Alors que vient de se dérouler le Sommet sur l’océan à Nice, la revue Carnets de science consacre son dossier à ce thème. Elle aborde également d’autres sujets, qu’il s’agisse d’histoire avec l’accession d’Hitler au pouvoir ou des nouveaux voyageurs du centre de la Terre.

Une revue de science ouverte sur le monde

Cette revue a pour objectif de donner du sens à la science. Elle consacre une place importante à la photographie et à l’illustration. Elle veut en outre rendre accessible et compréhensible la science dans un sens large.

Infrasons et rayons cosmiques

L’onde acoustique générée par l’éruption du Krakatoa en 1883 a été si intense qu’elle a été enregistrée par les baromètres des stations londoniennes à plus de 10 000 kilomètres de là. Réputées inaudibles par un humain, les ondes infrasonores sont bel et bien perceptibles par chacun de nous à condition d’atteindre des niveaux d’intensité suffisamment forts. Les infrasons sont aujourd’hui l’angle mort de la réglementation sur le bruit dans de nombreux pays dont la France. Il faut en tenir compte alors que se développe l’éolien. Le vent est aussi un élément à prendre en considération.

Un autre reportage est consacré à Kumiko Kotera, spécialiste des rayons cosmiques de haute énergie. Elle est la première femme à être à la tête de l’Institut d’astrophysique de Paris. On découvre son parcours et on remarque que dès sa jeunesse, elle était sensible aux histoires d’astronomie et à la poésie qu’elles dégageaient.

Côté histoire : Antiquité, nazisme et bombe atomique

Jean-Claude Golvin redonne vie à l’Antiquité grâce à ses dessins. Sa démarche est scientifique mais aussi esthétique et il revendique le fait de ne pas forcément livrer un tableau exact d’une ville antique. Restituer n’est pas inventer. Ses travaux obligent parfois les chercheurs à préciser. Il a aussi reconstitué des scènes de la vie quotidienne en Egypte à l’époque ptolémaïque. Des machines et outils dont il ne reste aucune trace archéologique ont pu être révélés grâce à une étroite collaboration entre le dessinateur et des scientifiques.

Grâce à Mathieu Grousson, on mesure le rôle joué par la France dans le domaine atomique dans les années 30. On comprend mieux dès lors que la France put créer le CEA dès octobre 1945.

Christian Ingrao et Johan Chapoutot s’interrogent sur l’essor du national socialisme et sur son acceptation par la société allemande. Le nazisme s’impose en proposant une vision globale du monde, qui donne du sens au passé, présent et futur. Il prend en charge l’angoisse et va vers la ferveur.

Entre science et histoire

En 1864, le roman de Jules Verne «  Voyage au centre de la Terre » connait un succès retentissant. Il est aujourd’hui considéré comme un récit d’aventure plutôt que comme une référence scientifique car les connaissances ont évolué. Champs magnétiques, séismes, éruptions volcaniques sont autant de manifestations qui témoignent en surface de la dynamique interne de la Terre. On sait désormais que les volcans islandais sont liés à un point chaud.

Portfolios

Deux portfolios sont proposés dans la revue. Le premier est consacré aux arbres du futur. Il s’agit de les rendre plus résistants. Le second évoque l’artiste Robert Delaunay qualifié d’ « artiste alchimiste ». Des scientifiques tentent de percer le mystère des couleurs du peintre et notamment de ses violets. Ces travaux permettent aussi de progresser dans la conservation des oeuvres.

Océan, la science sur le pont

Les scientifiques ciblent aujourd’hui les grands fonds marins. Rappelons que l’océan couvre les deux tiers de la surface de la Terre, que l’océan a une profondeur moyenne de 3800 mètres. Aujourd’hui, moins de 20 % des fonds marins ont pu être cartographiés en détails. Historiquement subdivisé en trois ensembles, l’océan ne constitue en réalité qu’une seule et même entité. Les océans sont de formidables réservoirs d’espèces. Parmi les trésors, il y a le ver de Pompéi capable de résister à des températures extrêmes. D’autres ressources sont recherchées pour leur propriété de bioluminescence.

Un équilibre fragile

Régulateur du climat mondial, l’océan absorbe chaleur et dioxyde de carbone. L’océan austral est particulièrement sous pression car à lui seul il absorbe 40 % du CO2 capté par les océans. Les oiseaux marins sont des sentinelles de la mer. Victimes des différentes pollutions, ils subissent les effets du réchauffement des eaux. En Nouvelle Zélande, on a même découvert une nouvelle maladie, la plasticose.

A qui appartient l’océan ?

La convention de Montego Bay en 1982 a marqué une étape décisive, mais aujourd’hui 60 % des océans ne restent sous l’autorité d’aucun état. L’une des principales faiblesses du droit de la mer est qu’il s’est formé autour de revendications territoriales ou d’enjeux économiques qui prennent mal en compte les enjeux environnementaux. Les Aires Marines Protégées ne bénéficient d’aucune définition internationale, ce qui pose problème.  Le philosophe Robert Casati nous invite à changer notre regard sur l’océan. L’altérité radicale de l’océan nous oblige à forger de nouveaux concepts pour mieux le sauvegarder.

Bactériophages et désert

Pour lutter contre l’antibiorésistance, une technique a fait ses preuves depuis plus d’un siècle, la phagothérapie. Pour que la médecine occidentale s’empare de cette approche, elle doit changer certains de ses principes fondamentaux. Jean-François Mondot se penche sur le désert, Mathieu Grousson sur le Big bang à portée de télescope et Thomas Allard raconte le travail d’une équipe de recherche pluridisciplinaire au Kénya.

En plus d’être un bel objet, ce numéro de la revue du CNRS propose un éclairage passionnant sur la question cruciale des océans. Elle offre également des éclairages sur d’autres sujets parfois exigeants.