Cinquante planisphères d’une terre en évolution ; à partir de très nombreuses statistiques parfois très spécialisées (consommation des insectes comestibles dans le monde), très ancrés dans les réalités à la fois physiques (impacts de la foudre) ou sociales offrent une vision très globale comme vue de l’espace.

L’auteur Alastair Bonnett est professeur de géographie sociale à l’Université de New-Castle, spécialiste des rapports espaces et sociétés.

L’ouvrage est organisé en trois parties : Terre, air et mer, Mondes humain et animal, Mondialisation. Un classement qui manque toutefois de rigueur. Un ouvrage à ouvrir au hasard ou à explorer à partir du sommaire (pp. 4-5).

Chaque planisphère occupe une double-page pour frapper le lecteur, suivie d’une seconde double-page d’explications qui précisent notamment l’origine des données si elle est absente on peut la retrouver en bibliographie pp. 218-219 et l’idée à retenir.

Terre, air et mer

21 entrées pour cette première partie
On commence par la carte des régions exposées au feu, Incendies destructeurs mais aussi régénérateurs puisque certaines graines ne germent qu’après son passage. Elle est complétée d’un image satellitaire nocturne de la bande tropicale en mars 2010.
Impacts d’astéroïdes de jour comme de nuits.
Les Désastres naturels touchent surtout l’Afrique et l’Asie du Sud, cette carte qui associe : tremblement de terre, cyclones et sécheresses repose sur l’indice de risque mis au point par Jörn Birkmann.
Déforestation et reboisement, une carte à retenir pour les programmes de géographie même si la lisibilité n’est pas parfaite. Deux chiffres clés : les pertes forestières entre 2000 et 2013 : 2 300 000 km2, les gains : 800 000 km2.
La carte du Stress hydrique étonne puisque le sahel y apparaît comme faiblement touché du fait du critère choisi : rapports entre utilisation et approvisionnement en eau douce.
Pangée ultime ou la géoprospective du géologue texan Christopher Scotese et Rebond post-glaciaire abordent la croûte terrestre.
Énergie renouvelable nucléaire et non nucléaire mélange les formes d’énergie non fossiles ce qui nuit à la pertinence de cette carte. Pollution de l’air, l’hémisphère Nord domine ; voilà deux cartes qui semblent mal classées.
Anomalies des températures : un titre peu scientifique pour mettre en évidence le changement climatique.
Trafic aérien, voilà une image parlante à défaut d’être très nouvelle qui aurait toute sa place dans la troisième partie sur la mondialisation. Même remarque pour Monde non déclaré un titre obscur, cette carte traite des espaces non nationaux.
On quitte l’air pour la mer. Continents de plastique évoque les concentrations de déchets dans l’océan du fait des courants. Sur ce sujet signalons un documentaire récent de Vincent Peraziot : Océans, le mystère plastique (CNRS Images & Tara Expéditions / Arte France / VIA Découvertes Production) et disponible en VOD sur[ Arte->https://boutique.arte.tv/detail/oceans_mystere_plastique].
Océans inexplorés, cette carte cherche à montrer l’existence, notamment dans l’hémisphère sud de portions peu connues dans les océans. Océans asséchés explore une baisse virtuelle du niveau marin , hypothèse étrange alors que le réchauffement climatique pourrait s’accompagner d’une montée du niveau général des mers. La connaissance des océans (température de l’eau, vitesse, salinité) est obtenue grâce à des Bouées dérivantes.
Deux planisphères : Impacts de foudre et Câbles sous-marins viennent interrompre la logique du propos , retrouvé avec la Variation du niveau des mers très inégale selon les régions.
Précipitations : cette carte très parlante permet la comparaison des moyennes annuelles des périodes 1979-2000 et 2001-2015. La ceinture équatoriale est la plus touchée avec des zones excédentaires (Amérique , Asie du Sud-Est) et déficitaires en Afrique.

Mondes humain et animal

Le tour d’horizon commence avec les animaux et plus précisément les Amphibiens, les Fourmis, les Oiseaux, les Créatures venimeuses avec en tête de palmarès le Mexique, le Brésil et l’Australie.
On aborde les hommes avec le nombre de Maladies tropicales négligées ni SIDA, ni tuberculose, ni paludisme, cette carte qui inclut des espaces non tropicaux (Patagonie, Afrique du Sud, Chine du Nord) traite de la lèpre, la rage, le trachome, la dengue et quelques maladies parasitaires.
La carte Densité humaine décrit trois zones mais la légende contient une erreur, il est vrai que l’auteur précise qu’elle est l’œuvre d’un cartographe amateur.

