Le 15 avril 2019, Emmanuel Macron annonce le projet de création de la Convention Citoyenne pour le Climat. C’est cette aventure qui est présentée dans cette BD.
Mathilde Imer, dans sa préface, resitue le contexte de la décision du président Macron, de réunir la Convention Citoyenne pour le Climat qui sera organisée par le Conseil économique, social et environnemental (CESE) et les grandes lignes du projet : mode de désignation des délégués, partage des informations avec les experts… Échec ou réussite entre riches débats et volonté ou non de mise en œuvre des propositions par le pouvoir politique.
La BD s’ouvre sur le mouvement des Gilets jaunes. Les buts de la Convention Citoyenne pour le ClimatVoir le site fficiel sont mis en images à partir du texte de la conférence de presse du 25 avril 2019. De manière très factuelle, la BD décrit sa composition : 150 délégués tirés au sort, son fonctionnement.
Le 26 juin 2020, les propositions sont rendues publiques dans un rapport de 426 pages. Ce sont 149 propositions, réparties en 5 thèmes : – Se Déplacer – Consommer – Se Loger – Produire et Travailler -se nourrir.
La BD est construite sur un modèle. Chaque double planche, propose quelques informations sur l’objectif illustré dans l’histoire qui suit.
Les 150 propositions ont été réparties en 43 objectifs traités en deux planches.
A la fin de chaque chapitre, quelques pages sont consacrées à des interviews de participants à la Convention.
Consommer
Le thème revient sur les obligations d’information du public avec le nutri-score qui pourrait servir de modèle pour un score carbone, CO2-score. Des vignettes explicatives et un peu d’humour pour aborder la surconsommation et le suremballage.
Cependant, le lien avec le changement climatique n’est pas toujours clair comme dans ce cas (page 26) : « On pourrait alors créer des instances spécialisées, telles que des juges et un nouveau pouvoir de police judiciaire, pour sanctionner plus efficacement et rapidement les atteintes aux règles environnementales.», à propos de la mort des abeilles.
Produire et Travailler
Ce chapitre met l’accent sur la réparation, le tri et le recyclage et la lutte contre l’obsolescence programmée.
Mais dans le même temps, il faudrait soutenir l’innovation, mais l’exemple choisi d’un objet distribuant, de façon aléatoire, des graines pour reboiser semble plus loufoque que pertinent.
Les aspects financiers pour financer la transition écologique sont aussi évoqués, et les évolutions professionnelles, du béton à l’ossature bois. Bilan comptable des entreprises et marchés publics devraient être incité à la décarbonation.
Parlez de déforestation en lien avec la biodiversité, bien sûr, dommage que le rôle de puits de carbone des forêts ne soit pas mentionné.
Par contre, proposer de mieux prendre en compte les GES dans les produits importés est, en effet, un aspect à souligner.
Enfin, La BD montre le poids du numérique dans les impacts environnementaux.
Se Déplacer
Comme pour les chapitres précédents, on a une juxtaposition de propositions, assez classiques pour tout lecteur au fait de la question : développement des transports collectifs, de l’utilisation du vélo, réduire la vitesse sur autoroute, le report modal du fret. Si la participation citoyenne au débat est mentionnée, on aurait pu s’attendre à des situations de débats plus vifs qui avec une BD auraient donné du rythme.
Se Loger
Les auteurs insistent sur un point très important la rénovation énergétique des bâtiments. Ils abordent l’étalement urbain, l’artificialisation des sols sans que les liens avec le climat ne soient montrés.
Se nourrir
Si l’argument de pratiques responsables dans la restauration collective est, évidemment, recevable, on est là plus dans le slogan que dans l’information qui permettrait de comprendre comment « on réduirait activement les émissions de GES dues à l’agriculture et l’alimentation ».
Le volet social est abordé avec la loi Egalim, et le rôle que pourrait jouer la PAC, la politique agricole commune, pour favoriser de nouvelles pratiques agricoles et le besoin de transparence dans le commerce international. Des informations au consommateur, labels, additifs complètent ce chapitre.
Les auteurs reprennent l’idée d’une législation sur le crime d’écocide et la notion de « limites planétaires ».
L’ouvrage est complété d’un glossaire, d’une bibliographie qui ne renvoie que vers des rapports dont on ne sait où les trouver, l’adresse internet de ces textes serait la bienvenue.
Cette BD peut être un aide-mémoire des solutions possibles et c’est là son plus grand mérite, un moyen de lutter contre l’éco-anxiété, d’autant que la dimension sociale des propositions n’est jamais absente. Dommage que les informations soient sommaires et que le texte soit un peu trop consensuel pour convaincre au-delà de ceux qui sont déjà convaincus.