Les multinationales pèsent d’un poids très important dans l’économie du monde. L’affaire récente qui a opposé Apple et le FBI en est encore un exemple. Pourtant, une fois ceci dit, quels faits et chiffres précis à avancer pour mesurer cette domination. « Problèmes économiques » propose dans cette nouvelle livraison cinq articles sur les multinationales issus notamment de « Wired », « Alternatives économiques » ou encore « Idées économiques et sociales ». Comme à chaque fois, des encarts complètent l’approche.

Le poids impressionnant des multinationales

Le titre du premier article est particulièrement frappant puisqu’il évoque le fait que « 147 sociétés dominent l’économie mondiale ». Le chiffre est d’autant plus frappant que les chercheurs y sont parvenus après avoir étudié une base de données qui compte 37 millions d’entreprises, dont 43 000 multinationales. Ce qui est marquant aussi, c’est l’importance des participations croisées car à elles seules, elles contrôlent 40 % de la richesse totale du réseau. De façon équilibrée, les auteurs de l’article disent bien que la concentration du pouvoir n’est ni bonne, ni mauvaise en soi. L’article fournit même la liste des dix sociétés superconnectées avec un nombre très important de banques et de fonds de pensions. Ces sociétés s’entendent-elles ? Les auteurs disent plutôt qu’elles se concurrencent, tout en ayant, évidemment, un certain nombre d’intérêts en commun.
Mais les multinationales changent comme le montre le cinquième article intitulé « Des nouvelles chaines de valeur aux micromultinationales ». On peut citer, à titre d’exemples, Uber ou Airbnb qui se focalisent sur un maillon de la chaine pour s’étendre ensuite le plus vite possible.

La force des Gafa

Le deuxième article se focalise sur « Le top 10 des entreprises high tech ». Neuf d’entre elles viennent des Etats-Unis, et il s’agit de marques qui font partie souvent de notre quotidien, comme Amazon, Disney ou Instagram. Il faut souligner un très bon document éclairage page 12 et 13 intitulé « Gafanomics » qui récapitule leur poids dans l’économie. Les chiffres sont vertigineux puisque les Gafa représentent l’équivalent du PIB danois. C’est une infographie très pratique et qui pour une fois donne un peu de profondeur historique en donnant le poids par exemple d’Amazon en 20O1 et en 2017. Chacune de ces entreprises high tech a droit a un paragraphe. Le troisième article s’interroge pour savoir si les Gafa sont incontrôlables. Thomas Lestavel décrypte les techniques de ces entreprises. Elles appâtent d’abord le consommateur par la gratuité, attirent les annonceurs puis il explique comment elles ont acquis une position dominante. Parmi les stratégies, l’anticipation des désirs et aussi la nécessaire patience pour que l’investissement ait le temps de se développer. On est face à des chiffres parfois hallucinants quand on pense que Facebook a acheté WhatsApp, une start-up de 40 employés pour 19 milliards de dollars, soit la valeur de Michelin qui compte 112 000 employés.

Multinationales et évasion fiscale

Quand on évoque les grandes multinationales, arrive ensuite la question de leurs stratégies fiscales. Le troisième article se termine en soulignant le fait que Google n’a versé que 5 millions d’euros au trésor public français au titre de l’impôt sur les bénéfices. Depuis 2013, les pays de l’OCDE et du G 20 ont commencé un plan d’action pour faire payer les multinationales. Il s’agit du projet BEPS. Le chantier est immense. Un encart récapitule les mesures issues du projet à travers quinze exemples. L’article se termine de façon optimiste en soulignant que « plusieurs annonces récentes ont mentionné d’importants changements apportés par certaines grandes entreprises multinationales à leur structuration fiscale ».

Danemark, éducation et endettement

Comme à chaque numéro, d’autres articles aux thématiques variées sont proposés. Christèle Meilland analyse la situation du Danemark et le rapport entre travail et famille. Le pays est connu pour sa politique en faveur de l’égalité hommes-femmes. En terme de congé parental chaque parent dispose depuis 2002 de trente deux semaines de congé et ce jusqu’aux quarante huit semaines de l’enfant. Mais surtout, l’auteure insiste pour dire que le gouvernement « met à disposition des familles des outils de conciliation permettant de favoriser l’égalité, …mais laisse les parents libres d’y recourir ou non ».
L’article de « Futuribles » est consacré au poids croissant des standards internationaux dans l’éducation. C’est le cas de Pisa dont les résultats publiés tous les trois ans sont devenus un véritable marronnier journalistique. On déplore souvent les résultats de la France, mais l’article rappelle qu’il y a plusieurs années l’Allemagne n’obtenait pas de bons résultats, ce qui avait provoqué des réformes. Parmi les points communs le développement des logiques curriculaires. Alain Michel en propose d’ailleurs une typologie. Des pays bien notés comme la Finlande modifient aussi leurs approches puisqu’elle a choisi d’abandonner une partie de l’enseignement par disciplines au profits de thèmes. Un dernier article de la revue est intitulé « Economie mondiale, endettement et dollar » et rappelle combien le système monétaire international reste centré sur le dollar.

On lira donc avec profit ce numéro particulièrement pour son dossier central qui permet à la fois d’actualiser les cours et d’offrir des éclairages différents sur un sujet essentiel.

© Jean-Pierre Costille pour les Clionautes