Partant du constat toujours valable que les recherches en sciences de l’éducation, abondantes mais hélàs émiettées, se transfèrent trop peu dans la sphère politique et enseignante et que la légitimité même de cette discipline est régulièrement contestée, Eric Plaisance (université Paris V) et Gérard Vergnaud (CNRS) remettent ici à jour leur synthèse sur le sujet avec cette 5ème édition (1ère édition en 1993).

Pourtant, l’objectif des premiers cours de sciences de l’éducation à la fin du XIXème siècle ne souffrait pas d’ambiguité puisqu’il s’agissait d’y assurer la « préparation professionnelle » des maîtres. Mais il est vrai que cette discipline s’est instaurée, « par le haut », dans un contexte d’offre supérieure à la demande, ce qui a pu générer des doutes dès les débuts sur son bien-fondé.

Légitimées par la création de diplômes spécifiques après la Seconde Guerre mondiale, les sciences de l’éducation séduisent des étudiants parfois âgés qui recherchent une formation complémentaire mais elles trouvent toujours une place naturelle dans les formations initiales à l’enseignement malgré les critiques sur leur « pédagogisme » dominant (les auteurs précisent que les enseignants en sciences de l’éducation ne composeraient que 20 % du corps enseignantEt il serait injuste d’attribuer à ces seuls spécialistes la responsabilité d’enseignements trop théoriques ou trop éloignés des préoccupations des futurs enseignants. dans des IUFM aujourd’hui malmenés).

Mais ce qui rend la discipline particulière, c’est finalement son objet d’étude, « l’éducation » qui est très difficile à observer de l’extérieur et qui s’avère particulièrement multiforme. Les variables sont nombreuses (âge, institutions concernées, domaines de formation, formes d’action…) tout comme les entrées disciplinaires possibles d’où la nécessité d’équipes mixtes pour couvrir ces questions de philosophie, psychologie, histoire qui sont ici détaillées dans trois chapitres spécifiques.

A cela s’ajoute une solide analyse sociologique sur l’école et ses inégalités : la démocratisation qu’on peut surtout voir comme une « démographisation », l’importance de l’enseignement préélementaire, les évaluations montrant notre infériorité dans l’OCDE et la fascination non transposable de l’exemple Finlandais mais également des dimensions plus spatiales comme les paradoxes de la carte scolaire et les « fractures » scolaires.

Tout en mettant en garde sur les risques d’une « pédagogie scientifique », les auteurs concluent en se demandant si ce n’est pas la socialisation, dont l’éducation ne serait qu’une composante certes dominante, qui devrait constituer l’objet central des questionnements pour tenter d’y inclure les aspects non institutionnels qui pourtant concourent à la formation du citoyen.

De quoi faire un point sur ces questions avant la rentrée (?) mais surtout avant la mise en place des « écoles supérieures du professorat et de l’éducation »…