Si la croissance économique de la Chine est bien connue, au moins en apparence, il n’en va pas de même forcément pour l’Inde. Ce pays qui a dépassé le milliard d’habitants devrait rejoindre la Chine en termes de population en 2030. De ce fait, la question posée par Frédéric Landy, est simple. Jusqu’où l’éléphant va-t-il aller ?

L’Inde est encore victime de cette image négative de pays sous développé, peuplé de foules misérables. Pourtant, ce pays qui a un taux de croissance de près de 9 % par an, n’est pas simplement un récepteur de capitaux dans le cadre de délocalisations. L’Inde délocalise elle aussi, investit au Vietnam, ou en Chine et même aux Etats-Unis. Le conglomérat Tata qui s’est fait connaître pour avoir lancé la Nano, la voiture la moins chère du monde, s’est offert le groupe britannique Tetley, dont les thés sont connus dans le monde entier. On imagine sans peine le sentiment de revanche qui a dû animer les repreneurs.
Pourtant, la croissance indienne qui ressemble à certains égards à l’envol de la Chine, n’est pas seulement liée à une floraison d’initiatives privées. Le secteur public, puissant, a joué un rôle décisif dans la montée en puissance de l’industrie et des services indiens. A Bangalore, ce sont des parcs technologiques créés par l’État qui ont permis de développer cette puissante activité de service informatiques.
De la même façon, au niveau politique, l’Inde a su prendre un tournant décisif en se rapprochant des Etats-Unis. Ces derniers ne peuvent d’ailleurs qu’y gagner et, évolution du Pakistan oblige, on voit bien que dans cette négociation ce sont plutôt les administrations étasuniennes qui sont en position de demandeur. L’Inde dans cette Asie du Sud compliquée apparaît clairement comme la grande puissance régionale, capable à la fois de faire pièce aux ambitions de la Chine et en même temps de jouer dans la région un rôle stabilisant. Les Etats-Unis sont englués pour longtemps au proche orient et ne peuvent véritablement faire face à des forces déstabilisatrices en Asie du Sud et du Sud Est. Normaliser les relations avec l’Inde, permet à la fois de maintenir la pression sur le Pakistan et en même temps de conserver une possibilité de contrôle d’une industrie nucléaire peu ou prou proliférante.

Au niveau social, l’Inde a aussi connu une évolution rapide avec l’émergence d’une middle class convoitée par certaine entreprises occidentales comme consommatrice potentielle de produits de luxe. On estime son effectif à 120 millions de personnes ayant des standards de consommation occidentaux. Cela en fait des consommateurs de vin français ou de parfums sans parler de bien d’autres produits issus du savoir faire des pays développés.
Le dividende démographique permet à l’Inde de disposer d’une main d’œuvre abondante et bon marché sans avoir pour l’instant, contrairement à la Chine à se préoccuper des retraites consécutives au vieillissement de la population.

Aux côtés de cette inde qui brille, pour reprendre le slogan du BJP, qui a perdu les élections en 2004, on trouve aussi la grande masse de l’inde, les 90 % d’indiens qui vivent dans la pauvreté. 29% de personnes qui vivent avec moins de 0,21 € par jour.

L’inventaire des problèmes auxquels l’Inde fait face et que dresse Fréderic Landy dans sa présentation du dossier est assez éloquent. Le poids du secteur informel est encore considérable, tout comme la persistance d’une forte mortalité infantile qui limite la maîtrise de la fécondité. Des progrès ont lieu certes mais ils produisent parfois leurs effets pervers avec la priorité donnée aux garçons, amenant à un déficit de filles. Par ailleurs, les exigences de cette classe moyenne en matière d’environnement et de qualité de vie, heurtent de plein fouet les intérêts de ces populations tribales, souvent cantonnées dans des réserves et protégées contre leur gré dans des parcs nationaux. Enfin, malgré un secteur étatique puissant, la corruption endémique sévit dans la fonction publique mais également dans les commerces de proximité sensés distribuer les aides aux plus pauvres dans le cadre des systèmes de distribution publics, PDS. On évoquera pour finir les questions de propriétés intellectuelles que l’tat a chois de ne pas respecter dans le domaine pharmaceutique jusqu’en 2004, et qui donnent aux entreprises indiennes du secteur une force de frappe considérable. L’Inde est un premier producteur de molécules au monde et, grâce à son poids le prix des médicaments antisida a été divisé par 100 depuis 2000… Belle performance qui ne semble pas avoir mis sur la paille les actionnaires des groupes pharmaceutiques européens ou étasuniens. On respire !

