal.org.
Derrière les destins individuels – déshonorants ou exemplaires -, les enjeux identifiés par cette approche locale éclairent la grande Histoire. Elles permettent de mieux comprendre, sur le terrain, dans tous les détails du quotidien, les positionnements et le rôle des différents acteurs politiques et courants de pensée. Cette période sombre, mais charnière, est, d’un côté, le miroir des clivages des années 1930 mais, de l’autre, le creuset où commence à se forger la nouvelle culture politique de l’après-guerre. Épinal compte, à cette époque, deux Maçons d’exception qui mériteraient un vrai travail biographique : Louis Lapicque et Marc Rucart.

 

DOSSIER : Les hautes grades au XIXe siècle

 

Le dossier est consacré aux hauts grades en France au XIXe siècle. Ces derniers sont une part essentielle de la pratique maçonnique en France, jusqu’en 1848. Jean-Yves Guengant nous invite à découvrir l’initiative initiatique de deux loges brestoises en matière de hauts grades, en 1802. Quant à Eric Burst, il nous dévoile la vie et la mort des hauts grades à Strasbourg.

Brest, 1802 : les franc-maçons écossais et français à la recherche de l’unité maçonnique : (Jean-Yves Guengant)

Ce deuxième article, écrit par Jean-Yves Guengant, nous restitue un épisode singulier de l’histoire des Loges bretonnes. À l’articulation des XVIIIe et XIXe siècles, les Frères de Brest imaginèrent un système original pour pratiquer et faire vivre ensemble différents systèmes de hauts grades. En 1802, les francs-maçons brestois, et plus particulièrement la Loge de L’Heureuse Rencontre, souhaitent rapprocher les Rites français et écossais ainsi que les Obédiences. Détentrice d’une patente délivrée par la Grande Loge d’Hérédom de Kilwinning de Rouen, elle va imaginer une stratégie pour ouvrir des Chapitres français et d’Hérédom dans chacune des deux Loges brestoises afin de permettre aux Frères de se réunir et d’accélérer la fusion des rites, ou tout au moins, leur fédération. Deux années avant l’acte d’union signé entre le Grand Orient de France et les partisans du Rite Ecossais Ancien et Accepté en 1804, une solution originale se mettait en place à Brest, à la pointe de la Bretagne.
Outre les habituelles mais indispensables notes infrapaginales, à la fin de l’article, Jean-Yves Guengant a l’énorme mérite de donner ses références qui sont nombreuses : sources (fonds départemental et municipal de Brest, fonds de l’Évêché de Quimper (sic !), bibliographie (ouvrages et dictionnaires) et sitographie !

Vie et mort des hauts grades à Strasbourg : (Eric Burst)

Ce troisième article (écrit par Eric Burst) raconte l’histoire des hauts grades à Strasbourg. À l’autre bout de la France, Eric Burst nous montre comment les Maçons alsaciens ont, eux aussi, fait bon accueil, d’abord aux hauts grades du Rite Français, puis à ceux du Rite Ecossais Rectifié (R.E.R.) et du Rite Ecossais Ancien et Accepté (R.E.A.A.). Certains Frères strasbourgeois ayant même participé à l’aventure du rite Misraïm. Les hauts grades réapparaissent à Strasbourg sous le Consulat et disparaissent au début du Second Empire. En effet, lors de cette période, il y eut à Strasbourg plusieurs Ateliers de hauts grades en activité. Mais ceux-ci ne furent pas pérennes. Ils vont tous naître, se développer puis disparaître. Car, d’une part, ces derniers dépendaient de la santé des Loges sur lesquelles les Ateliers de Perfection devaient en principe être souchés. Et d’autre part, ils étaient liés au développement des rites auxquels ils appartenaient sans oublier les aspirations religieuses et politiques qu’eurent les Maçons qui se succédèrent à Strasbourg au cours de ce siècle.

 

PORTRAITS :

 

Marie-Alexandre Massol (1805-1875) : du saint-simonisme à la morale indépendante : (André Combes)

Ce quatrième article (rédigé par André Combes) brosse un portrait de Marie-Alexandre Massol (1805-1875), biterrois de naissance. C’est une figure capitale pour comprendre les évolutions de la Maçonnerie française à partir de 1860 et, notamment, la fameuse décision du Convent du Grand Orient de 1877, abolissant l’obligation pour les Frères de croire en Dieu et en l’immortalité de l’âme. André Combes nous dresse, pour la première fois, le portrait attachant de cette personnalité si typique du XIXe siècle entre saint-simonisme, franc-maçonnerie et proudhonisme.

Jean-François Bérel © Les Clionautes