Cette ressource fragile, menacée qu’il convient de mieux connaître a été célébrée par l’année internationale de l’ONU en 2015. Le présent ouvrage est issu d’un colloque d’avril de la même année à l’initiative du ministère français de l’environnement et mis en ouvre par le GESSOLprogramme de recherche GESSOL « Fonctions environnementales et GEStion du patrimoine SOL ».
Il met en perspectives 22 projets de recherche.
Diversité des usages et des perceptions des sols
La première partie commence par l’étude d’un aspect inhabituel : la perception des diverses catégories d’utilisateurs.
Sols et urbanisme
La concurrence actuelle sur les espaces impose ce premier sujet : sol un espace à bâtir. À partir d’exemples locaux les auteurs abordent la fonction d’épuration des sols : comment, à quelles conditions un sol peut-il supporter les eaux usées d’un espace bâti en particulier non collectif, l’aspect support des espaces verts et de détente des urbains.
Sols et agriculture
Selon le mode de production les exploitants agricoles ont des perceptions différentes : intérêt pour la qualité, la fertilité ; sol substrat à améliorer ou au contraire sol vivant. Ce constat amène à un tour d’horizon des pratiques et de leur évolution : couverture hivernale, agriculture dite de conservation. Les auteurs traitent aussi de la réglementation et des expérimentations en cours.
Sols et citadins
Cette contribution traite à la fois des besoins de nature des citadins et de la « mode » des jardins urbains en comparant les réalités russe et française. C’est une étude sociologique qui montre l’évolution pour la Russie depuis le début du 20e siècle et pour la France les jardins ouvriers du 19e siècle à nos jours.
Le sol est une réalité multifonctionnelle dont la perception est à construire pour aller au-delà d’une vision purement utilitariste et donc trop fonction de l’utilisateur. Les auteurs prônent une sensibilisation de tous les acteurs et du grand public aux nombreuses fonctions du sol.
Intégration d’enjeux globaux dans les pratiques et la gestion des sols
Cette seconde partie est consacrée à la place du sol dans le contexte actuel du développement durable. La notion de limites de la planète est au centre du propos.
Sécurité alimentaire et production de biomasse
Les auteurs montrent qu’en dépit d’une production capable de nourrir le monde la sous-alimentation reste un problème. Ils posent la question de la répartition des ressources entre production végétale pour l’alimentation des hommes, production animale et biomasse énergie et projettent l’évolution à l’horizon 2050. Ils montrent l’importance des sols pour une augmentation de la productivité agricole.
Sols et changement climatique
La place du sol dans les négociations climatiques internationales et européennes : les émissions de GES par l’agriculture sont importantes mais les sols sont aussi des pièges à carbone, les sols et sous-sols représentent 1500 à 2400 milliards de tonnes de carbone stocké sous forme de matière organique.
Un encart présente l’initiative 4 pour 1000Un dessin animé pour tout comprendre de l’[initiative 4 pour 1000 ]->http://4p1000.org/
Les informations sont accessibles et utiles pour les enseignants et les élèves. Les paragraphes sur les méthodes d’estimation de la teneur en carbone sont, par contre, très techniques, ils pourraient offrir un espace de travail interdisciplinaire avec les enseignements scientifiques.
Gestion des sols et biodiversité
Les auteurs insistent sur le peu de connaissances actuelles sur la biodiversité du sol (insectes, champignons, vers de terre) dont le rôle est pourtant fondamental. Un chapitre pour nos collègues de SVT.
Gestion de la fonction de filtration et de régulation des contaminants par les sols
Le rôle de régulateur de la quantité et de la qualité de l’eau est décrit : filtration, régulation des polluants de diverses origines : contaminants agricoles (pesticides, nitrates) mais aussi issus du trafic routier, de la pollution atmosphérique qui se dépose au sol.
L’importance de la pénétration des eaux à l’opposé du ruissellement est mise en valeur de même que le rôle des zones humides. L’étude des sols agricoles est détaillée notamment en viticulture mais aussi des sols urbains et péri-urbains.
Démarches et outils économiques en appui aux politiques publiques
Après les constats, des pistes de solution. Les auteurs montrent l’intérêt, certes récent mais réel, des décideurs pour cette question à partir de l’adoption en 1980 de la charte mondiale des sols (FAO).
Si l’Europe s’est penché sur la question aucune directive de la commission n’est sortie des cartons malgré des travaux qui montrent la nécessité d’une gouvernance des sols.
La prise en compte de la qualité des sols dans le droit français
Aucune loi ne traite des sols et de leur qualité alors même que des déclarations de principes annoncent que le sol est «l’un des biens les plus précieux de l’humanité » (résolution du Conseil de l’Europe – 26 mai 1972), alors que le droit de l’eau existe. Il manque une réelle appréciation juridique de la définition et de la qualité des sols.
Pourtant des outils de gestion existent (chapitre 9) : analyse du cycle de vie d’un produit et impact sur les sols, mesure de l’érosion hydrique, mesure de la teneur en matière organique. Les auteurs regrettent que la polyvalence des usages d’un sol ne soit pas considérée comme une donnée en matière d’aménagement. Ils proposent des grilles d’analyse qui pourraient être retenues lors de l’élaboration des PLU.
Il s’agit ici de développer l’idée de la mesure économique des services écosystémiques. La valorisation monétaire pourrait devenir un outil de gestion comme le montre le schéma de la page 313.
Restauration des sols : panorama, limites et perspectives
Vu la définition encore mal fixée du concept de sol dégradé, les auteurs tentent un panorama des solutions existantes et en montrent les limites.
La conclusion insiste sur la nécessité d’une recherche pluridisciplinaire et participative.