Plus intéressante malgré le choix d’un dégradé en noir et blanc l’Empreinte écologique.
La carte Indice de paix dont la légende reste peu précise se base sur les travaux de l’IEP (Institute of economics and Peace) mêle conflits nationaux ou internationaux, taux de criminalité, terrorisme, manifestations violentes, scène politique instable incitant à l’exil, éléments aux quels il faut ajouter dépenses militaires/PIB et effectif des forces armées.

Après la très classique, aujourd’hui, image nocturne de la terre Black Marble, l’atlas aborde la Diversité linguistique qui met en évidence la grande richesse de l’Afrique et de l’Asie : 750 langues en Papouasie-Nouvelle-Guinée.
Suivent Fécondité humaine, Diversité religieuse avec un intéressant croquis des religions à Singapour, Obésité avec deux pays marqués par ce fléau (États-Unis et Arabie-Saoudite).
Enfin la carte du Bonheur est une auto-évaluation déjà citée dans le rapport mondial sur le bonheur de 2015 impose, par le choix des couleurs, une attention soutenue pour ne pas faire d’erreur d’interprétation ; ce pourrait être un bon exercice à proposer aux élèves.

Mondialisation

Cette troisième partie ouvre sur une représentation des Relations Twitter (en réalité retweets), considérées comme le baromètre de l’opinion mondiale.Le modèle culturel nord-américain est privilégié puisque la carte suivante concerne les Franchises de fast-foods américains (nombre de restaurants pour 1 million d’habitants), on notera que Mac Do (119 pays) est dépassé par KFC (123 pays).
Autre outil de la mondialisation les Voies maritimes met en lumière le phénomène du transport par conteneurs et les passages clés : Suez, le Cap de Bonne espérance, les détroits de Malacca et Ormuz. Une autre projection centrée pacifique aurait permis de montrer l’intense trafic Chine-USA.

Avec Flux d’énergie, ce qui saute aux yeux en matière d’oléoducs, gazoducs ou lignes électriques c’est le déficit d’équipement de l’Afrique ou l’Asie du Sud-Est mais aussi le cœur de l’Australie.

Pour la carte des Migrations, l’auteur a choisi le critère : % de la population née hors du pays en 2015 qui met en valeur les pays peu peuplés et riches, donc attractifs (Canada, Émirat) mais aussi le Kazakhstan, riche en pétrole. Cette carte ne dit rien des réfugiés. Les États-Unis, terre d’accueil ? Sans doute puisque 1/5 migrants y vit et venant de toute la planète mais avec de très fortes variations : <1000 venus du Groenland ou de Mongolie quand >1 M sont nés au Mexique, en Chine ou en Inde, à Cuba ou au Vietnam. Loin des villes, la carte montre la distance-temps (par terre ou mer) pour un groupe de 50 000 personnes entre le domicile et la ville (8518 villes retenues mais dont on ignore le nombre d’habitants. Pour l’auteur cette carte montre la diffusion de l’accès à la ville.
Les Langues menacées, essentiellement en zone intertropicale, sont au nombre de 577 selon l’UNESCO pour qui la moitié de ces langues aura disparu dans les 100 prochaines années, parmi les plus menacées on peut citer le mabire au Tchad dont il reste 3 locuteurs. A noter l’Atlas interactif de l’Unesco

Le Commerce mondial des fruits à coque est dominé par l’amande et donc les Etats-Unis, viennent ensuite la noisette turque ou la pistache. Le plus intéressant : les flux de noix de cajou en coque d’Afrique vers l’Inde et le Vietnam même si la flèche peu précise pointe plutôt vers la Thaïlande puis les noix traitées sont réexportées vers l’Europe ou l’Amérique du Nord.
Le Prix de l’essence montre de fortes disparités avec des zones frontalières de contrebande.
Plus exotique et presque à la mode la carte suivante est consacrée aux Insectes comestibles entre tradition et répulsion, elle aurait légitimement trouvée sa place dans la deuxième partie. On peut faire la même remarque pour les Armes à feu à rapprocher de la carte des Indices de paix (p. 124), les données sont un peu anciennes (2007) et le commentaire en reconnaît les limites avec l’exemple de l’Allemagne.
Problèmes de drogue, encore une carte mal située puisqu’il ne s’agit de données plus démographiques demandes de désintoxication que de fait à mettre au compte de la mondialisation.
La remarque vaut aussi pour la dernière carte Consommation de sucre qui aurait pu être associée à l’Obésité (p. 144).

L’atlas se termine sur un rapide rappel des systèmes de projection : Robinson, Eckert IV, Gall et dite « plate carrée », utile puis qu’au cours de cet ouvrage ces quatre projections sont utilisées.
La bibliographie indique la source utilisée pour chaque planisphère.