Henri Fabuel et Jean-Marie Minguez ont publié, aux éditions Vents d’Ouest, le récit de l’exil de Francisco, républicain espagnol chassé sur les routes par la guerre civile qui détruit l’Espagne.
Le récit débute en 1963. Francisco, Espagnol résidant à Perpignan dans le sud de la France, attend sa famille qui doit le rejoindre. La neige et le froid lui rappellent la Seconde guerre mondiale et la période sombre de la guerre civile espagnole. Il se souvient de la « Retirada » à laquelle il a participé. En 1936, Francisco vivait en Andalousie avec toute sa famille. Comme d’autres, il est contraint de tout quitter pour fuir la violence des combattants nationalistes. De villes en villes et de courses-poursuites en cachettes, Francisco et ses amis ne connaissent ni repos ni tranquillité. Ils finissent par atteindre la frontière, à travers les Pyrénées enneigées et passer en France. Pourtant, leurs ennuis sont loin d’être terminés…
Les auteurs, d’origine espagnole, rendent hommage au grand-père de Jean-Marie Minguez et, à travers lui, à tous celles et ceux qui ont dû tout abandonner. Le récit n’est pourtant pas manichéen. Les personnages principaux sont complexes. Confrontés à la trahison, au désespoir, ils tentent de survivre dans une situation de plus en plus chaotique. Les émotions, fortes, sont transmises au lecteur qui suit pas à pas les déplacements de Francisco. Le récit est parfaitement illustré par les dessins colorisés en noir et blanc et rehaussés de lavis gris qui mettent en scène cet exil de manière concise et poignante. Une belle œuvre de mémoire ( il est possible de lire l’ITW de Jean-Marie Minguez ). L’album a obtenu le prix Mélouah-Moliterni.Jean-Marc Goglin