Et si l’on reprenait l’écrin des cartes d’antan pour représenter notre monde actuel ? Ce beau livre propose cinquante cartes réparties en cinq parties permettant ainsi d’éclairer les enjeux contemporains. « Prendre un écrin passé pour montrer le présent : voilà l’intention esthétique et scientifique de cet atlas ».
Des mappemondes aujourd’hui ?
Des cartes planes pour représenter le globe terrestre divisé en deux hémisphères : ce type d’ouvrage a été une source d’information pour des générations. Mais, avec l’informatique et les nouvelles technologies, ce type de carte a totalement disparu. Les auteurs évoquent la question des recherches graphiques, des recherches de données, du choix de la projection ou encore du choix de la police de caractère. Chaque double page est organisée autour d’une thématique comme « fleuves et lacs dans le monde ». On peut juste regretter que le texte écrit de chaque côté de la mappemonde soit un peu petit.
La mappemonde au microscope : principes cartographiques
Souvenons toujours que le Groenland qui représente une surface de 2,2 millions de km2 apparait plus étendu que l’Afrique qui fait 30,4 millions de km2 ! La carte sert à se repérer dans l’espace et elle est aussi un outil de compréhension du monde. Les auteurs retracent l’histoire des codes géographiques en parlant de l’importance de Jacques Bertin. La carte est tout sauf neutre.
Des mappemondes pour prendre le pouls de la Terre
Les glaciers couvrent 10 % des terres émergées et 80 % d’entre eux pourraient disparaitre d’ici la fin du siècle. Trois milliards de personnes dépendent de la mer pour leur approvisionnement en protéines. Les océans stockent un quart du carbone libéré par les émissions anthropologiques de gaz à effet de serre. Alors qu’elle était couverte à 50 % de forêts il y a 8 000 ans, la Terre ne l’est plus qu’à 30 %. Une carte montre le point Némo, c’est-à-dire le point le plus isolé de la planète, situé à plus de 2700 kilomètres des côtes de l’Antarctique et de l’île de Pâques. Les forêts jouent un rôle essentiel pour la biodiversité car elles abritent 75 % des espèces d’oiseaux. La France possède la deuxième gisement éolien européen après le Royaume-Uni.
Des mappemondes pour prendre le pouls des habitants
On est passé d’un milliard d’habitants au début du XIXème siècle à 8 milliards aujourd’hui. L’enjeu n’est pas tant un problème démographique que de mode de vie. Les auteurs évoquent le jour du dépassement de la Terre. Les révolutions industrielles ont profondément transformé l’économie, la société et les paysages dans les pays de l’hémisphère Nord. Il faut aussi se souvenir qu’il y a aujourd’hui plus de 11,7 milliards d’appareils connectés et qu’un email émet 4 grammes de CO2 et six fois plus quand il y a une pièce jointe. Une double page évoque la surpêche qui menace les océans. Les fleuves et océans sont par ailleurs contaminés car jusqu’à 30 % des cabillauds pêchés en mer du Nord présentent des traces de microplastique dans l’estomac.
Des mappemondes pour prendre le pouls des sociétés
La frontière vient matérialiser, acter et confirmer le rôle exercé sur un territoire. Elles comportent toujours une part d’arbitraire. Il y a aujourd’hui plus de 300 frontières internationales s’étendant sur 261 000 kilomètres et cela sans compter les frontières maritimes. Une autre double page parle de la liberté de la presse dans le monde et une autre sur les frontières et les murs qui divisent le monde. En 2023, une soixantaine de différends frontaliers majeurs sévissent sur le globe. Entre contrôle des Etats et puissance des Gafam : 1,3 million de kilomètres de câbles soit 33 fois le tour de la Terre.
Une mappemonde dans l’espace
Malgré une ambiance qui n’est pas sans rappeler une guerre des étoiles, l’espace reste aussi paradoxalement l’un des derniers lieux de coopération qui persiste entre les Etats-Unis et la Russie. L’atlas évoque également Mars, la Lune ainsi que la question de la pollution lumineuse.
Cet atlas contient une dimension plaisir pour le lecteur qui est indéniable. Il remet à l’honneur un type de visualisation qui a effectivement été la référence pour des générations. Au-delà de cet aspect graphique, il apporte de nombreux éléments de référence sur l’état de notre planète.