Il y a quelques mois, j’ai commencé à suivre les aventures de Louis, Lieselotte et Georg à travers la série Visages – Ceux que nous sommes, fruit de la collaboration entre Nathalie Ponsard-Gutknecht et Miceal Beausang – O’Griafa (tous deux scénaristes) ainsi qu’Aurélien Morinière au dessin.

Bref rappel du tome 1 : l’histoire nous invite à suivre les aventures de Georg un jeune orphelin. N’ayant jamais connu ses parents, il cherche en savoir plus. Il découvre que son père est français et sa mère austro-allemande.

Comment se sont-ils rencontrés sur le front, en plein no man’s land ? Comment est né leur histoire d’amour ? Pourquoi l’ont-ils abandonné ?

Engagé dans l’armée allemande au début de la WWII il tombe nez à nez avec son père qui le reconnaîtra grâce au médaillon qu’il porte.

Le tome 2 peut être considéré comme un tome « intermédiaire ». Alors que la fin du tome 1 met en image la rencontre entre le père et le fils, on peut s’attendre alors à une suite avec plus de proximité entre les deux hommes. En réalité ce tome – un peu comme le tome 1 au final – fait des va et vient entre le passé et le présent des personnages. Point de retrouvailles concrètes entre les héros (pour l’instant)

Pour plus de clarté je ne vais pas suivre ici l’ordre des planches mais faire une rapide synthèse de chacun des protagonistes.

Commençons tout d’abord pas le père, Louis Kerbatz. Jeune, Louis est passionné de dessin mais son père souhaite avant tout qu’il reprenne les affaires sur les chantiers navals à Brest. En conflit ouvert avec son lui, il va même jusqu’à refuser les fiançailles que ce dernier avait organisé ce qui met un terme à leurs relations.

En 1919, Louis est de retour à Brest. Il retrouve sa famille mais sait au fond de lui ce qu’il veut : monter sur Paris et devenir artiste. Mettre son talent au service de l’art et du spectacle. Il séjourne dès 1920 à la cité des artistes (« la ruche ») à Montparnasse et se concentre sur la peinture. Mais il rêve de plus grand. Il réalise alors des affiches et décors pour spectacles avant de se voir confier la mise en scène d’Andromaque de Racine. Sa mise en scène novatrice lui vaut les louanges de la presse.  Sa carrière semble lancée…

Deuxième personnage et non pas des moindres, nous avons Lieselotte. Tout commence en 1907 ; on découvre une grande complicité entre elle et son cousin Peter (qui est mentionné dans le premier tome, ce qui se confirme par la suite) à travers leurs escapades et les nombreux reportages photographiques de son père. Suivant le modèle paternel (photographe) et maternel (journaliste), Lieselotte alors adulte trouve sa voix : elle veut être reporter.

Nous sommes dans l’entre-deux guerres et Lieselotte – en tant que reporter – dénonce les difficultés économiques rencontrées par les Allemands, à travers ses photos et ses écrits. Étoile montante du journalisme, ses talents sont reconnus elle est alors envoyée à Berlin en 1927. Elle tombe sous le charme du rédacteur en chef du Berliner Illustrierte Zeitung, qui n’est autre que son patron. C’est à travers l’histoire de Lieselotte que l’on en apprend davantage sur la montée du national-socialisme dans un contexte de crise économique, bien connu en Allemagne dans les années 30. Est évoqué également la montée en puissance d’Hitler qui inquiète beaucoup d’allemands ainsi que l’incendie du Reichstag. Cela permet d’illustrer le contrôle de la presse mise en place par Goebbels le 4 octobre 933. Les journalistes perdent leur autonomie et leur liberté d’expression au profit du régime nazi. Lieselotte ne peut supporter cette situation et constate que les journaux ne sont devenus que des outils de propagande. Elle souhaite aller sur le terrain mais la situation est difficile. En 1941, alors qu’elle couvre un évènement du parti nazi, elle se rend avec son cousin Peter à proximité d’un camp de redressement qu’elle veut prendre en photo pour montrer au peuple allemand (et au monde entier) ce que la parti nazi cache.

Après quelques révélations sur le passé des parents de Georg, nous retrouvons ce dernier en 1927 alors qu’il vient de s’enfuir de l’orphelinat. Livré à lui-même, Il fait la rencontre de la veuve Hemlich qui va le prendre sous son aile et lui fournir un toit, de la nourriture et surtout de l’attention. En 1940, en pleine préparation de l’opération Seelöwe. Georg va être formé pour être tireur d’élite, encadré par un une jeune femme caporal prénommée Sheila McDare (irlandaise, membre de l’IRA). Cette dernière justifie sa présence parmi les membres de la Wehrmacht comme le moyen de tuer des Britanniques et de servir la cause irlandaise. Nous suivons brièvement sa formation et son rapprochement avec sa formatrice. Tous deux se confient sur leur vie respective.

Les parents de Sheila sont tous deux membres de l’IRA et sa mère est sniper. Elle raconte alors l’arrestation de son père par les britanniques suite aux pâques sanglantes. On apprend alors que le père de Sheila a combattu aux côtés de Louis Kerbatz. Finalement il sera sauvé du peloton d’exécution par l’intervention de l’IRA (et de sa femme).

Ce passage apporte donc un regard nouveau et créé une proximité entre plusieurs personnages très éloignés dans l’histoire. A voir où cela va nous mener…

L’ouvrage se termine par l’arrestation de Peter suite à une dénonciation faite par le docteur Kühnmunch (afin de servir ses propres intérêts). Là encore, on se doute bien que cela pose l’intrigue du tome 3.

Comme pour le premier tome, on retrouve en fin d’ouvrage des articles qui proposent d’aller plus loin afin de découvrir le contexte historique précis qui sous-tend la saga. On peut citer « L’Irlande pendant la WWI », « mutinerie, abdication et révolution » ou encore « Paris, la ruche », « Wehrmacht ou SS, même combat ? »…

Avis personnel : Ce parti pris de mélanger les récits me laisse toujours aussi perplexe mais cela ne m’empêche pas d’avoir envie de connaître la suite. Certaines planches amènent à s’interroger et se documenter sur le contexte historique de l’époque ce que je trouve intéressant. Malheureusement je trouve que cet ouvrage numéro 2 n’apporte que peu de nouveautés à l’histoire principale.

A la fin de de ce tome 2, le lecteur restera peut-etre sur sa faim :  Georg parviendra-t-il à retrouver ses deux parents et surtout à leur pardonner ? Lieselotte et Louis vont-ils se rencontrer à nouveau ? Quelle place va avoir Sheila dans la vie de Georg ? Les deux derniers tomes apporteront sans aucun doute des réponses à nos interrogations.