Le dossier documentaire reprend les grands thèmes développés dans l’introduction. On trouve ainsi en première partie des présentations globales sur l’Union, comme la segmentation des paysages ruraux, ou le poids du système des castes, avec le lancinant problème des harijans, les intouchables.
De la même façon, dans la seconde partie les campagnes et les villes sont traitées sous l’angle dynamique, avec comme symbole le phénomène de diffusion dans le monde rural d’un semis urbain envahissant mais en même temps source de richesse.
Enfin, pour la troisième partie, l’Inde de la mondialisation est largement présente même si celle-ci ne comporte que cinq dossiers. On y trouve évidemment l’Empire Tata et le cinéma indien, appelé qu’on le veuille ou nom à prendre un certain essor en occident. Mais en même temps, la diaspora indienne, peut-être moins connue que la Chinoise maintient des liens forts avec la terre d’origine tout en s’intégrant encore plus facilement dans les sociétés d’accueil.
On appréciera également la présentation interrogative de l’essor de la middle class qui relativise tout de même son développement. Certes elle existe mais peut-être pas autant que ce que l’on pourrait espérer et de ce point de vue, il est clair que les gisements de développement résident dans la lutte contre la pauvreté endémique. De ce point de vue, l’Etat indien, malgré toutes ses limites a encore, en matière d’intervention et d’orientation de beaux jours devant lui. De quoi sans doute contrarier les libéraux intégristes. Masi il est vrai aussi qu’en matière d’intégrismes l’Inde est parfaitement équipée. Aux côtés des « brigades safran », des hindouistes xénophobes, on trouve également un vivier de fondamentalisme islamique. C’est de la ville indienne de Deoband en Uttar Pradesh que s’est développé le mouvement déobandi, qui a servi de ciment idéologique aux talibans. En même temps, l’Inde est le second pays Chiite du monde après l’Iran, ce qui explique d’ailleurs les bonnes relations avec ce pays.

On pourra donc largement utiliser ce dossier disposant des chiffres les plus récents pour illustrer des séquences de cours en terminale sur la mondialisation. Celle-ci est en effet trop souvent traitée à partir d’exemples chinois. L’exemple indien, qui trouve dans l’action de l’Etat une certaine similitude avec la tradition planificatrice à la française n’est pas non plus dénué d’intérêt.

Bruno Modica

Le dossier de transparents qui nous est parvenu dernièrement est particulièrement riche et permet de travaillet dans trois niveaux différents.

En cinquième. Avec une étude de paysages, remarquable à tous points de vue.
Un exercice de localisation, une étude de paysages, une réflexion sur la notion de contrainte et de ressources.
A cet égard, la progression est bien conçue avec notamment un questionnement qui permet, à partir des observations sur des obstacles physiques, de montrer comment les sociétés humaines ont pu s’adapter. Enfin, pour ne rien oublier, un exercice à partir du Cachemire, pour réaliser un croquis de géographie.

Pour la classe de seconde le dossier peut très largement servir l’étude de cas, avec de très bon documents de départ présentant carte, plan et photographies.

Le passage aux trois supports est particulièrement aisé.

Les différentes notions de géographie urbaine peuvent être abordées:

Les hiérarchies urbaines
Les phénomènes de croissance urbaine
Les héritages en matière d’urbanisation

On peut éventuellement réaliser un croquis à partir du plan de Bombay désormais appelée Munbai. il n’est pas inutile de faire apparaître dans ce cas, une photo satelllite de Bombay et de son environnement à partir de Google Earth

Les concepteurs de l’exercice proposent d’en fair une initiation à l’élaboration de la légende organisée. On en voit tout de suite l’intérêt pour la suite.

En terminale mais plus précisément pour les L et ES, on pourra sans doute tirer profit de ce dossier dans une séance de travail sur l’étude d’un ensemble documentaire, l’épreuve qui nous livre les copies les plus médiocres.

Dans ce cas précis, on pourra utiliser le très bon document du transparent N° 14, consacré à la firme Tata qui s’est illustrée avec sa voiture a 1700 €.
L’étude des implantations mondiales de la firme, notamment en Afrique permet de voir là aussi le poids de l’héritage colonial et de mesure aussi le merveilleux cadeau du colonisateur au colonisé, à savoir l’anglophonie

http://www.tataafrica.com/our_locations/index.htm

Pour ce qui concerne le soft power, on utilisera bien entendu le document 17 présentant l’impact de Bollywood et du premier cinéma du monde…
L’exercice de réalisation du tableau, même si cette partie de l’épreuve a été abandonnée permet au moins de préparer la synthèse et d’éviter que les élèves ne la limitent à une énumération descriptive des documents du dossier.
Au final, ce dossier et une réussite, et, petite coquetterie, je l’utiliserai dès mardi dans une classe de seconde.