Cette BD est la matérialisation du travail de Rémy Benjamin pour adapter une des pièces de théâtre les plus connues de Tchekov, Oncle Vania. Jouée pour la première fois, et après bien des péripéties, en 1899, cette oeuvre est une réinterprétation d’un précédent essai de l’auteur, Le Sauvage.

Dans cette BD, nous suivons le parcours de 8 personnages, dont les principaux sont Alexandre Vladimirovitch Sérébriakov (professeur à la retraite) et Éléna Andréevna (sa femme), Sophia Alexandrovna (dite Sonia et fille du professeur) ; Ivan Petrovitch Voïnitzki  (« oncle Vania ») et Mikhaïl Lvovitch Astrov (médecin).

Pour faire un résumé très rapide de l’histoire, le professeur et sa femme bouleversent le quotidien d’un domaine rural familial lorsqu’ils viennent y séjourner après une longue absence. L’attirance du médecin et de l’oncle Vania pour la jeune femme du professeur affecte un quotidien de surcroît très monotone. C’est le moment pour tous de dresser certains bilans de leur existence.

A travers leurs échanges, nous abordons des thèmes très particuliers: la question de l’ennui, de l’alcoolisme, de l’argent, de la propriété ou encore de l’accomplissement de soi. Pour cela, Tchekov multiplie les dialogues, ce qui permet l’introspection et l’approfondissement de la plupart des personnages. Ce qui est fidèlement retranscrit dans l’adaptation de Rémy Benjamin, donnant à la BD cet atmosphère de huis clos assez pesante et mélancolique, mais que viennent dédramatiser quelques traits d’humour, parfois pince-sans-rire.

A travers le travail de colorisation, la BD renforce aussi l’amertume du récit, assez dramatique, qui s’offre au lecteur. Les tons, jaunâtres et automnaux, apportent de la profondeur aux dialogues et à la complexité des relations qui se déroulent ici. Les pages alternent entre gaufriers de tailles multiples, pleines pages plus contemplatives et trames plus classiques, ce qui renforce le dynamisme de l’oeuvre au final.

 

Pour résumer, cette BD présente l’avantage de rendre accessible au plus grand nombre une oeuvre incontournable du répertoire russe. La retranscription se veut assez fidèle sur le fond et la forme, des dialogues à la colorisation. La lecture mérite de l’attention et de la concentration pour appréhender les nuances des personnages et de l’environnement qu’ils habitent.