Dernier volume d’une tétralogie, cet ouvrage peut se lire indépendamment. Il fait suite à : « Le système éducatif français à l’ère ludique, de l’hédonisme et de l’adulescent », puis « Le système éducatif français à l’ère des perversions idéologiques » et enfin « L’école flottante ». Ces volumes permettent de comprendre un système éducatif mis en perspective et présenté de manière à échapper autant à la confusion ambiante qu’à nos propres croyances.
L’auteur délivre en moins de 150 pages les différentes pédagogies qui se succèdent au fil des décennies. Pourtant, bien que se succédant, elles ne sont pas nouvelles… Certaines sont des « innovations » qui datent depuis de plus de 200 ans !

Au fil des pages, l’auteur nous explique point par point les différentes politiques mises en œuvre par les gouvernements français successifs pour faire correspondre l’éducation à l’économie souhaitée par ces derniers. La « démocratisation » de l’école au peuple français n’est en rien un geste de bonté de la part des dirigeants de l’Etat. La population éduquée a pour finalité de servir le pays sous toutes ses formes.

Mai 68 est le symbole des cristallisations entre étudiants, travailleurs et Etat. Pourtant, on parle de l’avant-Mai 68 et de l’après-Mai 68 : ce n’est pas cette date qui a modifié les volontés politiques des dirigeants. Certains projets, certaines lois étaient déjà en train d’être préparées dans le but de favoriser l’accès à l’Université à des milliers d’étudiants. Les soixante-huitards ont pensé avoir eu un grand impact lors de cette période, or, l’auteur explique qu’ils n’ont pas eu de grands rôles à jouer dans ce jeu où les règles étaient déjà établies par les dirigeants du pays.

L’auteur dénonce le capital qui dirige les politiques éducatives et l’inintérêt de délivrer le diplôme du BAC à la quasi totalité des lycéens d’une même génération. Il dénonce aussi les différentes étapes de l’allongement de la scolarité obligatoire qui pousse alors les élèves à devenir des étudiants à faire des études supérieures qui ne présentent pas forcément d’intérêt pour ces derniers ni de réelle insertion professionnelle.

Le choix chronologique de l’auteur peut surprendre : en effet, dans la première partie de l’ouvrage, il décide de partir de 1959 jusqu’à 2018, mais dans les parties suivantes nous allons du plus récent vers le passé (1919-1958, 1919-1958, 1833-1918, 1789-1832).
Même si cela perturbe légèrement, il arrive toujours à rattacher les dates aux conséquences déjà vues dans la première partie. Les connexions se font aisément et la lecture se fait plus facile.

Très riche en notes de bas de pages, le livre peut être parfois difficile à lire ; d’autant plus qu’il est rare de pouvoir faire une pause dans la lecture (il n’y a que très peu de titres entre les parties et paragraphes). Mais si certains points sont difficiles à comprendre, l’auteur essaie au mieux de faciliter notre compréhension et synthétiser les lois, pédagogies etc… qui s’étalent sur près de 200 ans.
Néanmoins, on ne pourra pas reprocher à l’auteur son manque de sources. Tout a été minutieusement recherché et on ne peut que l’en féliciter tant les renvois montrent le sérieux du travail effectué. De plus, pour mieux comprendre certains points (déjà bien expliqués et développés) on peut facilement se référer aux citations de l’auteur et aller voir plus loin par curiosité personnelle.

Pour conclure, un excellent ouvrage qui permet de comprendre bien des choses quant à la politique éducative française actuelle et son évolution. Ce livre est très enrichissant pour le lecteur.

Je recommande vivement cette lecture !