Un dispositif pour parler autrement de l’Antiquité romaine
En cinq pages, Jerry Toner explique d’abord son dispositif avec ce citoyen romain fictif, Marcus Sidonius Falx, et un historien, à savoir lui, qui apporte à la fin de chaque chapitre quelques commentaires. C’est alors l’occasion de donner les références précises des textes qui ont servi à Jerry Toner à écrire le texte qui précède. Le tout est fait de façon brève et n’alourdit en rien la lecture. Le propos est organisé en neuf chapitres et un chapitre final avec quelques autres lectures conseillées, sachant qu’il s’agit là d’ouvrages d’historiens récents, ainsi que d’un index très pratique. Un des défis est de faire sentir les mentalités de l’époque. Ainsi, Jerry Toner prend le soin dès le départ de rappeler quelques points essentiels, comme le fait que la société romaine ne croyait pas en l’égalité.
Des Romains héroïques et maitres de leurs émotions
Les deux premiers chapitres offrent plusieurs exemples qui permettent de mesurer l’intérêt du dispositif. En effet, après deux incroyables histoires de bravoure, Jerry Toner, dans la partie commentaires, souligne qu’il faut les prendre avec distance. Il glisse aussi quelques informations de contexte très intéressantes en rappelant que cet empire, peuplé d’environ soixante millions d’habitants, couvrait une superficie grande comme vingt fois la Grande Bretagne. Ensuite, Marcus insiste sur la maitrise nécessaire de ses sentiments et sur l’idée que la discipline garantit le succès. Pour bien le faire comprendre, il prend l’exemple de l’armée, ce qui au passage fournit plein de détails utiles. Ainsi, on apprendra que le camp romain ne devait pas comporter plus de quatre points d’accès et qu’un mot de passe changé chaque jour était nécessaire pour y entrer.
Réussir au temps de l’empire romain
Notre Romain souligne ensuite l’importance de l’agriculture et des domaines agricoles en général. Pour réussir, il propose aussi de prêter de l’argent, ce qui permet de découvrir que le taux d’intérêt pouvait s’élever à 6 voire à 12 %. Parmi les autres voies d’accès possible à la fortune, on peut tenter la carrière de conducteur de char qui pouvait être très lucrative. Dioclès qui a exercé ce métier pendant vingt quatre ans a remporté 1462 courses sur 4257 et fut considéré comme un des hommes les plus riches de son époque. Il faut dire que pas moins de 250 000 spectateurs pouvaient s’entasser au Circus Maximus pour admirer ses exploits. Une fois l’ascension réalisée, il faut également savoir arborer correctement la toge et bien se comporter dans les diners. Pas de problème, Marcus vous explique tout à ce sujet.
L’amour à la romaine
Ce Romain ne recule devant aucun conseil et nous livre donc plusieurs principes à suivre. Tout d’abord, il faut penser à long terme et pas seulement au plaisir immédiat. Jerry Toner resitue l’époque en rappelant que la première chose à prendre en considération alors était la nécessité de procréer. Au passage, on pourra découvrir quelques recettes de l’époque afin d’afficher, par exemple, une belle peau. Ensuite, vous saurez tout sur les contraceptifs, sur la stimulation sexuelle ou sur les endroits où faire des rencontres. On découvrira aussi les pratiques sexuelles de Tibère (p 118 pour ceux qui veulent en savoir plus) et des autres variations possibles sur le même thème.
Vie de famille et recherche du bonheur
Pour être un bon Romain, il faut également être un bon père de famille. Il faut se souvenir que ce monde était bien différent du nôtre avec près d’un tiers des enfants qui mouraient dans leur première année. Plus de la moitié étaient morts avant d’atteindre l’âge de dix ans. On apprendra aussi pêle-mêle l’importance des thermes ou encore de la recette du garum. Le bon Romain doit aussi tendre vers cette formule devenue célèbre : « un esprit sain dans un corps sain ». Parmi les autres conseils qui ont traversé les siècles, celui qui invite avant de se coucher le soir à penser à ce que l’on a fait dans la journée. On ne sera par contre pas forcément obligé d’appliquer la recette proposée contre la mélancolie à base de fumier de veau bouilli dans du vin.
De l’importance des dieux
Marcus Sidonius Falx revient enfin sur la nécessité de se concilier les dieux. C’est l’occasion d’aborder la question des présages. Pour les Romains, le divin est partout et se révèle dans des phénomènes naturels. Marcus s’attarde également sur la question des chrétiens et de leur persécution. Celle-ci avait lieu lorsque la communauté se sentait menacée. Il faut aussi tenir compte du fait que l’Empire romain n’avait pas les moyens de se livrer à une persécution systématique. Le dernier chapitre de Marcus, plus court, insiste sur la nécessité de mourir dignement. Autant dire qu’il faut bien choisir la formule qui garnira pour l’éternité votre monument funéraire.
Cet ouvrage permet donc d’une façon ludique d’aborder le quotidien des Romains, leurs façons de penser, tout en glissant à la fin de chaque chapitre la référence des textes de base, invitant à se tourner vers eux pour approfondir ses connaissances. Il fournit son lot d’informations, d’anecdotes propres à agrémenter de façon vivante un cours sur l’époque romaine.
© Jean-Pierre Costille pour les Clionautes.