Le roman graphique s’ouvre sur le bidonville de Nanterre et les manifestations, réprimées avec une effroyable violence, du 17 octobre 1961(« bilan des rafles des 17 et 18 octobre : 13394 arrestations, près de 200 morts et plus de 100 disparus », p.15) et de Charonne, le 8 février 1962 (« 9 morts, 250 blessés », p.17).

Elise, double fictionnel de l’autrice Dominique Grange, s’ouvre à la politique dans le contexte de la guerre d’Algérie. Élève de terminale au Lycée Edgar Quinet de Lyon, elle découvre, au contact de sa professeure de philosophie « La Question » d’Henri Alleg et « Nuit et brouillard » d’Alain Resnais. S’en suit un premier tractage contre la guerre en cours et une manifestation, en mai 1958, qui se solde par un premier tabassage. Son bac en poche, elle part à Paris, officiellement pour y poursuivre des études mais surtout avec la volonté de faire du théâtre.

Comédienne et chanteuse, Elise retrouve un militantisme actif à l’occasion de la révolte de 1968. Elle chante dans les usines occupées et, Mai terminé, elle adhère à la Gauche Prolétarienne d’obédience maoïste.

Elise et les nouveaux partisans est un témoignage des plus intéressants sur une partie de la jeunesse qui avait choisi de s’engager dans une lutte continue et sur les actions qui furent menées dans ce cadre : immersion en usine, manifestation contre l’extrême droite et le racisme mais aussi adhésion au Secours rouge avec des actions de solidarité envers les plus démunis.

Servi par le dessin toujours aussi extraordinaire de Tardi, le propos de Dominique Grange nous entraîne dans ce que furent les grands combats de la chanteuse/écrivaine et ce, sans nostalgie.

Elle écrit (p. 175), en guise de postface, que « s’il fallait aujourd’hui, en, 2021, ne garder qu’une seule des 427 citations du Petit Livre rouge, je choisirais celle-ci, sans hésiter : « On a raison de se révolter » ! ».

Grégoire Masson