Cette BD revient sur l’histoire du Saint Suaire, relique du Christ dans la religion chrétienne. Elle présente dès le début de la BD les derniers instant de la vie de Jésus et donc les premiers instant de l’histoire de ce linceul qui entoura son corps après sa mort. En quelques images est expliqué la fabrique de ce tissu exclusivement composé de fibre végétale, particularité du judaïsme qui permet à certains scientifiques au XXe siècle de confirmer l’origine de ce tissu, contribuant ainsi à apporter des réponses concernant l’un des tissus les plus mystérieux et les plus étudiés au monde.
Une véritable Odyssée
Nous suivons au fil des pages le parcours – et même l’Odyssée – de cette relique qui passa entre les mains de plusieurs personnes et qui parcourut des kilomètres à travers plusieurs pays avec toujours le même objectif : le protéger. Après une conservation à Jérusalem, il fut amené dans un village à plusieurs kilomètres juste avant que les Romains mirent le feu à la ville sainte et démantelèrent le Temple.
Il se retrouva chez des artistes au IXe siècle qui, en voyant l’écart de la représentation de Jésus (jeune et imberbe) qui en était faite avec le linceul où l’on voyait un adulte barbu et ayant les cheveux longs, décidèrent de changer leurs représentations (sculptures, peintures…) pour correspondre au plus près de la réalité. Un homme venant de la Terre sainte précise bien la différence culturelle qui fait que les représentations sont différentes selon le lieu d’origine des artistes. Cependant, c’est désormais cet homme de 33 ans barbu et aux cheveux longs qui sera représenté pour le reste de l’histoire de l’humanité. Le linceul se retrouve à Edesse, capitale vassal d’un royaume de l’empire romain. Alors que les Perses étendent leur empire à l’Ouest et commencent le siège de la ville, le linceul est présenté dans son reliquaire auprès des habitants pour leur donner confiance et la foi en leur protection. Ils réussissent à défendre la ville et font fuir l’armée perse. Mais elle est conquise plus tard par les Abbassides, qui permettent aux chrétiens de conserver leur religion en échange d’un impôt élevé. Quelques temps plus tard, c’est au tour de l’Empire Byzantin de conquérir la Edesse ; ou plutôt le linceul. En effet, le patriarche est obligé de le remettre au général chrétien pour qu’il n’assaille pas la ville.
Il part alors à Constantinople sous haute protection. Il est également gardé dans l’église Notre-Dame du Pharos et échappe au pillage en 1201 fait par des habitants qui profitent du chaos après le coup d’Etat de Jean Commène le Gros. Les empereurs latins de Constantinople (1204-1261) monnayent la relique avec le roi de France Louis IX. Il l’achète à un prix équivalent à la moitié des revenus annuels du royaume (35 000 livres tournois). Elle se retrouve alors dans la sainte chapelle à Paris. Face aux attaques des Anglais, elle est envoyée en Champagne pour être protégée. Au XVe siècle, les Ducs de Savoie héritent du linceul, il part à Chambéry puis à Turin pour le protéger des troupes de François Ier. Il échappe également à plusieurs reprises aux incendies (1532, 1990, 1997) et ses protecteurs sont toujours miraculés.
La recherche scientifique
Il est photographié pour la première fois en 1898 puis en 1931. La première fois, la critique est partagée : vrai ou faux ? La deuxième fois, des détails sont visibles grâce au développement de la technologie. Durant le reste du siècle, il est soumis à plusieurs études scientifiques mais aucune d’entre elles n’arrivent à savoir d’où viennent les traces car il n’y a aucune trace de pigment. L’étude au carbone 14 dit qu’il a été fait à l’époque médiévale mais en avril 2022, une étude aux rayons x de l’Institut de Cristallographie révèle avec certitude l’âge de ce tissu : 2000 ans environ ! Un biophysicien soumet une hypothèse : il a obtenu des résultats similaires en irradiant une pièce de lin. Il a constaté qu’aucune empreinte n’apparaissait avant un vieillissement prématuré du tissu. Il aurait donc fallu des siècles avant qu’elle ne soit visible, l’irradiation provoquerait une augmentation du taux de carbone du tissu ce qui expliquerait que le linceul ait été daté du Moyen-Âge par l’analyse au carbone 14 en 1988. Mais le mystère reste toujours présent, car toutes ces études soulèvent encore plus de questions qu’elle n’en résout…