« Un des premiers titres parus il y a 20 ans, un classique des éditions Rue du Monde dont le slogan parle d’envolées : « les oiseaux ont des ailes et les enfants ont des livres. »

Quand on parle d’Afrique traditionnelle, on se réfère aux conteurs, gardiens de la mémoire du village et du clan.

Mariama relate à son ami Alexandre, l’histoire de sa famille racontée depuis des générations et des générations, celle du père de l’arrière grand-père du grand-père de son père. Telle une mélopée, elle parle du destin funeste de tout un village qui connaît l’arrivée des négriers, blancs ou noirs, à la recherche de main-d’œuvre servile.

Mais son ancêtre étant un génie, il réussit à s’échapper dans la forêt. Il a pu ainsi transmettre la réalité de l’horrible commerce en prêtant ses yeux aux oiseaux qui ont suivi les captifs jusqu’aux plantations américaines…

Le propos du dessinateur, Yves Pinguilly s’avère délicat et mystique dans le registre du conte. Les répétitions sonnent justes telles un chant traditionnel africain.  Zaü ponctue le récit de tableaux aux grandes touches de pastels gras à l’huile, adaptées aux couleurs africaines.

Des gravures du XIXe siècle ont été ajoutées à cet album pour donner un ancrage historique au conte. Elles alimentent utilement le propos afin que de jeunes enfants comprennent plus facilement les faits. Une réserve cependant, l’utilisation d’une planche anglaise des bateaux négriers (p.18) qu’il faudrait lire avec distance puisque les historiens aujourd’hui y voient une « exagération » des partisans de l’abolition.

Sans nul doute, cet ouvrage jeunesse, un des premiers de la collection Histoire d’histoire, plaira aux plus jeunes. Il contribuera à la construction d’une mémoire collective sur cette période tragique.