« Population & Avenir, revue indépendante alliant rigueur et pédagogie, vous présente une analyse originale des enjeux actuels. Vous y trouverez une source d’informations, de réflexions et d’argumentaires amplement illustrés par des cartes, des graphiques, des tableaux, des schémas… »
ÉDITORIAL par Gérard-François DUMONT
INTERCOMMUNALITÉ OU « SUPRACOMMUNALITÉ » ?

En France, l’intercommunalité est une pratique fort ancienne : la première loi la rendant possible date du 22 mars 1890 ! Au fil des décennies, elle a contribué à équiper la France en infrastructures et a permis de créer ou d’améliorer des services à la population. Depuis 1983, les lois ont multiplié les formes juridiques d’intercommunalité afin de mieux déployer les stratégies de développement autour de projets locaux communs. La rupture date de 2010 quand il a été décidé que toute commune était obligée d’intégrer une intercommunalité et de lui transférer de larges compétences. Ce qu’a confirmé la loi NOTRe de 2015 qui « considère qu’une forte intégration de communes au sein d’une même structure à la délimitation rigide est plus efficace que le libre choix de coopération des communes selon le type de projets tel qu’il existait avant 2010. Cette forte intégration est jugée préférable à une émulation entre des communes qui conserveraient une part de responsabilité ». On peut alors se demander s’il s’agit de développer un échelon géographique au service des communes et de leur population ou d »une « supracommunalité », c’est-à–dire d’un échelon qui décide à la place des communes et donc les commande, au mépris de la démocratie locale et de la citoyenneté ?

DOSSIER par Valérie JOUSSEAUME
LES ESPACES RURAUX ET L’AVENIR DE LA CIVILISATION

On peut distinguer quatre grandes ères au sein de l’humanité. L’ère « sauvage » de l’humanité a laissé peu d’héritage géographique. Lors de l’ère paysanne, l’invention de l’agriculture a enclenché un cercle de métamorphoses. L’environnement de vie est alors la campagne, nature anthropisée. Dans l’ère industrielle, marquée notamment par l’urbanisation, la nature toute entière semble pouvoir être dominée. Enfin le fondement économique des sociétés humaines dans l’ère numérique devient l’échange de connaissances. L’ère du noos, c’est-à-dire de la pensée humaine connectée est en gestation.

Les campagnes ont déjà vécu une importante transition entre l’ère paysanne et l’ère industrielle. Du milieu du XIXème siècle au dernier quart du XXème siècle, les campagnes ont connu « la fin des paysans » (un effondrement démographique, économique, politique, médiatique, social et culturel violent et systémique) puis une « renaissance rurale ». On assiste ainsi à une redistribution récente de la population vers les campagnes selon une logique résidentielle par para-urbanisation. Pendant l’ère industrielle, le récit de la modernité puis de l’hyper-modernité a affublé les campagnes d’affects négatifs. La figure médiatique du « plouc » puis du « petit blanc » (peur, repli sur soi, haine de l’autre,…) résume cela. Mais dans le récit de la transition en cours, les campagnes peuvent apparaître comme une alternative et pourraient proposer un équilibre écologique, géographique, sociologique et éthique contrebalançant les échecs de l’ère industrielle. Dans une nouvelle ère numérique, il s’agirait donc de refonder notre contrat avec la nature en renforçant l’harmonisation entre vie économique et vie sociale. Collaboration et solidarité seraient alors les maitres-mots. De nombreux exemples en sont déjà des signaux faibles dans les campagnes : habitat participatif, durabilité agricole,…

DOCUMENT PÉDAGOGIQUE (libre de droits)
LES GRANDES ÈRES DE L’HISTOIRE DE L’HUMANITÉ

EXERCICE PÉDAGOGIQUE par Eric GACHET
HABITER LA FORÊT ÉQUATORIALE : UN EXEMPLE EN AFRIQUE

La séquence proposée s’inscrit dans le deuxième thème du programme de géographie de sixième « Habiter les espaces de faible densité ». Habiter est alors la notion majeure travaillée avec les élèves tout au long de l’année.

