Hélène Montardre n’est pas une novice en littérature jeunesse : presque 20 romans juniors et autant en documentaires jeunesse à son actif ! Pour Marche à l’étoile, l’auteure a reçu une aide de l’Institut Français à travers le programme « Hors les Murs ». Elle a pu, à l’instar de 21 autres lauréats, bénéficier d’une bourse afin de réaliser son projet et effectuer un voyage aux États-Unis qui a, j’imagine, été inspirant ! En effet, avec ce roman, on « voyage » vraiment en suivant les pérégrinations du / des héros à travers les États-Unis.
Le roman s’organise autour de trois grandes parties qui se déroulent à chaque fois dans une temporalité et un lieu différents.
La première partie retrace l’histoire de la fuite d’un jeune esclave au milieu du XIXè siècle. Billy, ce jeune esclave, sert de prétexte à la romancière pour expliquer ce que fut l’Underground Railroad, « un réseau d’entraide secret dont les membres, Blancs ou Noirs, procuraient nourriture, abri, réconfort, guides, souvent au péril de leur vie » aux esclaves qui fuyaient les plantations des états du Sud. Cette fuite est également l’occasion de voyager à travers les États-Unis depuis la Géorgie jusqu’au Vermont en passant par les Appalaches. La fin de cette partie se termine à New-York.
La deuxième partie relate la découverte de cette histoire par un descendant de Billy. Jasper, étudiant en physique, découvre un cahier dans lequel Billy a relaté son histoire. Jasper, intrigué, se lance alors sur les traces de Billy, se lançant ainsi à la quête de sa propre identité. Jasper prend alors conscience de son passé d’Afro-américain et réalise qu’il n’en avait pas conscience jusque-là.
La troisième et dernière partie (très romancée) se situe aujourd’hui en France, à Bordeaux où s’achève la quête d’identité de Jasper. Il comprend à ce moment que sa propre identité s’appréhende à travers le prisme d’une autre identité, une identité collective, celle des Afro-Américains.
L’histoire de Billy occupe plus de la moitié du livre. Cette course vers la liberté emporte le lecteur et sera probablement appréciée par de jeunes lecteurs. En revanche, les deux parties qui suivent, plus succinctes, sont un peu plus « pédagogiques » avec des explications sur la traite des Noirs, sur l’immigration européenne aux États-Unis, sur le passé négrier des grands ports français de l’Atlantique. Cependant, les deux dernières parties abordant des préoccupations adolescentes à travers la construction d’identité du héros, devraient continuer à intéresser le jeune lecteur.
Ce roman peut être utilisé soit en lecture cursive soit certains extraits s’avéreront intéressants lors d’une collaboration français / histoire-géographie niveau 4è (Thème 1 : Le XVIIIe siècle. Expansions, Lumières et révolutions), en EPI et également en LP (lettres/histoire). Certes, en LP, le programme de seconde traite de la France (Sujet d’étude 3 : Le premier empire colonial français, XVIe – XVIIIe siècle), mais quelques extraits du roman sont envisageables. Par ailleurs, certains extraits pourraient aussi être adaptés pour le sujet d’étude 1 : Les États-Unis et le monde (1917-1989) en classe de terminale.
Ce livre est organisé en 71 chapitres. Ces derniers sont plutôt courts (entre 4 et 8 pages chacun), toutefois ce roman d’adresse à de bons lecteurs car il fait 419 pages (postface incluse).
Quelques idées de chapitres intéressants pour notre discipline :
• Chapitre 3 : fonctionnement d’une plantation à travers la description de la demeure du maître
• Chapitres 19-24 : l’Underground railroad expliqué à travers l’aide de Quakers lors de la fuite du jeune esclave
• Chapitre 50 : rapide présentation de l’histoire des Noirs américains
• Chapitres 53-54 : brève présentation du travail de l’historien à travers la recherche d’archives
• Chapitre 58 : présentation d’Ellis Island avec en parallèle une belle réflexion sur le problème d’identité des descendants d’esclaves
• Chapitre 63 : traite atlantique / enrichissement des armateurs bordelais (un travail de localisation dans l’espace à travers l’histoire du héros Billy permettrait de travailler plusieurs compétences à la fois)
Extraits : « Alors Mandy se dit que Jasper avait raison. Si on ne peut pas changer le passé, on ne peut pas non plus l’ignorer ; il aide à comprendre et à vivre le présent. Il est un socle sur lequel s’appuyer pour bâtir l’avenir. » p. 416