Après une double-page introductive, une mise en perspective des « événements » permet de contextualiser mai 68 : à cette époque, en France, « l’économie se porte bien, la politique est stabilisée… et pourtant la société française bouge ». En effet, alors que certains Français accourent à l’exposition Toutankhamon à Paris, que d’autres regardent les deux chaînes de télévision contrôlées par « un ministre de l’information qui contrôle tout ce qui se dit », on apprend que la contestation monte partout (Vietnam, révolution culturelle de Mao et en France aussi, dans les universités).
Ensuite, un descriptif détaillé des événements est présenté depuis son point de départ à Nanterre (mouvement du 22 mars, bidonvilles) jusqu’à la création, un an plus tard, de l’université de Vincennes (« on y enseigne le cinéma et l’informatique, une révolution »). Le livre se termine sur le départ de de Gaulle à la suite du referendum en 1969. Entre ces pages, une large part est donnée aux explications avec des questions simples : « mais que veulent-ils ? » (en évoquant les étudiants), aux revendications (liberté sexuelle, libération de la femme) et aux acteurs principaux (les étudiants, Dany le Rouge, les ouvriers de Flins et de Sochaux, de Gaulle…). Une chronologie complète le tout à la fin de l’ouvrage. C’est donc un documentaire bien complet et dont la construction permet de saisir les « événements » dans toute leur complexité.
Cet ouvrage présente deux avantages. Tout d’abord, il est richement illustré : des photographies en noir et blanc, en couleurs, des affiches de l’école de beaux-Arts (dont la fameuse « la chienlit, c’est lui »), des slogans reproduits : « Enragez-vous », « ne travaillez jamais ! » « le réveil sonne la première humiliation de la journée ». Ces ressources iconographiques sont à chaque fois légendées et les légendes fournissent une première grille d’analyse de ces images, ce qui est bienvenu pour un jeune lectorat. Ensuite, cet ouvrage présente une certaine originalité en s’intéressant en particulier à une personne fictive et à la manière dont elle a vécu les événements. Ainsi, on nous explique, ce que font Monique, René, Simone et Michel en mai 68. Monique est une jeune étudiante fraîchement débarquée de Châteauroux à la Sorbonne, qui se forge peu à peu une conscience politique. René, un ouvrier de Sochaux découvre la lutte syndicale. Quant à Simone et Michel, ce sont deux commerçants « Français moyens » et on apprend que « ce qui les inquiète ce n’est pas leur boutique, mais l’avenir de leurs enfants ».
Pour conclure, on peut dire que cet ouvrage est un livre qui se lit aisément grâce à ses phrases ni trop courtes, ni trop longues, sa mise en page qui donne envie de lire (présentation des textes sous forme de colonne, belle iconographie). Bref, cet ouvrage a tout pour plaire à des collégiens, des lycéens également … et aux parents et enseignants ! A conseiller dans tous les CDI !