Une démarche inductive est ici privilégiée. Il s’agit de travailler sur la région du lac Kivu et plus particulièrement sur le parc national des Virunga. Dans les cinq documents, les élèves doivent repérer les contraintes et les formes d’adaptations envisagées par les habitants pour les surmonter dans ces territoires. Un croquis d’interprétation d’un paysage est réalisé puis les élèves doivent enregistrer un reportage audio. Cette dernière activité inclut une mise en perspective en faisant référence aux autres territoires à fortes contraintes déjà étudiés.

LE POINT SUR…par Jean-Paul SARDON
LA POPULATION DES CONTINENTS ET DES ETATS EN 2018
Population & Avenir présente les statistiques mondiales de population par continents et sous-continents, de tous les États membres de l’ONU et de toutes les entités géographiques dont la population atteint ou dépasse 150 000 habitants. Elles sont commentées par Jean-Paul SARDON de l’observatoire démographique européen.

Il existe peu de différences avec les tableaux de 2017 du fait de l’inertie des phénomènes démographiques. Les écarts sont toujours aussi considérables que ce soit pour la fécondité ou pour l’espérance de vie. On constate tout de même que le rythme d’accroissement de la population mondiale est reparti à la baisse.  En 2050, l’Inde serait le pays le plus peuplé avec près de 1,7 milliard d’habitant. A l’échelle continentale, la projection pour l’Afrique a été de nouveau révisée à la hausse. L’Afrique serait le seul continent à voir sa part dans la population mondiale progresser notablement du fait de sa fécondité élevée. La population de l’Afrique serait multipliée par plus de deux d’ici 2050.

ANALYSE par Michel GOUSSOT
L’IMMIGRATION AUX ÉTATS-UNIS : ENJEUX ET PERSPECTIVES

En 2017, les immigrants constituent 14% de la population des États-Unis, soit plus de 43 millions de personnes sur ses 325,7 millions d’habitants. Près de 19%  sont arrivés depuis 2010, 27% entre 2000 et 2009 et 55% avant 2000.  Certaines projections avancent que les États-Unis pourraient compter plus de 78 millions d’immigrants en 2050. Cependant, en pourcentage, il y a moins d’immigrants aux États-Unis en 2017 qu’au recensement de 1890, lorsqu’ils représentaient presque 15% de la population états-unienne.

Pour la seule année 2016,  près de 1,5 million d’immigrants sont entrées aux États-Unis (contre 1,38 million en 2015). Parmi eux, près de 1,2 million de personnes ont obtenu le droit de résider d’une manière permanente aux États-Unis, les deux tiers ayant été admis dans le cadre du regroupement familial. En outre, des centaines de milliers de personnes travaillent légalement aux États-Unis avec des visas dits de non-immigrants. A côté de ces immigrants en situation légale, les États-Unis comptent environ 11 millions d’immigrants en situation irrégulière, dont plus de la moitié des immigrants vit aux États-Unis depuis une bonne décennie.

Les récentes politiques migratoires ont tenté de réduire cette migration illégale. Depuis les années 1990, le Congrès débat de réformes fondamentales de l’immigration. Dernièrement, le président Trump a signé plusieurs décrets visant à modifier la politique migratoire. Un premier décret concerne la sécurité de la frontière avec le Mexique pour construire un mur physique. Un deuxième décret concerne le renforcement de la surveillance intérieure. Le troisième décret concerne la prévention du terrorisme. En dépit des changements opérés dans les règlementations de leur politique d’immigration, les États-Unis demeurent un grand pays d’immigration. Les études d’opinion montrent que les États-uniens restent majoritairement favorables à l’immigration, plus précisément à une immigration régulée. L’administration Trump cherche à rebattre les cartes de l’immigration en souhaitant un contrôle renforcée de celle-ci. Mais certains États montrent leur résistance. Par exemple en Californie, les immigrants en situation irrégulière possèdent quasiment autant de droits que les immigrants légaux.