Jean-Christophe GAY est agrégé de géographie, professeur des universités à l’IAE de Nice, université Côte d’Azur. C’est le spécialiste français des outre-mers. Il a déjà commis plusieurs ouvrages sur ce thème : L’outre-mer français en mouvement (déjà à la Documentation Photographique en 2003), L’outre-mer français – Un espace singulier (éditions Belin Sup) en 2008 ou Les cocotiers de la France – Tourismes en outre-mer (éditions Belin Sup) en 2009. Au-delà d’une mise à jour nécessaire, la particularité est ici le traitement de l’ensemble des outre-mers français ET européens.
L’usage du mot « outre-mer » est indissociablement lié à la colonisation. En effet, les territoires outre-mers sont les restes éparpillés et émiettés des empires coloniaux. Aujourd’hui, ils totalisent 6 millions d’habitants soit un peu plus du centième de la population de l’UE et couvrent 2,3 millions de km² (le Groenland en constitue à lui seul 94%). Toutefois, il ne reste que 0,02% de la superficie de l’ancien Empire colonial britannique ou 0,04% de l’Empire colonial néerlandais. Dispersée sur les trois grands océans et à des latitudes très différentes, de l’océan Glacial Arctique au pôle Sud, l’Europe ultramarine apparaît comme une poussière d’anciens empires au sein de l’ensemble européen.
Six pays de l’UE se partagent les outre-mers européens qui forment un espace hétérogène dont la superposition des statuts nationaux et européens ne favorise guère l’unité. Le statut de RUP (Régions Ultra Périphériques) repose sur une logique d’intégration, alors que celui des PTOM (Pays et Territoires d’outre-mer) repose sur celle de l’association. De plus, le passage d’un statut à un autre est possible : par exemple Saint-Barthélémy est devenue un PTOM après avoir été un RUP alors que Mayotte a fait le chemin inverse. Le Brexit et l’indépendance du Groenland devraient enfin engendrer de nouveaux mouvements.
Ces territoires particuliers oscillent constamment entre repli national et internationalisation. Plusieurs sont des hauts lieux du tourisme international avec plus de 20 millions de touristes par an. Leurs ressources halieutiques et minérales sous-marines sont potentiellement énormes dans leurs 26 millions de km² de ZEE (Zone Économique Exclusive). Par divers canaux, les territoires outre-mers européens sont donc intégrés à la mondialisation. Mais ils sont également vulnérables et fragiles. Les aléas atmosphériques, géophysiques et biologiques y sont nombreux. L’insularité et l’éloignement sont encore des contraintes difficilement surmontées, ce qui les positionne à l’écart des principaux flux mondiaux. A plusieurs égards, le récent referendum en Nouvelle-Calédonie est révélateur de ces césures.
Ce « point sur » brosse à grands traits les éléments caractéristiques des outre-mers européens. Le pluriel y apparait encore largement de rigueur car la diversité l’emporte sur les points communs. La 2ème partie « Thèmes et documents » propose de nombreuses doubles-pages intéressantes. On peut citer le schéma des cercles concentriques de l’UE mis à jour par J.-C. GAY (p.21), le point sur la guerre des Malouines (ou des Falklands) (p.28-29), la présentation du tourisme aux Canaries (p.32-33), l’étude originale du conflit entre le Royaume-Uni et l’île Maurice au sujet de l’archipel des Chagosses (p.42-43), les analyses de la déferlante migratoire à Mayotte (p.48-49), de la croissance de Papeete (p.54-55) ou de la gestion des quartiers en difficulté (p.56-57) dans les outre-mers européens. Les documents sont variés et de qualité et pourront servir à l’élaboration d’études de cas ou illustrer avantageusement un cours en géographie que ce soit en collège ou en lycée.