Présentation de l’éditeur. « Sur terre comme dans les airs, les destins croisés de deux soldats que tout oppose… Un constat édifiant sur l’horreur de la guerre d’Espagne… ».
Le récit se place dans les premiers temps de la guerre d’Espagne, entre juillet et octobre 1936. Il met aux prises plusieurs protagonistes. On a un aristocrate allemand qui appartient à la légion Condor, Dieter von Moltke, figure très chevaleresque qui entend qu’on se batte en respectant certaines règles : on ne tire pas sur le parachute d’un pilote abattu. Dans le camp républicain, plusieurs personnages apparaissent parmi lesquels un mécanicien, Pedro Goya (sic), se fait remarquer par ses talents de mitrailleur, et qui ne tarde pas à être embarqué en vol. Toutefois, le propos ne tarde pas à décevoir : on n’a rien que de bien classique, sur fond d’amour (dont on ne voit pas bien ce que cela apporte), de héros au grand cœur, etc. Il reprend de l’altitude, si l’on peut dire, avec l’utilisation du contexte international. On a en effet les initiatives prises par Pierre Cot, ministre de l’Air, qui organise l’approvisionnement des républicains en appareils français. L’opération est confiée à André Malraux. De l’autre côté, on voit comment l’aviation a été un élément important dans le succès franquiste, après l’échec du coup d’État du 18 juillet 1936.
Dans ce monde d’hommes, les femmes semblent jouer un rôle secondaire, trop souvent réduites à servir au repos du guerrier. Pourtant, l’une d’elles est Sofia Rigau, compagne de Pedro Goya, mais surtout militante et organisatrice de l’administration de l’escadrille d’Espagne.
Néanmoins, l’album se signale par la grande qualité des illustrations. Gerardo Balsa n’en est en effet pas à sa première bande dessinée. Il en a notamment publiées à Zéphyr Éditions, qu’il a consacrées à l’aviation, domaine dans lequel il excelle à restituer le moindre détail des appareils qu’il dessine. Et il y en a un sacré lot dans ce récit sur la guerre d’Espagne : Bréguet XIX (dont les premiers modèles remontent à la première guerre mondiale), Heinkel He-51, Potez 540, Dewoitine D371/372, Loire 46, Bloch MB 210, Vickers Vildebeest, Nieport-Delage NiD 52, Focke-Wulf FW 44 Stieglitz, Junckers Ju/52, évidemment le Polikarpov I-15, etc. Tous les appareils font d’ailleurs l’objet d’une notice technique dans un cahier final, avec un commentaire concernant leur rôle dans ce conflit. Autant dire que le travail de Gerardo Salsa s’appuie sur une documentation très solide.
On a également apprécié la préface d’Antonio Martín, qui aide bien à comprendre les enjeux de la guerre d’Espagne au travers de l’album, et propose également quelques affiches républicaines intéressantes.